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>> corps doivent spécialement prendre des me>>sures pour les faire cesser. »

Comme si le premier auteur de ces désordres n'eût pas été celui qui n'assuroit ni la solde, ni la subsistance de ses troupes, celui qui jadis dans ses invasions dévastatrices, voulant s'attacher les soldats, et leur faire supporter toutes les fatigues, leur avoit fait goûter les douceurs de la licence et de l'indiscipline! C'étoit lui maintenant qui, par une juste compensation, recueilloit les fruits amers de son odieuse politique.

En arrivant à Nogent-sur-Seine, Napoléon reçut du maréchal duc de Tarente plusieurs courriers, annonçant que les Russes et les Prussiens s'avançoient en forces, menaçoient Château-Thierry, la Ferté-sous-Jouarre et Meaux; qu'ils alloient être les maîtres de tout le cours de la Marne, et que Paris même seroit compromis si l'on ne se hâtoit de réunir sur cette ligne d'opérations des forces imposantes. Le feld - maréchal Blucher, d'après son nouveau plan, manœuvroit en effet dans cette direction. Après plusieurs combats, entre Epernay et Château-Thierry, soutenus contre le corps prussien du général York, le

maréchal duc de Tarente évacua, le 8 février, le faubourg de Château - Thierry, sur la rive gauche de la Marne, et, afin d'assurer sa retraite, il fit sauter une arche du pont de pierre qui sépare la ville du faubourg: les Prussiens l'occupèrent à l'instant. Le 9, dès la pointe du jour, les tirailleurs des deux armées se fusillèrent avec acharnement des deux bords opposés de la rivière. Mais voyant que les troupes françaises se retiroient en bon ordre sur la Ferté-sous-Jouarre, en disputant le terrain pied à pied dans toutes les positions susceptibles de défense, le général York fit jeter un pont de bateaux sur la Marne. ChâteauThierry fut plongé dans la douleur quand il se vit abandonné, et le son de la première trompette prussienne qui s'y fit entendre fut déchirant. Quelques bataillons prussiens entrèrent dans la ville, et des brigades russes parurent bientôt, soutenues par de l'artillerie et de la cavalerie. Les alliés se répandirent aussitôt dans toutes les directions, annonçant qu'ils se rendoient à Paris, où ils feroient leur entrée triomphante le dimanche suivant; que Napoléon étoit du côté de Troyes, forcé de tenir tête à la grande armée alliée, et que la route de Meaux n'étoit défendue que par le

corps du duc de Tarente, hors d'état d'opposer la moindre résistance. « Nous ne sommes, » ajoutoient-ils, que l'avant-garde de la puis» sante armée commandée par le vaillant, » l'invincible feld-maréchal Blucher. » Ces troupes, en effet, brûloient d'impatience d'arriver les premières à Paris, et tenoient surtout à l'honneur de prendre possession de cette capitale avant les Autrichiens. Paris étoit le mot de ralliement de ces hommes du Nord; quelques-uns même avoient écrit le mot Paris sur leurs chapeaux, et les cosaques poussoient continuellement ce cri avec une sorte de joie féroce. Le pont de bateaux étant enfin rétabli sur la Marne, le général York quitta ChâteauThierry pour continuer sa marche sur Meaux et sur la capitale, ne laissant dans la ville qu'une simple garnison. En même temps le feld-maréchal Blucher portoit son quartiergénéral de Vertus à Etoges, sur la route de Châlons à Paris, précédé par le corps russe du général Sacken, qui poussoit ses avantgardes à Dormans et à La Ferté-sous-Jouarre, s'emparant ainsi de tout le pays, depuis Fromentière et Montmirail jusqu'à la Marne, et n'étant plus qu'à trois marches de Paris, audelà même du rayon sur lequel manœuvroit

l'armée française. Ainsi l'armée de Silésie menaçoit vivement la capitale. Le maréchal duc de Tarente, après avoir fait sauter les ponts de La Ferté et de Tréport, s'étoit retiré à Meaux, et là sa foible armée ne pouvoit arrêter l'ennemi. Sur l'autre rayon, des détachemens de la grande armée du prince Schwartzenberg touchoient aux portes de Sens, et leurs troupes légères poussoient jusqu'à Melun, à dix lieues de Paris. De sa position de Nogent, Napoléon observoit ces divers mouvemens offensifs, et sembloit n'avoir aucun moyen suffisant pour les arrêter. Il étoit débordé sur ses deux flancs; il voyoit l'ennemi aux portes de sa capitale, et les plus belles provinces de son empire exposées à toutes les calamités, à tous les ravages d'une guerre d'invasion. L'opinion se soulevoit contre lui, et les restes de son empire sembloient tomber en dissolution. La régente, les ministres, les conseillers, faisoient leurs préparatifs pour l'abandon de la capitale ; les trésors, les caisses, les objets d'art les plus précieux, les archives des affaires étrangères étoient emballées; le feu avoit même déjà d évoré une grande partie de cette masse énorme de délations secrètes qui encombroient les bu

reaux de la police. Paris, résigné, alløit ouvrir ses portes. Il n'y avoit aucun esprit juste et éclairé, dans l'armée comme dans les fonctions publiques, dans les administrations comme dans l'universalité des citoyens, qui ne s'attendît à un prochain dénoûment; chacun désiroit et hâtoit de ses vœux la catastrophe qui devoit mettre un terme à cette douloureuse agonie.

Mais Napoléon n'avoit pas encore épuisé toutes les chances de la guerre; et il parvint, par une de ces déterminations fougueuses, inespérées, à se garantir un instant de l'abîme entr'ouvert sous ses pas.

Frappé d'un de ses rayons lumineux qui, dans les beaux jours de sa gloire, avoient éclairé son génie militaire, il résolut, par une marche rapide et hardie, de tomber sur le flanc et sur les derrières de l'armée du feldmaréchal Blucher, et de la forcer de s'arrêter. Il calcule qu'en se frayant un passage par Villenoxe et Sézanne, il arrivera en deux marches sur la route de Châlons à Paris, et qu'après avoir coupé à l'armée de Silésie ses grandes communications, il pourra l'attaquer en flanc et en queue.

Mais l'exécution de ce projet, favorisé il est

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