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N° DC. - Samedi 16 Janvier 1813.

POÉSIE.

DISCOURS IMITÉ DE TITE-LIVE.

PACUVIUS désarme son fils PÉROLLA sur le point d'assas siner ANNIBAL (*).

PÉROLLA, un poignard à la main.

O mon père, vois-tu ce glaive dans mes mains?
Hé bien! rends grâce aux Dieux, qui de ces fiers Romains
Permettent qu'en ce jour, par un grand sacrifice,

Nous méritions enfin la bonté protectrice !

Oui, qu'il tombe immolé sous ce glaive vengeur,
De notre liberté le cruel destructeur,

Et que d'un même coup utile à ma patrie,

D'un odieux tyran je purge l'Italie !....

PACUVIUS, consterné.

Justes Dieux! Pérolla!...qu'as-tu dit ?...je frémis!...
Quelle aveugle fureur égare tes esprits ?

C) Res memo. p. 109, Per ego te, fili, etc.

G

Oh! si de la vertu la voix encor t'est chère,

Au nom de la patrie, au nom de ton vieux père,

Par l'opprobre éternel qui couvre un meurtrier,

Mon fils!.. respecte un hôte : eh! quel hôte?.. un guerrier,
Le soutien de Capoue, et le vainqueur de Rome!
Faut-il donc qu'un tel crime à mes yeux se consomme,
Quand naguères encore, aux pieds de ses autels,
Jupiter a reçu nos sermens solennels?

Hé quoi ce fier vainqueur pardonne à ta faiblesse ;
Et lorsqu'à ce banquet il admet ta jeunesse,
(Honneur que t'enviraient les premiers de l'Etat ! )
Tu voudrais te souiller d'un lâche assassinat !

Tu voudrais, de nos Dieux foulant aux pieds la crainte,
Du toit hospitalier ensanglanter l'enceinte ?

Mon fils! faut-il qu'en vain j'embrasse tes genoux,

Moi qui sus d'Annibal attendrir le courroux?
Que de ces Dieux vengeurs la majesté sacrée,
Et la foi des sermens que ta bouche a jurée,
La faveur d'Annibal, le meurtre et son horreur
Ne touchent point, ingrat, ton inflexible cœur,
J'y consens : mais au moins que la raison t'éclaire :
L'as-tu bien pu former, ce projet téméraire?
Seul, tu veux attaquer le vainqueur des Romains!
Crois-tu qu'autour de lui, ces braves Africains,
Tranquilles spectateurs de ta vaine démence,
Te laissent sans obstacle assouvir ta vengeance ?
Penses-tu soutenir ces regards foudroyans,
Que Mars lui-même arma d'éclairs étincelans,
Ce front qui dissipait nos cohortes craintives,
Ainsi qu'un vil troupeau de biches fugitives?
Mais je veux, après tout, qu'un propice destin
Couvre tes noirs complots d'un voile clandestin.
Pourras-tu bien, dis-moi, de ton bras sanguinaire,
Abattre, et sous tes pieds fouler le corps d'un père ?
Car il faudra, cruel, au travers de mon flanc
T'ouvrir jusqu'au vainqueur un passage sanglant;
N'en doute pas, mon sein deviendra son égide:
Au meurtre tu joindras l'horreur du parricide !...
Tu recules d'effroi, tu trembles, ô mon fils!...
Des pleurs roulent déjà dans tes yeux attendris.
Ah rougis, Pérolla, d'un coupable délire;
Fuis, respecte un héros que l'univers admire ;

Je t'en conjure ici : veuillent les immortels
Rendre ton cœur sensible aux accens paternels,
Ainsi que pour toi-même, ils ont permis naguère
Qu'Annibal favorable écoutát ma prière !

PÉROLLA jette son glaive.

Ta l'emportes, mon père, Annibal est sauvé!........

FREDERIC BATRÉ.

99

LE PAON ET LE CHOUCAS,

Fable allégorique, imitée de FAERNE.

