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Ou OBSERVATIONS SUR LES LETTRES, LES ARTS; LAT

ET LES USAGES.

LES COTERIES.

L'ESPRIT de coterie est tellement répandu en France, que pour plaire à chaque coterie il faudrait diversifier ses couleurs comme celles du Caméléon. Tout est soumis à son influence, depuis la jeune beauté qui entre dans le monde jusqu'à la coquette qui est tout près de lui dire adieu, et depuis le compilateur à la toise jusqu'au leste écrivain qui broche sur son genou, au spectacle, pendant que telle actrice chante ou déclame, l'article dont il doit le lendemain régaler son public. Un pauvre diable, condamné à mettre du noir sur du blanc, à tant la feuille, qui taille de bonne heure sa plume, afin d'avoir plus tôt rempli sa tâche et de pouvoir s'égayer à dîner, est triste ou gai, charmant, ou frappé de bêtise, suivant la coterie où il est invité. Est-il assis à la table bien servie d'une de ces nymphes radieuses qui ne s'occupent que du soin de faire valoir leurs charmes ? l'a-t-on placé près de ce beau diseur qui vient de faire la toilette de son esprit ? s'il n'est le singe, le génie de la coterie, tout ce qu'il a pensé, fait, dit ou écrit n'a pas le sens commun. « Comment! s'écrie la dame du logis, Monsieur trouve quelque chose dans TipooSaeb? à moins que ce ne soit de l'ennui, je ne vois pas ce qu'on peut y découvrir. Eh puis! c'est une mauvaise plaisanterie qu'un homme qui fait une tragédie, quand il n'a jamais composé que des vaudevilles et des opéras. It faut le renvoyer à sa Vestale. Mais il n'est pas si à plaindre, Madame, et bien des gens se contenteraient de son lot. Quant à Tipoo-Saeb, on a beau le poignarder, it ressuscite, et l'auteur peut dire comme la Mothe, qui entendait mettre en pièces Inès de Castro: Allons à la onzième représentation de cette mauvaise tragédie.

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Le lendemain, le pauvre diable d'homme de lettres est plus heureux. «Votre article sur M Festa, lui dit en grasseyant une belle qui copie une de nos plus jolies actrices, est vraiment fort aimable; il est plus, il est juste.

Dd

Tout le monde hier chez moi en a fait l'éloge: quand vous auriez été l'écho de ma société, vous n'auriez pas mieux dit.-Votre compliment me paie de l'injure que j'ai reçue ailleurs. Madame, un croquenote, qui n'a certainement pas vos oreilles, a jugé les miennes très-anti-musicales, pour avoir eu l'impudence de vanter une cantatrice dont la voix ne comporte pas deux octaves et demie, et même ne donne pas franchement le si bemol.-J'ai entendu, pourrais je lui répondre, des violons qui m'ont fait moins de plaisir que des bassons et des violoncelles. L'étendue de la voix est en raison de la musique qu'on chante. Faudra-t-il renoncer à mon admiration pour Mme Barilli, dont les intonations sont toujours si justes, l'organe si jeune, si frais, si pur, la méthode si parfaite, parce que la célèbre Catalani a les cordes aigues de la voix un peu plus hautes encore que les siennes, et qu'elle franchit avec plus de rapidité peut-être l'échelle des sons? N'estimez-vous un virtuose que parce qu'il joue toujours sur la chanterelle? Il est des genres divers : plus d'un chemin mène au plaisir. Jouissons de nos richesses sans les déprécier, et n'opposons point une cantatrice à l'autre. Elles ont un mérite particulier à leur organe.

Chacun se doit contenter de son bien,

Tout uniment, sans se vanter de rien.

