Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'obscurité, parviennent à se soustraire à la poursuite de la cavalerie française. Ainsi toute l'arrière-garde russe est détruite, dispersée ou prisonnière; le corps du général Sacken se trouve pris à dos, compromis, et cet avantage signalé n'a coûté aux vainqueurs que trois ou quatre cents hommes tués ou blessés, parmi lesquels figure le comte Lagrange, général de division, atteint légèrement à la tête (1).

Mais Napoléon vouloit de plus grands résultats, la défaite entière du corps de Sacken. A huit heures du soir, le général Nansouty, débouchant sur la chaussée, se porte sur Montmirail avec les divisions de cavalerie de la garde, des généraux Colbert et Laferrière; il s'empare de la ville et d'une centaine de cosaques qui l'occupoient. A cinq heures du matin la division de cavalerie du général Guyot s'avance également sur Montmirail; mais les différentes divisions d'infanterie sont retardées dans leurs mouvemens, à cause de l'état affreux des chemins de Sézanne à Champeaubert. Jamais les trains d'artillerie n'eussent pu suivre les colonnes, sans la constance des canonniers, et sans les secours fournis par les habitans.

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XXIX.

Cependant le général Sacken, instruit du désastre de son arrière-garde, venoit de quitter la Ferté-sous-Jouarre, et avoit marché toute la nuit vers Montmirail, après avoir expédié plusieurs ordonnances au général York, qui, par son avis, marcha, mais plus tard, des environs de Meaux dans la même direction. Ainsi tout présageoit une bataille dont l'issue seroit d'une haute importance.

Craignant toutefois qu'au moment où l'armée française seroit aux prises avec le corps de Sacken, d'autres troupes ennemies ne vinssent déboucher par la route de Châlons, Buonaparte dirigea le corps du maréchal duc de Raguse à Etoges, afin de couvrir l'armée sur sa droite.

A onze heures du matin, le 11 février, le corps du général Sacken, renforcé par trois brigades de celui du général York, parut en avant de Montmirail, où Napoléon venoit d'arriver avec la division Ricard et la vieille garde. L'armée russe n'étoit que de dix-huit à vingt mille hommes; mais ne pouvant plus éviter la bataille, le général Sacken appuya son centre à la ferme de l'Epine-au-Bois, sur la route de Montmirail à la Ferté-sous-Jouarre; sa gauche au village de Fontenelle, sur la

route de Montmirail à Château-Thierry, et sa droite à la rivière du Petit-Morin, en arrière du village de Marchais. Napoléon, soupçonnant que les Russes vouloient déboucher par ce village, y plaça la division Ricard, sous les ordres immédiats du prince de la Moskwa. A peine les troupes françaises y furent-elles établies, que le général Sacken le fit attaquer. Le village de Marchais fut pris et repris trois fois. Les Russes montrèrent, pour s'en emparer, autant d'acharnement que les Français déployèrent de constance et de bravoure pour le défendre. L'action duroit depuis plus de cinq heures, et les deux armées se trouvoient encore chacune dans leur première position; mais Buonaparte vouloit attendre l'arrivée de sa garde, qui, le matin, avoit quitté Sézanne ; ainsi une grande partie de la journée se passa en canonnade, excepté au village de Marchais, où le feu de la mousqueterie fut constamment vif. La nuit approchoit. Napoléon, recevant enfin ses renforts, se décide à commencer une attaque sérieuse, sans attendre le reste de l'armée. Il ordonne au général Ricard de céder le terrein du côté de Marchais, pour engager l'ennemi à renforcer sur ce point ses attaques, et à dégarnir ainsi son centre; il donne en

même-temps l'ordre au général Nansouty de se porter avec sa cavalerie sur la droite, tandis que seize bataillons de la vieille garde, sous le commandement du général Friant, se forment en une seule colonne le long de la route, pour attaquer le centre de l'ennemi, chaque bataillon éloigné de cent pas. Les trains d'artillerie arrivent également; et bientôt paroît aussi le duc de Trévise avec seize bataillons

de la garde. Cette troupe d'élite débouche par Montmirail. De l'attaque du centre, ou de l'Epine-aux-Bois, alloit dépendre le succès de la journée; c'étoit la clé de la position des Russes. Quarante pièces de canon en défendoicnt les approches; on avoit garni les haies d'un triple rang de tirailleurs, et en arrière étoient disposés des bataillons d'infanterie pour les soutenir. Napoléon donne le signal. Le général Friant s'élance aussitôt vers l'Epineau-Bois avec plusieurs bataillons de la garde; le duc de Trévise se porte avec six autres bataillons sur la droite de l'attaque du général Friant; et avec le gros de la cavalerie française, le général Nansouty s'étend sur la droite de l'ennemi, ce qui donne au général Sacken l'inquiétude de voir sa retraite coupée. Resté maître du village de Marchais, il eroit pou

voir dégarnir son centre pour renforcer sa droite; la vicille garde profite de ce faux mouvement, s'élance sur la ferme de la HauteEpine, et aborde les Russes au pas de course. Le prince de la Moskwa marchoit le premier. A l'aspect d'une troupe si formidable, les tirailleurs russes se retirent épouvantés sur les masses, qui sont attaquées aussitôt. La mêlée devient sanglante; l'artillerie ne peut plus jouer, la fusillade est effroyable, et le succès est quelque temps balancé ; peut-être même eût-il été douteux, si les lanciers, les dragons et les grenadiers à cheval de la garde, filant sur la grande route, au trot, et aux cris de vive l'Empereur! n'eussent passé aussitôt à la droite de la Haute-Epine, et ne se fussent jetés sur les derrières des masses de l'infanterie russe. Assaillis vivement à l'improviste, et tournés, les Russes sont bientôt rompus et mis en désordre. L'infanterie, profitant du mouvement de la cavalerie, se précipite sur l'ennemi déjà ébranlé, et qui, dès lors, n'ayant plus de salut que dans la fuite, abandonne sa position, ses canons et ses bagages. De son côté, le duc de Trévise, soutenant l'attaque, arrivoit au bois, enlevoit le village de Fontenelle, et prenoit six pièces de canon en

« ZurückWeiter »