LE souverain de la gent emplumée

Venait de descendre au tombeau ;

Les petits et les grands, et le peuple et l'armée,
Réclamaient à-la-fois un monarque nouveau.
On s'assemble, on cabale, ainsi qu'il est d'usage;
L'un vend, l'autre achète un suffrage."
Tandis que l'on s'échauffe en vain,

Le paon s'avance, et d'un ton fier et vain :
« Vous voyez, leur dit-il, cet éclatant plumage
» Ce cou d'azur, ce port noble et divin;
» Le trône, je le crois, peut être le partage
» De qui sut mériter les faveurs du Destin. »
Tous s'en allaient au Paon décernant la couronne

Quand le choucas l'apostrophant ainsi :

» Gentil oiseau, dit-il, parvenu sur le trône, » Si l'on t'apprend qu'un farouche ennemi

>> Menace d'envahir l'Etat et ta personne,

A

Réponds,
, que feras-tu? quel sera notre appui ?

» Le courage sert mieux que la beauté; sans lui,

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>> Jamais au rang suprême on ne devrait prétendre. » Cet avis du choucas parut très-bon en soi,

Et l'aigle courageux dès-lors fut élu roi.

Pour régir un Etat, pour savoir le défendre,
Pour maintenir tout le peuple en repos,
Il fallait plus qu'un chef, il fallait un HÉROS.

M. BOINVILLIERS, corresp. de l'Institut.

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ÉNIGME.

De moi l'on voit sortir une épaisse fumée

Qui de feu n'est pourtant jamais accompagnée ;
De moi l'on voit couler un grand nombre de pleurs,
Et je ne souffre pas la moindre des douleurs :
Aux rigueurs des saisons sans pitié l'on m'expose;
Au grand air est toujours le lit où je repose,
Et pourtant j'y conserve une interne chaleur,
Que sait mettre à profit l'adroit cultivateur.
A la ville on me croît un être méprisable,

C'est le contraire aux champs : j'y suis recommandable.
Par moi l'on remédie à la stérilité,

Et j'y double l'espoir de la fécondité.

LOGOGRIPHE

S........

DES plus belles couleurs brillante avec ma tête,
Je suis en la perdant d'une extrême pâleur ;
Quand le saint sacrifice à l'église s'apprête,
On me voit sur l'autel dans les mains du recteur ;
Si je perds tête et queue, ô destin déplorable!
Je deviens aussitôt, j'en frissonne d'horreur,
D'un supplice odieux l'instrument exécrable.

CHARADE.

V. B. (d'Agen.)

MON dernier par l'usage et par la loi commune,
A l'église, lecteur, ainsi qu'à la commune,
Précède les époux conduits par l'amitié.

De leur lit mon premier tient plus de la moitié :
Mon tout sans être esclave, et sans la moindre gêne,
Du Cap rouge.à Damas est toujours à la chaîne.

V. B. (d'Agen.)

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Aiguille.

Celui du Logogriphe est Poêle, dans lequel on trouve : Pôles Colui de la Charade est Patelin.

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

LA GAULE POÉTIQUE, ou l'Histoire de France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux-arts; par M. DE MARCHANGY.-Deux vol. in-8°. —Prix, 10 fr., et 12 fr, 50 c. franc de port. - Paris, chez Chaumerot, libraire, place Saint-André-desArts, no 11; Chaumerot jeune, libraire, Palais-Royal, galerie de bois, n° 188; et Eymery, rue Mazarine, no 3o.

Nous possédons plus de dix mille volumes sur l'histoire de France, et cependant M. Marchangy est parvenu à donner sur le même sujet un ouvrage aussi original qu'intéressant; c'est une entreprise ingénieuse et nationale que celle d'avoir voulu prouver que nos chroniques offraient à l'orateur, au poëte, au peintre, les ressources les plus abondantes. On trouve, en effet, dans la Gaule poétique des discours vraiment éloquens, des sujets de tableaux faits pour tenter le pinceau de nos meilleurs artistes, et des esquisses animées de poëmes épiques et de tragédies. Avant de rendre un compte plus détaillé de cet ouvrage, nous croyons devoir citer en entier l'Introduction, qui donnera mieux que nous ne le ferions nous-même une idée précise du plan et de la manière d'écrire de M. Marchangy.

Introduction de la Gaule poétique.

Jusqu'à présent on n'a cru voir dans les chroniques françaises que des événemens obscurs, et des fables grossières peu propres aux conceptions poétiques; mais une étude plus profonde saurait y trouver en grand nombre, des germes précieux, qui n'attendent pour éclore que la vofonté du génie.

Notre histoire, que les Muses ont négligée, aurait pu facilement leur plaire si elles eussent découvert, sous le voile épais que n'ont osé lever de timides annalistes, une

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