Que de coteries n'ont-elles pas croisé la lance, aiguisé l'épigramme, depuis le fameux débat entre M. Mars et M Levert? La société a ses petites guerres, ses carrousels et ses tourgois; elle aime à distribuer les couronnes. C'est même un chagrin pour elle que la lutte entre nos deux héritières de Thalie se soit aussitôt terminée. C'est un aliment qui lui manque, il faudra s'en créer un autre. Quoi qu'il en soit, Mlle Mars, au jugement de toutes les coteries, toujours sûre par son talent d'être la reine des ingénues, cède dans cet emploi son droit d'aînesse, pour prendre le sceptre des coquettes. Mlle Levert, devenue souveraine dans les ingénuítés, se dispose à faire respecter les droits de sa couronne, et malheur aux princesses qui voudront contester sa puissance, et ne pas lui rendre foi et hommage. On parlait, il y a quelques jours, au foyer de Feydeau, du contrat définitif passé entre Miles Mars et Levert; on s'échauffait, quand un merveilleux d'un de nos théâtres dit à l'oreille d'un autre merveilleux de ses amis: On n'y conçoit plus iien; de quoi se mêle donc le public?»

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D. D.

SPECTACLES. Opéra-Séria. - Roméo et Juliette. Nous nous croyions menacés de ne pas entendre MTM Sessi de deux mois encore. Elle a reparu dans Roméo et Juliette avec plus d'éclat que jamais. Les spectateurs s'étaient portés en foule à l'Odéon; et par l'accueil qu'elle a reçu on aurait pu croire que c'était un jour de début pour elle. Mie Sessi est une de ces cantatrices qui ne sollicitent pas, mais qui arrachent l'applaudissement. Quand elle ne se jette point dans ces écarts réprimés par le goût, l'admirer à demi serait presqu'une insulte; mais son ambition parfois l'égare: elle veut trop souvent franchir les limites de son art, et chanter, pour ainsi dire, d'inspiration. De pareils défauts n'appartiennent qu'aux trèsgrands talens, et à moins qu'on ne soit descendu en droite ligne du roi Midas, on ne peut nier que Me Sessi ne soit une excellente virtuose. Dans ce second acte de Roméo et Juliette, formé d'une seule scène, et dont la catastrophe est si dramatique, elle a su fondre avec adresse les teintes délicieuses du sentiment et les déchiremens du désespoir; ce chant mélancolique et, si j'ose m'exprimer ainsi, tout mouillé de larmes, navre et attendrit tour-à-tour le cœur. Que le jeu de Mme Sessi n'est-il égal à son organe! La surprise, le saisissement, ce froid mortel qui doit se répandre sur tous les membres de Roméo, à l'apparition subite de Juliette, tout ce concours d'expressions terribles, exigerait, pour être bien rendu, le talent de l'acteur le plus énergique et le plus versé dans son art. Je ne connais que Talma qui fût à la hauteur d'une situation semblable.

Me Sessi a été bien secondée par Mme Neri. Cette jeune cantatrice fait des progrès visibles. Son début dans, l'Opéra-Séria est une bonne fortune pour elle et pour nous. Il nous apprend que sa voix se prête également aux deux, genres; elle a de l'éclat, de la légèreté et de la force. On ne saurait trop cependant recommander à Mme Neri de ne point se laisser entraîner au désir de risquer des choses. trop au-dessus de ses moyens, de marteler moins ses roulades, et sur-tout de perfectionner ses cadences qui dégénèrent quelquefois en chevrottemens. Du reste, Mme Neri justifie pleinement les espérances qu'elle a données. Son talent qui fleurit à peine, promet à son été de la gloire et des jouissances, et puisse-t-on lui répéter un jour le vers de Malherbe !

Et les fruits ont passé la promesse des fleurs.

D. D

SOCIÉTÉS SAVANTES.

Programme des prix proposés par l'Académie de dessin peinture, sculpture et architecture de la ville de Gand, pour le concours de 1814; précédé d'une notice sur les vainqueurs aux concours de 1812.

Dix tableaux ont été présentés au Concours d'Histoire de 1812, dont le sujet était : Virgile lisant le VIe livre de l'Eneide à Auguste en présence d'Octavie et de Julie; les artistes-juges, après avoir honoré d'une distinction particulière quatre tableaux parmi ceux qui étaient exposés, ont adjugé le prix à celui qui portait pour épigraphe : S'occuper, c'est savoir jouir.

