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fanterie qui s'avancent dans un ordre régulier.

L'exemple du maréchal Blucher, qui se montre partout, et dans les endroits les plus exposés; du général Kleist, du général Guiesneau, qui dirige lui-même le mouvement sur la chaussée; l'exemple plus remarquable encore du prince Auguste de Prusse, toujours à la tête de sa brigade, contribuent puissamment à exciter le courage des soldats, et à leur inspirer une résolution qui frappa les Français eux-mêmes d'admiration et d'éton

nement.

Le maréchal Blucher et sa suite n'avoient évité la chaussée qu'en passant à la droite vers un bois. Le général Kleist et le prince auguste de Prusse animoient l'infanterie : on étoit à cinq cents toises de Champeaubert quand elle se vit entièrement cernée par la cavalerie française. Le prince Auguste tire aussitôt son sabre et s'écrie : « Mieux vaut » mourir qu'être pris! » Son escorte suit son exemple, met le sabre à la main, et veut attaquer le bois « Ce seroit en vain, Monsei» gneur, dit alors le général Guiesneau au

prince; l'ennemi est aussi derrière le bois, » et il ne reste plus qu'à prendre l'infanterie » pour soutien. » A l'instant même, un batail

lon russe fait front, et parvient, par plusieurs décharges, à éloigner la cavalerie assaillante. Forcée de quitter la chaussée par le feu répété à mitraille qui se joint à celui de la mousqueterie, elle laisse le passage ouvert des deux côtés, bornant ses attaques ultérieures aux derrièrés et aux flancs de l'armée en retraite.

Les colonnes furent continuellement harcelées. Mais pendant toute cette marche, il n'y eut pas un seul bataillon enfoncé, ou qui perdit son ordre de bataille. L'armée prussienne touchoit à la forêt d'Etoges, lorsqu'une vingtaine de cuirassiers français se glissèrent par les bois, et entourèrent l'escorte du feldmaréchal; mais ces hommes étoient dans un tel état d'ivressé, que, ne pouvant pas même tirer leurs sabres, la plupart furent aisément tués ou pris au milieu de l'état-major prussien. S'ils eussent conservé le sangfroid de leur courage, il n'est pas douteux qu'ils eussent pu s'emparer d'une partie de l'artillerie.

A la nuit tombante, les attaques d'infanterie succédèrent à celles de la cavalerie. Plusieurs régimens français avoient dépassé l'armée prussienne par les traverses et s'étoient émbusqués à la hauteur d'Etoges. Au

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moment où l'armée entroit dans ce village, elle fut assaillie par plusieurs décharges de mousqueterie à demi-portée. Les généraux Kleist et Kapsiewitz percèrent cependant de nouveau, avec leurs corps respectifs, à travers les obstacles qui leur étoient opposés; ils traversèrent le village de vive force, mais non sans essuyer une perte considérable. L'arrière-garde étoit faite par la division russe; elle fut attaquée, abordée à la baïonnette, et rompue par le premier régiment de marine du maréchal duc de Raguse. On lui fit un millier de prisonniers, parmi lesquels se trouvoit le général Ourousoff et plusieurs colonels. Mais, à force de courage et de constance, lę feld-maréchal parvient à ramener le gros de son armée à la position de Bergères ; il y fait bivouaquer ses troupes, qui avoient perdu en tués, blessés et prisonniers plus de quatre mille hommes, et neuf pièces de canon. Blucher venoit de combattre, il est vrai, contre des forces doubles, et une cavalerie plus que triple de la sienne; près de huit mille chevaux avoient donné, et la plupart' étoient l'élite de la garde impériale. Mais l'artillerie russe et prussienne, plus nombreuse, s'étoit montrée supé- · rieure à celle des Français, dont les trains,

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d'ailleurs, ne purent suivre les colonnes à cause de la difficulté des routes. La cavalerie de Napoléon perdit environ mille chevaux et presque autant de cavaliers, tués ou blessés. Le général Lyon, de la garde, fut du nombre de ces derniers. Le prince de Wagram, le maréchal du palais comte Bertrand, le duc de Dantzick et le prince de la Moskwa, s'étoient montrés constamment à la tête des colonnes. L'ardeur des soldats fut souvent excitée par la présence même de Napoléon; il frémit néanmoins de voir cette portion de l'armée de Silésie lui échapper (1).

Mais satisfait de l'heureux effet que les succès inattendus de ses rapides manœuvres produisoit déjà sur l'esprit de l'armée; frappé surtout du parti qu'il pourroit en tirer pour ramener à lui l'opinion de la capitale; appelé, d'ailleurs, sur les rives de la Seine, où d'autres ennemis se présentoient en forces, et menaçoient encore sa capitale, il ne dépassa point le village d'Etoges, laissant le maréchal Blucher accomplir sa glorieuse retraite vers Châlons. Cette position militaire présentoit au général ennemi l'avantage de pouvoir y

(1) Voyez Pièces justificatives, No, XXXI.

former la jonction des différens corps de son armée; il avoit reçu l'avis, pendant la bataille, que les généraux York et Sacken étoient arrivés en sûreté à Reims, et que de nombreux renforts, venant du Nord et de l'Est, n'étoient plus qu'à deux ou trois marches. Les corps de son armée pouvant être facilement réunis, réparés et renforcés, il se voyoit à la veille d'être en état de manoeuvrer de nouveau contre son redoutable adversaire avec la confiance que donnent le nombre et l'union.

FIN DU LIVRE SEPTIÈME.

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