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1793.

Santerre fit à la commune le rapport suivant (1): « La tête de Louis Capet est tombée, et a été montrée au peuple, aux cris de vive la république! Je n'ai qu'à me louer de la force armée, qui a été docile et obéissante. Louis Capet a voulu parler au peuple; je l'en ai bien empêché.

Au bruit d'un si grand attentat la France resta muette de terreur, et l'Europe jeta des cris d'indignation. A ces cris succédèrent ceux de la vengeance; l'Angleterre en donna le signal. Le cabinet d'Angleterre étoit trop éclairé pour ne pas voir dans l'impunité d'un tel crime la source d'un désordre qui menaçoit tous les trônes, et trop habile pour ne pas appeler tous les peuples à une vengeance commune. Que nos éternels rivaux de gloire et d'industrie, dont la puissance avoit été si récemment ébranlée par la perte des EtatsUnis, aient vu sans peine la naissance de nos troubles, qui leur promettoient une sorte de réparation et un accroissement de forces maritimes, cela est vraisemblable; mais que, pour effacer la honte de leur

(1) Santerre, de brasseur de bière dans le faubourg Saint-Antoine, étoit devenu commandant de la garde nationale de Paris: homme ignorant et grossier, mais d'une force de corps et d'une audace extraordinaires. Ce fut lui en effet qui interrompit le roi, lorsque ce prince essaya de parler au peuple du haut de l'échafaud. Il fit couvrir sa voix par un roulement de tambours.

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le prix de ses travaux, en arrêtant les progrès de la révolution françoise, et en sauvant son pays du naufrage dont elle le menaçoit plus que tous les autres. Il sut ranimer l'esprit de cette coalition qui avoit été si imparfaitement conçue à Pilnitz, et que ses premières défaites avoient entièrement découragée; il sut lui donner à la fois ses vues, sa politique et une autre impulsion. S'il ne nous déclara pas la guerre suivant les anciennes formes, c'est qu'il. savoit bien que toutes les formes étoient méconnues de ceux qui tenoient alors les rênes du gouvernement françois; mais il se mit en mesure de la soutenir avec une vigueur inconnue jusqu'alors.

Comment Les nouveaux souverains de la France, la guerre de leur côté, loin de la craindre, la désicessaire. roient vivement, et firent tous leurs efforts

étoit né

pour la provoquer et la soutenir. Ils sentoient que c'étoit un puissant moyen d'occuper des bras qui pouvoient à chaque instant se tourner contre eux, et, en même temps, d'opérer une diversion dans l'opinion publique, en détournant ses regards du spectacle de leurs crimes. Ce n'étoit pas sans raison qu'ils appréhendoient les vengeances publiques et particulières, que ne cessoient d'exciter contre eux l'insolence de leurs orateurs, la férocité de leurs délibérations, la tyrannie de leurs

décrets. Ils étoient pénétrés eux-mêmes de l'horreur qu'ils inspiroient, et nullement rassurés par la vue des bandits qu'ils avoient appelés à leur secours, et qui remplissoient la salle où se tenoient leurs séances publiques.

« Si Louis est absous, disoit l'un d'eux à la tribune, il peut être présumé innocent; et alors que devient la révolution? Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté sont des rebelles, des calomniateurs, des criminels de lèze-majesté ; les manifestes des cours étrangères sont des réclamations légitimes contre une faction coupable. Les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l'empire françois ont mérité la mort; et ce grand procès, pendant au tribunal de la nature entre le crime et la vertu, entre la liberté et la tyrannie, se décide en faveur du crime et de la tyrannie (1). »

Il n'est plus temps de disputer, disoit un autre, il faut agir. Il faut des mesures promptes, efficaces, terribles. Les despotes de l'Europe ne peuvent être forts que de nos divisions; ils ont appris à Jemmapes qu'un soldat de la liberté vaut mieux que cent esclaves. On nous menace d'une guerre générale; on cherche à semer la terreur

(1) Opinion de Maximilien Robespierre sur le jugement de Louis XVI.

1792.

1793.

parmi nous. Citoyens! il faut qu'on sache que, pour reporter la servitude sur le territoire françois, il faudra détruire la nation tout entière. Il faut renoncer à sa conquête, ou s'attendre à régner sur des ruines et dans le désert. Que la nation se lève encore une fois, et les colosses usés du despotisme s'écrouleront bientôt sur eux-mêmes (1)! »

Ces vaines rodomontades déceloient plus de frayeur que de résolution. Leurs craintes redoublèrent à la vue du sort que subit Le Pelletier de Saint-Fargeau.

Cet ancien président à mortier au parlement de Paris dînoit, le 20 janvier, chez un restaurateur du Palais-Royal. Un gardedu-corps, nommé Pâris, l'aborde brusquement, et, du ton qui régnoit alors lui demande s'il étoit vrai qu'il eût voté là mort du roi. Oui, répondit-il, je l'ai Assassinat votée avec douleur, mais en conscience. de Le Pel- Eh bien, reprend Paris, voici ta récomSaint-Far- pense et en même temps il lui plonge geau. son sabre dans le corps.

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Quel que fût le crime de M. de SaintFargeau, Pâris n'avoit pas le droit de le punir, et son action étoit un véritable assassinat, condamnable dans tous les temps, mais dont on n'auroit pas ouï parler dans ces temps de désordre, si le meurtrier eût été

(1) Proclamation au peuple françois, par le citoyen Barrère (25 janvier 1793).

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