A l'ouverture du billet joint au tableau, on a reconnu que l'auteur était M. F. J. Navez, de Charleroi.

Le tableau portant pour marque trois ***, et indiqué dans la notice G. 179, est celui qui a obtenu le plus de voix après le tableau couTonné.

Seize tableaux ont été présentés au Concours du Paysage; le prix a été remporté par M. J. B. Dejonghe, de Courtrai.

L'accessit a été accordé à M. Ducorron, d'Ath.

Mention honorable a été faite des tableaux de M. Paul Joseph Noël, de Wausort, et de M. Henry Voordekkers, de Bruxelles.

L'Académie avait proposé pour prix de Sculpture le buste de Gaspar Craeyer, peintre flamand. Ce prix a été remporté par M. J. B. Depauw, de Termonde.

Celui d'Architecture, dont le sujet était une Bourse pour la ville de Gand, a été adjugé à M. J. B. Debaets, d'Everghem, et celui du Dessin, d'après l'Achille de la galerie des antiques, à M. P. Van Hanselaere, de Gand, actuellement élève de M. David, à Paris.

M. le Maire de Gand ayant proposé un prix pour la meilleure esquisse sur la Naissance de S. M. le Roi de Rome, ce prix a été remporté par M. J. Bailly, de Gand, membre de la Société des Beaux-Arts.

L'esquisse portant pour marque: une louve allaitant un enfant, et indiqué dans la notice sous le N° 198, est celle qui a obtenu le plus de voix après l'esquisse couronnée.

La direction de l'Académie propose les sujets suivans :

I. Pour le prix du tableau d'Histoire :

SACRIFICE D'ABEL. Abel offre un sacrifice à Dieu; Cain, déjà dévoré de jalousie, survient et frémit.

Conditions.

1o. Le tableau n'dffrira que deux figures.

20. Les figures auront la grandeur de demi-nature.

Le prix sera de huit cents fr. et d'une médaille d'honneur.

II. Pour le prix de Sculpture:

Le buste de David Teniers (le fils ).

Le buste sera de grandeur naturelle, en terre cuite, ou jetë en plâtre.

L'Académie honorera d'une médaille d'argent celui qui rempor tera le prix.

III. Pour le prix du Paysage :

Site boisé ; soleil de la mi-septembre vers trois heures après-midi. Conditions.. 1o. Sur le devant, à gauche du spectateur, un terrain sablonneux, entrecoupé de grands arbres; au-delà, une chapelle à l'entrée d'un bois. Ces conditions sont de rigueur.

2o. Sur la droite et dans le fond, des plaines ou des collines, quelques habitations et des figures. Toute cette partie est laissée au choix du peintre.

3. Le tableau aura au moins 65 centimètres de large sur 50 centimètres de haut.

Il sera accordé à l'artiste qui remportera le prix, une somme de trois cents vingt francs, et une médaille d'honneur.

IV. Pour prix d'Architecture :

Le projet d'Une Halle aux toiles pour la ville de Gand, à construire sur un terrain isolé.

Conditions. 1o. La profondeur de ce monument est fixée à 40 mètres, et sa longueur à 70 mètres. Ce dernier côté qui formera la façade principale, donnera sur une place publique faisant un parallélogramme de 100 mètres.

2o. La profondeur et la longueur déterminées dans l'article précédent, sont de rigueur; toutes saiflies d'avant-corps, de marches ou autres, devront y être comprises.

3o. Les concurrens ont la liberté la plus entière de projeter ou de ne pas projeter de soubassement, ou de travailler de toute autre manière qu'ils jugeront convenable.

4o. Il sont tenus de fournir le plan de chaque étage qu'ils se proposeront de construire, et d'y joindre l'élévation de la façade principales, et celle d'une des façades latérales ; en outre la coupe du bâtiment même, sur telle ligne qu'ils préféreront choisir (1).

(1) Pour donner aux Concurrens une idée précise de l'emploi de ce bâtiment, on fera observer que les toiles sont une des principales branches du commerce de cette ville.

On présente chaque jour de marché environ 2000 pièces. Les toiles,

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