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LIVRE DEUXIÈME.

Marche des armées coalisées sur Francfort et vers la Hollande. Le désir de la paix se manifeste dans toute l'Europe. Entrevue du baron de SaintAignan avec les ministres des puissances coalisées. Communications confidentielles pour les bases d'une pacification générale. Séance extraordinaire du conseil d'Etat, présidée le 11 novembre par Napoléon. Décrets qui doublent la contribution et lèvent trois cent mille hommes. Les alliés publient à Francfort la célèbre déclaration du 1er décembre.La Hollande se soulève. Evacuation de Breda et de Villemstadt. Grand conseil de guerre tenu à Francfort. L'invasion de la France est décidée. Etat politique de la France.

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session du Corps - Législatif.

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Ouverture de la Formation d'une

commission extraordinaire. Entrée des alliés en

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Premières hostilités.

vestissement de Béfort et d'Huningue.

In

Entrée

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des Autrichiens à Genève. Rapport de la commission extraordinaire sur les ouvertures de paix. Ajournement du Corps-Législatif. Discours de Napoléon aux députés. Envoi de commissaires extraordinaires dans les provinces. Napoléon appelle les Français à la défense de la patrie.

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Des bords du Mein jusqu'à la Baltique,; tout le nord de l'Allemagne étoit inondé de

troupes russes, prussiennes, autrichiennes, bavaroises et suédoises, victorieuses à Léipsic. Les corps français qui défendoient encore les places de la Vistule et de l'Oder, ceux qui couvroient Dresde, Magdebourg et Hambourg, livrés à eux-mêmes, ne pouvoient déjà plus se réunir ni opérer leur retraite. Dès la fin d'octobre, le Hanovre et la Hesse étoient reconquis. Le général russe Winzingerode poussoit déjà ses détachemens'sur les routes de Wesel et de Dusseldorf; il étoit à une marche de Brême, et alloit s'étendre sur le pays d'Oldembourg et sur les frontières de la Hollande, où il envoya le colonel Narishkin. Le général prussien de Bulow, dont le corps faisoit partie de l'armée du nord de l'Allemagne, venoit d'arriver à Minden; son infanterie se dirigeoit sur Munster, tandis que sa cavalerie joignoit celle du général Czernicheff sur le Rhin . Le général russe Voronzof marchoit sur Lunebourg, et une division de l'armée suédoise occupoit Brunswick. Le 6 novembre, le prince royal de Suède transféra son quartier-général dans la ville de Hanovre; la régence de l'électorat y fut aussitôt rétablie. Enfin, la grande armée alliée, qui s'étoit dirigée de la Saxe vers la Franconie, vint occuper les environs de

Francfort, où, le 5 novembre, les monarques coalisés portèrent leur quartier-général. Partout ces mêmes légions françaises, qui avoient conquis les deux tiers de l'Europe, cherchoient leur sûreté derrière le Rhin, derrière ce fleuve barrière insurmontable, si le dominateur n'eût voulu étendre au-delà son système d'asservissement.

Les Russes ne s'y seroient pas présentés si Napoléon n'eût été les provoquer jusqu'à Moscou. On n'y auroit pas vu l'armée prussienne, si, malgré la foi jurée, Napoléon n'eût retenu les forteresses de la monarchie de Frédéric ? L'armée autrichienne y parut également pour recouvrer la suprématie de l'Allemagne, et parce qu'elle avoit des outrages à venger; enfin, on y vit les Suédois, parce qu'au sein même de la paix, et en violation du traité le plus solennel, Napoléon les avoit surpris à Stralsund, et insultés à Stockholm.

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Tous les princes d'Allemagne, autrefois ses alliés, ou plutôt ses vassaux, s'empressoient de rompre les liens de leur servitude; ceux même dont les Etats devoient leur agrandissement à son pouvoir y renonçoient, ainsi qu'à sa funeste protection. Ils accouroient à Francfort pour offrir aux souverains alliés

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leur coopération et leurs troupes (1). L'arrivée des réserves russes et prussiennes éleva bientôt la grande armée à cent mille hommes, tandis que l'armée du nord de l'Allemagne, au nombre de quatre-vingt mille combattans, se dirigeoit vers la Belgique et la Hollande, et que l'armée de Silésie, forte de cinquante mille hommes, se portoit aussi entre le Mein et le Necker pour se mettre en communication avec la grande armée.

Ainsi, une seule journée avoit suffi pour commencer la démolition d'un édifice politique élevé par cent victoires, mais sans le concours des peuples; édifice monstrueux connu sous le nom d'Empire français, formé sur les ruines d'Etats jadis indépendans et heureux, agrandi par des provinces arrachées à d'antiques monarchies, soutenu au prix du sang et de la fortune d'une génération entière. C'étoit la désunion des rois qui avoit livré à Napoléon le continent européen, et c'étoit l'union des rois et des peuples qui alloit conquérir l'indépendance de l'Europe. Le sentiment de l'honneur national avoit sauvé la Russie, l'Espagne et l'Allemagne : par un ac

(1) Voyez Pièces justificatives, No. Ier.

cord admirable, la jalousie des cabinets s'étoit convertie en amour du bien général; mais on ne pouvoit reconstruire l'édifice social qu'en forçant Napoléon à fléchir à son tour sous l'empire de la nécessité. Or, la paix seule pouvoit garantir la France d'une guerre d'invasion ;mais la France ignoroit encore que trois cent mille de ses soldats gisoient sur le sol de l'Allemagne. Les mensonges officiels, les palliatifs de l'imposture circuloient rapidement à travers ses provinces, et la vérité n'y pénétroit que par des voies obliques. La masse entière de la nation étoit aveuglée sur ses propres dangers. Les alliés, au contraire, loin d'être éblouis des succès dont la fortune venoit de favoriser leurs armes, désiroient ardemment la paix; tous les peuples soupiroient après cette faveur du ciel : Napoléon seul s'opposoit au bonheur du monde.

Cependant, un de ses ministres en Allemagne, le baron de Saint-Aignan, traité d'abord, par méprise, comme prisonnier de guerre à Veymar, réclama, et fut reçu avec les égards dus à son caractère, par le prince de Metternich, ministre d'Autriche. Dans une première conversation, le prince, applaudissant à la révolution qui s'opéroit en Alle

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