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feld-maréchal Blucher en personne. Instruit du désastre de Champeaubert par les fuyards, il se portoit dans cette direction; mais il n'avoit pu rallier sous ses ordres, à Bergères, du 10 au 12 février, que le corps prussien du général Kleist et la division russe du corps de Langeron, commandée par le général Kapsiewitz, formant en totalité dixhuit mille combattans sous les armes. Le 13, il avoit marché contre le maréchal duc de Raguse, qui occupoit la position d'Etoges. N'étant point en forces, le duc de Raguse se mit en retraite, en s'appuyant sur Montmirail. Ce fut à Etoges que le feld-maréchal apprit la marche victorieuse de Buonaparte avec sa garde sur Château-Thierry. Se dirigeant aussitôt sur Champeaubert, il y bivouaqua la nuit du 13 au 14, et poursuivit le lendemain le duc de Raguse jusqu'au village de Vauchamp. Ce mouvement ramène Napoléon en toute hâte; il part de Château-Thierry le 14, à trois heures du matin, et fait, pendant la nuit, une marche forcée pour se réunir au corps d'armée du maréchal duc de Raguse, et pour livrer bataille, avec le gros de ses forces, au maréchal Blucher, dans l'espoir d'anéantir les restes de l'armée de Silésie. A huit heures,

sa cavalerie d'avant-garde paroît à la hauteur du village de Vauchamp, se jette avec précipitation sur six pièces de canon que les Prussiens avoient portées en avant, et s'en empare. La cavalerie prussienne, sous le général Ziethen, et le colonel Blucher, fils du feld-maréchal, charge aussitôt la cavalerie française, et Blucher apprend bientôt, par son fils, que Napoléon vient d'arriver en personne sur le terrain, avec toute sa garde et toute sa cavalerie.

Pendant ce temps l'infanterie prussienne s'avançoit, en colonnes de bataillons, sur les deux côtés de la chaussée qui traverse le village de Janvilliers en arrière de Vauchamp. La cavalerie française, dont le nombre augmentoit à vue d'œil, parut subitement en grande masse; elle enfonça, sous les ordres du général Grouchy, la cavalerie prussienne d'avant-garde; se partagea ensuite, et attaqua avec fureur les colonnes d'infanterie rangées dans la plaine. Les Prussiens se forment immédiatement en carrés, restent fermes sur le terrain, et ouvrent un feu vif sur leur front, leurs flancs et leurs derrières. Dans un large champ, sur la droite de Janvilliers, six carrés sont attaqués au même moment; tous réussissent à repousser les

charges réitérées de la cavalerie française, tandis que les cavaliers russes et prussiens, se retirant par les intervalles, se reforment sur les derrières, et s'avancent de nouveau pour charger la cavalerie de Napoléon, après qu'elle a été obligée de se retirer devant le feu meurtrier des carrés. Cependant le nombre des régimens français augmentoit toujours, et l'on voyoit de gros corps de cavalerie qui menaçoient les flancs de l'armée prussienne. Toute la cavalerie de la garde de Napoléon venoit d'arriver au grand trot : deux bataillons de l'avant-garde prussienne, entrés dans le village de Janvilliers, n'eurent pas même le temps de se former; ils furent enfoncés et pris, tandis que la cavalerie du général Grouchy tournoit, entouroit et sabroit trois autres bataillons, et acculoit le reste dans les bois.

Assaillis de tous côtés par des forces supérieures, le feld-maréchal Blucher n'ayant que trois régimens de cavalerie, résolut de retirer ses forces d'une position peu favorable à une lutte, si inégale. L'infanterie eut ordre de marcher, en colonnes et en carrés, vers Etoges et Châlons, avec de l'artillerie dans les intervalles; 'elle étoit couverte, sur ses flancs et sur ses derrières, par de la cavalerie et des tirailleurs.

Sans haies et sans culture, et généralement ouvert, le pays sur lequel étoit la ligne de retraite présentoit seulement çà et là de petits bouquets de bois qui permettoient à la cavalerie française de cacher ses mouvemens. L'infanterie prussienne évitoit de s'y engager, dans la crainte de rompre ses rangs. Sur un espace de quatre lieues, depuis Janvilliers jusqu'au-delà de Champeaubert, ce fut un combat continuel en retraite, pendant lequel la cavalerie française renouvella ses attaques avec autant de hardiesse que de bravoure.

Il n'y eut pas une seule colonne ou carré d'infanterie qui ne fût chargé ou exposé au feu des Français, tandis que les Prussiens et les Russes faisoient, de leur côté, un feu continuel sans interrompre l'ordre de leur marche. Il arrivoit souvent que la cavalerie française se trouvoit entremêlée avec les carrés, et presque toujours forcée de se retirer avec perte. De fortes colonnes d'infanterie la suivoient, dans l'espoir d'atteindre l'ennemi et de l'anéantir.

A deux heures, l'armée de Napoléon avoit dépassé le village de Fromentière, sans que les Prussiens eussent encore été entamés, autrement que dans leur avant-garde. Mais Napoléon vouloit la destruction complète de l'ar

méede Blucher, etil ordonna au général Grouchy de se porter sur Champeaubert, àune lieue sur les derrières des alliés; en même temps plusieurs corps d'infanterie reçurent l'ordre de passer par des chemins de traverse, et de déborder les deux flancs de l'ennemi dans sa marche.. Par cette double manoeuvre, Napoléon avoit évidemment en vue de couper à Blucher sa retraite sur Etoges et Châlons. En effet, au coucher du soleil, Blucher aperçoit de gros corps de cavalerie française qui, après avoir tourné autour des flancs de son armée, s'étoient jetés sur la ligne de sa retraite, à mi-chemin de Champeaubert à Etoges, et là s'étoient formés en masses solides, sur les deux côtés de la chaussée, dans l'intention de lui barrer le passage. Le feld-maréchal se voit entouré de tous côtés; mais sa décision est aussi prompte que son coup d'œil ; il ordonne de continuer la marche, et de se frayer 'un chemin de vive force en franchissant tout les obstacles.

Les colonnes et les carrés, assaillis de tous côtés, continuent leur retraite d'une manière imposante. L'artillerie ouvre un feu vif sur la cavalerie; à ce feu succèdent les décharges répétées de la mousqueterie des colonnes d'in

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