Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de Chaumont, en poussant devant lui le corps de la vieille garde fit prendre aussitôt l'offensive au quatrième corps de l'armée alliée, commandé par le prince royal de Wurtemberg. Ce mouvement coïncidoit avec l'arrivée en France des trois monarques de la coalition, et surtout avec les progrès du corps russe de Wittgenstein et de l'armée de Silésie qui s'avançoit rapidement vers la Meuse.

Poursuivi par le corps prussien du général York, jusqu'aux portes de Metz, le maréchal duc de Raguse, afin de pourvoir à la défense de cette ville, avoit pris position sur les hauteurs de Gravelottes; mais, toujours pressé par les rapides manoeuvres du maréchal Blucher, il continua sa marche rétrograde vers Saint-Mihiel, et se trouva, le 19 janvier, en avant de Verdun, sans avoir eu aucun engagement sérieux. La Lorraine ne pouvant plus être défendue, sa retraite n'avoit pour objet que d'opérer, avec le moins de pertes possible, la concentration de ses divisions vers la Champagne, entre la Marne et la Seine. Le corps prussien de Kleist, resté d'abord en réserve, se trouvoit devant Thionville; le gros de la cavalerie avoit investi Metz, et la plus grande partie de l'armée du feld-maréchal

filoit de Saint-Avold sur Nancy, avec les réquisitions levées pour ses approvisionnemens. L'hettman Platow venoit d'arriver à Neufchâteau avec ses cosaques, et ses patrouilles alloient en avant de cette ville; d'autres cosaques, sous les ordres du prince Scherbatoff, s'avançoient vers Toul.

Dès le 13 janvier, le comte de Wrede avoit porté son quartier-général à Saint-Dié, et le capitaine baron de Gravenreuth, du septième des chevau-légers, avoit poussé immédiatement jusqu'à Lunéville. Quittant sa position le 16, le comte de Wrede se dirigea sur Charmes, et les troupes sous ses ordres prirent position entre Neufchâteau, Chatenay et Saint-Christophe. Ce mouvement assuroit la communication du corps bavarois avec l'armée de Silésie', et du 19 au 20, devoit s'opérer la jonction avec la grande armée du prince Schwartzenberg, sur la route de Chaumont à Troyes. Ainsi les armées combinées présentoient une ligne redoutable aux forces réunies à la hâte par les généraux de Napoléon.

Nancy, la capitale et l'ornement de la Lorraine, alloit être abandonné; le prince de la Moskwa, maréchal Ney, un des plus habiles généraux dont puissent s'honorer les armes

françaises, s'étoit mis en route, dès le 9 janvier, pour cette ville, sur les assurances positives de Napoléon qu'il y trouveroit réunis un corps de quinze mille hommes de troupes et des levées en masse pleines d'ardeur et de zèle. Le maréchal n'y trouva ni armée, ni moyens de défense; la levée en masse avoit eu, dans la Meurthe, aussi peu de succès que dans les Vosges et dans la Haute-Saône. Le prince de la Moskwa, ne pouvant préserver ni secourir Nancy, l'évacua le 14 janvier. Le même jour, le prince Biron de Curlande, qui s'y présenta le premier, en envoya les clés au général Sacken, qui les fit passer aussitôt au feldmaréchal Blucher. Ce général les renvoya immédiatement au grand quartier - général. L'officier qui en étoit porteur, rencontra l'empereur Alexandre sur la route de Vesoul. Le czar détacha deux des clés de l'ancienne capitale de la Lorraine, et les expédia au Roi de Prusse, avec un gracieux message, signe certain des attentions délicates et des égards mutuels qui serroient les nœuds des souverains alliés.

Déjà les communications entre l'armée de Silésie et l'armée du généralissime se trouvoient assurées par Nancy et par Charmes, où le

général comte de Wrede avoit porté son quartier-général. Les corps français en retraite s'étoient repliés de l'autre côté de la Meuse; mais quelques brigades venoient de s'arrêter à Toul. Cette ville, protégée par un mur et par quelques remparts, avoit une garnison d'infanterie et de cavalerie. Le général Sacken s'en approcha par le pont de Saint-Vincent. Informé de la prise de Langres par l'armée du généralissime, instruit d'ailleurs que les corps français des maréchaux Marmont, Ney et Victor avoient passé de l'autre côté de la Meuse, à Verdun, à Saint-Mihiel, à Commercy et à Vaucouleurs, le feld-maréchal Blucher donna l'ordre formel d'emporter la ville de Toul du côté de Void, et le général Sacken fit aussitôt ses préparatifs; mais Toul, se voyant coupé et sans appui, se rendit au général comte Liewen. Quatre pièces de canon, quatre cents hommes et deux drapeaux tombèrent au pouvoir des alliés.

Ce fut le 20 janvier que le maréchal Blucher fit son entrée à Nancy. Une députation des magistrats et des notables de la ville étant allée à sa rencontré, ce vétéran des généraux de l'Europe répondit au discours qui lui fut adressé par la déclaration suivante, qui faisoit

connoître les motifs de la guerre, et qui, par là même, étoit plus importante qu'aucune de celles qui eussent encore été faites par un général ennemi sur le territoire français :

« La Providence, dans sa justice, dit-il, » vient enfin de conduire nos armes sur le sol » de la France; enfin, toute l'Europe a été >> tirée de sa fausse sécurité, par l'insatiable » ambition de l'homme qui, depuis quatorze » ans, gouverne despotiquement la nation » française.

>>

» Les peuples du Volga, du Danube, de » l'Elbe, de la Tamise et du Tage, ont quitté » leurs demeures, et sont entrés dans cette » France jadis si heureuse. La plupart de ces peuples, autrefois attachés à la France, » sont devenus ses ennemis, et pourquoi ? Par » le seul motif de l'ambition inquiète d'un conquérant effréné. Napoléon n'a-t-il pas >> forcé les nations qui n'étoient pas guerrières » à le devenir, pour ne pas supporter le mépris, le déshonneur, le despotisme et le brigandage de ses agens?

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

» Dieu a prononcé enfin, dans sa justice, » et six cent mille Français ont disparu de la » terre en deux campagnes, déplorables vic

« ZurückWeiter »