N° DC. - Samedi 16 Janvier 1813. POÉSIE. PACUVIUS désarme son fils PÉROLLA sur le point d'assas siner ANNIBAL (*). PÉROLLA, un poignard à la main. O mon père, vois-tu ce glaive dans mes mains? Nous méritions enfin la bonté protectrice ! Oui, qu'il tombe immolé sous ce glaive vengeur, Et que d'un même coup utile à ma patrie, D'un odieux tyran je purge l'Italie !.... PACUVIUS, consterné. Justes Dieux! Pérolla!...qu'as-tu dit ?...je frémis!... C) Res memo. p. 109, Per ego te, fili, etc. G Oh! si de la vertu la voix encor t'est chère, Au nom de la patrie, au nom de ton vieux père, Par l'opprobre éternel qui couvre un meurtrier, Mon fils!.. respecte un hôte : eh! quel hôte?.. un guerrier, Hé quoi ce fier vainqueur pardonne à ta faiblesse ; Tu voudrais, de nos Dieux foulant aux pieds la crainte, Mon fils! faut-il qu'en vain j'embrasse tes genoux, Moi qui sus d'Annibal attendrir le courroux? Je t'en conjure ici : veuillent les immortels PÉROLLA jette son glaive. Ta l'emportes, mon père, Annibal est sauvé!........ FREDERIC BATRÉ. 99 LE PAON ET LE CHOUCAS, Fable allégorique, imitée de FAERNE. LE souverain de la gent emplumée Venait de descendre au tombeau ; Les petits et les grands, et le peuple et l'armée, Le paon s'avance, et d'un ton fier et vain : Quand le choucas l'apostrophant ainsi : » Gentil oiseau, dit-il, parvenu sur le trône, » Si l'on t'apprend qu'un farouche ennemi >> Menace d'envahir l'Etat et ta personne, A Réponds, » Le courage sert mieux que la beauté; sans lui, >> Jamais au rang suprême on ne devrait prétendre. » Cet avis du choucas parut très-bon en soi, Et l'aigle courageux dès-lors fut élu roi. Pour régir un Etat, pour savoir le défendre, M. BOINVILLIERS, corresp. de l'Institut. ÉNIGME. De moi l'on voit sortir une épaisse fumée Qui de feu n'est pourtant jamais accompagnée ; C'est le contraire aux champs : j'y suis recommandable. Et j'y double l'espoir de la fécondité. LOGOGRIPHE S........ DES plus belles couleurs brillante avec ma tête, CHARADE. V. B. (d'Agen.) MON dernier par l'usage et par la loi commune, De leur lit mon premier tient plus de la moitié : V. B. (d'Agen.) Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro. Le mot de l'Enigme est Aiguille. Celui du Logogriphe est Poêle, dans lequel on trouve : Pôles Colui de la Charade est Patelin. LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS. LA GAULE POÉTIQUE, ou l'Histoire de France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux-arts; par M. DE MARCHANGY.-Deux vol. in-8°. —Prix, 10 fr., et 12 fr, 50 c. franc de port. - Paris, chez Chaumerot, libraire, place Saint-André-desArts, no 11; Chaumerot jeune, libraire, Palais-Royal, galerie de bois, n° 188; et Eymery, rue Mazarine, no 3o. Nous possédons plus de dix mille volumes sur l'histoire de France, et cependant M. Marchangy est parvenu à donner sur le même sujet un ouvrage aussi original qu'intéressant; c'est une entreprise ingénieuse et nationale que celle d'avoir voulu prouver que nos chroniques offraient à l'orateur, au poëte, au peintre, les ressources les plus abondantes. On trouve, en effet, dans la Gaule poétique des discours vraiment éloquens, des sujets de tableaux faits pour tenter le pinceau de nos meilleurs artistes, et des esquisses animées de poëmes épiques et de tragédies. Avant de rendre un compte plus détaillé de cet ouvrage, nous croyons devoir citer en entier l'Introduction, qui donnera mieux que nous ne le ferions nous-même une idée précise du plan et de la manière d'écrire de M. Marchangy. Introduction de la Gaule poétique. Jusqu'à présent on n'a cru voir dans les chroniques françaises que des événemens obscurs, et des fables grossières peu propres aux conceptions poétiques; mais une étude plus profonde saurait y trouver en grand nombre, des germes précieux, qui n'attendent pour éclore que la vofonté du génie. Notre histoire, que les Muses ont négligée, aurait pu facilement leur plaire si elles eussent découvert, sous le voile épais que n'ont osé lever de timides annalistes, une |