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dernière position. Ainsi les deux armées passent deux jours en présence.

Le général York cependant avoit attaqué et repris Saint-Dizier, et le général comte Wittgenstein, soutenu par le général Wrede, avoit repoussé le 29, près de Vassy, le corps du maréchal duc de Raguse, dont l'arrière-garde venoit d'éprouver quelques pertes dans sa marche sur Montierender, pour opérer sa jonction avec l'armée de l'empereur.

En même temps la grande armée alliée s'étoit approchée de l'Aube; le corps du prince royal de Wurtemberg étoit en marche de Maisons, et pouvoit arriver à Trannes le 1er février. Le comte Giulay se portoit pour le soutenir entre Besancourt et Arçonval. Le général commandant comte Barclay de Tolly avoit réuni les gardes russes et prussiennes pour former des reserves dans une position resserrée entre Colombay et Bar-sur-Aube d'où il pouvoit sontenir chaque point menacé. Le généralissime prince Schwartzenberg annonça ces dispositions au feld-maréchal Blucher, en le chargeant d'attaquer l'armée française avec ces forces réunies, pendant que le général comte de Wrede feroit son mouvement offensif de Doulevant sur Brienne.

L'intention de Napoléon ne pouvoit être d'accepter une bataille générale dans ces plaines immenses, où l'infériorité de ses forces, surtout en cavalerie, devoit lui faire craindre un désavantage réel. D'un autre côté, son armée, ayant l'Aubé derrière elle, ne pouvoit se retirer sur Troyes ou sur Arcis que par le pont de Lesmont au-dessous de Brienne, et ce pont, qu'on avoit brûlé pour arrêter l'ennemi, ne pouvoit être rétabli que dans la journée du 1er février.

Une partie de l'armée française filoit déjà vers Lesmont, quand vers midi parurent les têtes de colonnes des alliés débouchant sur les villages de la Rothière et de Dienville, où le gros de l'armée étoit encore en position.

Napoléon se vit alors réduit à la nécessité de combattre non-seulement pour assurer sa retraite, mais pour le salut de l'armée. L'étendue de la ligne ennemie le força de prolonger la sienne pour ne pas être débordé. Toutes ses troupes disposées sur deux lignes de bataille. furent rangées sur la pente d'une chaîne, de collines, la droite appuyée sur Dienville et sur l'Aube, le centre à la Rothière et la gauche au hameau de la Gibrie. La Rothière étoit défendue par de fortes colonnes. Des détache

mens considérables occupoient Petit-Mesnil Chaumenil et Morvilliers couvrant les derrières de la position et appuyant l'aile gauche et ses hauteurs boisées. Là, commandoit le maréchal duc de Bellune. A Morvillers, vers Chaumenil, position importante qui couvroit le flanc gauche, avoit pris position le sixième corps, sous le commandement immédiat du maréchal duc de Raguse. Le général Duhesme défendoit la Rothière, et le général Gérard devoit préserver les deux rives de l'Aube, en occupant Dienville. On rangea l'infanterie en fortes masses sur les flancs des villages et dans les villages mêmes, qui furent bordés d'artillerie,

Pendant ces dispositions défensives, les trois colonnes d'attaque des alliés, formées par le feld-maréchal Blucher, se dirigeoient dans l'ordre suivant: le corps du général Sacken descendoit des hauteurs de Trannes dans la plaine de la Rothière, et se portoit sur le centre des Français, en deux fortes divisions, l'une sur Brienne par la route de Dienville, l'autre sur la Rothière même : le corps autrichien du général comte Giulay, et le corps russe du général Alsufieff formoient sa réserve. Le prince royal de Wurtemberg, avec l'aile droite, manoeuvroit d'Eclance sur Chaumenil et Gibrie,

pour attaquer la gauche des Français, ouvrant par sa marche combinée la communication avec le général comte de Wrede qui manœuvrait aussi sur Chaumenil par Doulevant. Le général Barclay de Tolly occupa les hauteurs et les défilés de Trannes.

Il étoit une heure après midi, et la cavalerie des deux armées rangées en bataille entre les deux lignes, se mettoit partout en mouvement dans la plaine. Des escarmouches et une vive canonnade étoient le prélude de l'attaque générale. Bientôt l'attention est détournée par un feu violent d'artillerie et de mousqueterie, parti de l'aile gauche de l'armée française ; c'étoit le prince royal de Wurtemberg qui, se frayant un chemin à travers la forêt d'Eclance, ouvroit la bataille en attaquant la hauteur boisée de la Gibrie, défendue par plusieurs régimens. Malgré leur résistance opiniâtre, il s'empare des hauteurs et du hameau. Napoléon, craignant alors d'être débordé, fait manœuvrer un corps sur sa gauche, et la Gibrie est repris à la baïonnette par des brigades françaises qui déploient la plus rare valeur. Le prince royal, recevant à son tour des renforts, attaque derechef le bois et le hameau; il est d'abord repoussé, mais le mouvement com

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biné du général comte de Wrede étoit préva avec tant de précision, que les Austro-Bavarois, débouchant sur la droite du prince royal par la forêt de Soulaines, dans la direction de Chaumenil, marchent aussitôt sur Trémilly, pour attaquer de concert Chaumenil et l'aile gauche de l'armée française. C'étoit au moment où le maréchal duc de Raguse cherchoit à établir, par de fortes colonnes d'infanterie et de cavalerie, ses communications avec Chaumenil par Morvilliers. Le feld- maréchal lieutenant comte de Hardegg l'attaqua vivement et rejeta ses colonnes sur Morvilliers. Une division de hulans de Schwartzenberg, par une charge heureuse, s'empare d'une batterie de six pièces de canon qui se mettoit en mouvement pour soutenir l'infanterie du sixième corps. La jonction du prince royal et du comte de Wrede étant dès lors effectuée, la Gibrie et Chaumenil sont de nouveau attaqués et enlevés par des forces supérieures. Instruit que les positions de son aile gauche sont compromises, Napoléon accourt en personne avec une partie de l'artillerie de sa garde; il ordonne de reprendre Chaumenil sous la protection d'un feu bien dirigé, attachant une grande importance à la possession de ce village, et il se reporte

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