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Et ce visage enfin plus pâle qu'un rentier,
A l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier?
Qu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie
Semblait d'ortolans seuls et de bisque nourrie;

Où la joie en son lustre attirait les regards,
Et le vin en rubis brillait de toutes parts?
Qui vous a pu plonger dans cette humeur chagrine?

Aussitôt, sous leurs pieds, les tables renversées
Font voir un long débris de bouteilles cassées :
En vain à lever tout les valets sont fort prompts.
Et les ruisseaux de vin coulent aux environs.

Sat. 4.

Il compterait plutôt combien dans un printems,
Guénaud et l'antimoine ont fait mourir de

Et combien la Neveu, devant son mariage,
A de fois au public, vendu son pucelage.

Sat. 5.

gens;

Mais je ne puis souffrir qu'un fat dont la mollesse
N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse,

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Dites moi, grand Héros, esprit rare et sublime,
Parmi les animaux, qui sont ceux qu'on estime?

On fait cas d'un coursier qui, fier et plein de cœur, Fait paraître en courant sa bouillante vigueur ;

Qui jamais ne se lasse, et qui dans la carrière,

S'est couvert mille fois d'une noble poussière ;
Mais la postérité d'Alfane et de Bayard,
Quand ce n'est qu'une rosse, est vendue au hasard,
Sans respect des ayeux dont elle est descendue,
Et va porter la malle, ou tirer la charrue.

Pourquoi donc voulez-vous que, par un sot abus,
Chacun respecte en yous un honneur qui n'est plus?
On ne m'éblouit pas d'une apparence vaine :
La vertu d'un cœur noble est la marque certaine.
Si vous êtes sorti de ces héros fameux,

Montrez-nous cette ardeur qu'on vit briller en eux,
Ce zèle pour l'honneur, cette horreur pour le vice,
Respectez-vous les lois? fuyez-vous l'injustice?
Savez-vous pour la gloire oublier le repos,

Et dormir, en plein champ, le harnois sur le dos? Je vous connais pour noble à ces illustres marques, Alors soyez issu des plus fameux monarques : Venez de mille ayeux ; et si ce n'est assez, Feuilletez à loisir tous les siècles passés ;

Voyez de quel guerrier il vous plait de descendre, Choisissez de César, d'Achille ou d'Alexandre. Envain un faux censeur voudrait vous démentir,

Et si vous n'en sortez, vous en devez sortir.

Mais fussiez-vous sorti d'Hercule en droite ligne,
Si vous ne faites voir qu'une bassesse indigne,
Ce long amas d'ayeux que vous diffamez tous,
Sont autant de témoins qui parlent contre vous.
Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie

Ne sert plus que de jour à votre ignominie.

Est-ce donc pour

Sat. 6.

veiller qu'on se couche à Paris?

En quelqu'endroit que j'aille il faut fendre la presse
D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse.
L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé.
Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé.

Là sur une charrette, une poutre branlante
Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente.
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant

Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant.

Vingt carosses bientot arrivant à la file

Y sont en moins de rien suivis de plus de mille.

On n'entend que des cris poussés confusément :
Dieu
pour s'y faire ouïr tonnerait vainement.

Car sitôt que du soir les ombres pacifiques

D'an double cadenas font fermer les boutiques;
Que, retiré chez soi le paisible marchand

Va revoir ses billets et compter son argent;

Que dans le marché neuf tout est calme et tranquille;
Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville.

Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, au prix de Paris, un lieu de sureté.

J'entends crier partout au meurtre, on m'assassine, Ou, le feu vient de prendre à la maison voisine.

Je fais, pour reposer, un effort inutile.

Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville.

Sat. 8.

Maitre du monde entier s'y trouvait trop serré.

Voit-on les loups brigands, comme nous inhumains,
Pour détrousser les loups, courir les grands chemins?
Jamais pour s'aggrandir vit-on, dans sa manie,
Un tigre en factions partager Hyrcanie?

L'ours a-t-il dans les bois la

guerre avec

les ours?

Le vautour dans les airs fond-il sur les vautours?

L'animal le plus fier qu'enfante la nature,

Dans un autre animal, respecte sa figure.

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L'homme seul, l'homme seul, en sa fureur extrême,

Met un brutal honneur à s'égorger soi-même.

C'était peu que sa main, conduite par l'enfer,
Eût paitri le salpêtre, eût aiguisé le fer.

Non. Mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre
Adorer le métal que lui-même il fit fondre;
A vu dans un pays les timides mortels

Trembler aux pieds d'uu singe assis sur leurs autels;
Et sur les bords du Nil les peuples imbécilles,
L'encensoir à la main, chercher les crocodiles.

Sat. 9.

Sentiez-vous, dites-moi, ces violens transports
Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts?

Mais pour Cotin et moi qui rimons au hazard.

Sat. 10.

Charmé de Juvénal, et plein de son esprit,

Venez-vous, diras-tu, dans une pièce outrée,

Comme lui nous chanter que, dès le tems de Rhée, La chasteté déjà, la rougeur sur le front,

Avait chez les humains reçu plus d'un affront:

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