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de mois après, la Russie, la Suède, comme aussi plus tard la Prusse et, enfin, l'Autriche, cédant aux cris de leurs peuples, brisèrent des liens détestés, et le système continental s'écroula.

Mais l'historique des grandes mesures continentales et maritimes ne serait point complet si l'on ne trouvait à cette place, l'exposition lumineuse qui a été faite parallèlement, en 1812, des principes et des maximes professés par les Cabinets de Saint-James et des Tuileries concernant la loi maritime; car ni l'un ni l'autre de ces Cabinets ne s'est désisté de son droit, et demain recommencerait la guerre, demain les mêmes prétentions surgiraient de part et d'autre.

Le ministère, en France, fit paraître un Mémoire rédigé par le directeur des Archives au département des Relations Extérieures; et dans l'intérêt de l'Angleterre, on communiqua aux diverses Cours des Observations, d'une dialectique vigoureuse, écrites par M. de Gentz.

Les deux adversaires' s'étaient déjà rencontrés dans la lice au brillant début de la carrière consulaire de Napoléon. Nous allons aujourd'hui les retrouver en présence; mais, cette fois, l'astre avait pâli, le grand Empire marchait à son déclin.

(Les trois mémoires sont placés en tête du onzième volume.)

FIN.

NOTES ET DOCUMENTS.

Page 200.

I.

Convention de Bartenstein, du 26 avril 1807, entre la Russie et la Prusse.

S. M. le roi de Prusse et S. M. l'empereur de toutes les Russies, également animées du plus vif désir d'accélérer le moment où la guerre dans laquelle elles se trouvent engagées avec la France et ses alliés puisse être terminée par une paix générale et solide, ont jugé nécessaire, à la suite de l'alliance et des liaisons intimes si heureusement existantes entre elles, de se concerter sur les moyens les plus propres à atteindre ce but salutaire. Pour cet effet, Leurs Majestés ont nommé leurs plénipotentiaires; savoir, S. M. le roi de Prusse, le sieur CharlesAuguste, baron de Hardenberg, son ministre d'État et du Cabinet, chevalier de ses Ordres et de ceux de Russie, etc.; et S. M. l'empereur de toutes les Russies, le sieur André, baron de Budbery, général d'infanterie, ministre des Affaires Étrangères, membre du conseil d'État, sénateur, chevalier des Ordres de Saint-Alexandre-Nevski, etc., etc.; lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifs, sont convenus des articles suivants :

Art. 1. Convaincues que, pour s'assurer les bienfaits d'une paix juste et durable, il est indispensablement nécessaire de continuer la guerre de la manière la plus vigoureuse, Leurs

Majestés s'engagent à y employer toutes leurs forces, à ne pas séparer leur cause, et à ne poser les armes que d'un commun accord. L'on se concertera sur les opérations militaires, afin de les rendre efficaces, et se communiquera réciproquement, sans réserve et avec cette franchise et cette confiance qui conviennent à l'intimité des deux hauts alliés, tout ce qui regarde leurs intérêts communs. Les négociations que ceux-ci rendent nécessaires, surtout toutes celles qui pourraient avoir lieu avec l'ennemi, seront également concertées et conduites dans un même esprit.

Art. 2. Rendre à l'humanité les bienfaits d'une paix générale et solide, établie sur la base d'un état de possession enfin assuré à chaque puissance et mis sous la garantie de toutes, voilà le but de la guerre. Parfaitement désintéressés, les hauts contractants n'en ont pas d'autre. Ils ne combattent, ni pour l'abaissement de la France, ni pour 's'immiscer dans ce qui regarde son gouvernement ou ses affaires intérieures ; mais ils ne peuvent voir d'un œil tranquille l'agrandissement toujours progressif d'une puissance aux dépens des autres dont elle menace la ruine, en renversant totalement tout équilibre. Ce ne sont pas des conquêtes que Leurs Majestés ont en vue, mais c'est le bien général, le repos et la sûreté de tous les États. Ces résultats ne peuvent être dus qu'à des relations enfin bien déterminées par l'équité, la justice et la modération. D'après ces principes, il est indispensable de porter le gouvernement français, par tous les moyens les plus convenables, à rentrer dans de justes bornes, et à se les prescrire par la suite. Il l'est encore d'assurer l'indépendance des autres puissances, de les placer et de les maintenir dans un état de force qui les rende capables de la soutenir, et enfin de dédommager, autant que possible, celles qui ont essuyé des pertes.

Art. 3. Le désintéressement, le respect des propriétés, et la modération, seront les principes fondamentaux dont les deux hauts alliés partiront. Dans tous les arrangements qu'ils tâcheront d'amener, et dans les conditions de paix sur lesquelles ils insisteront, ces arrangements seront subordonnés seulement à la nécessité absolue d'élever un édifice qui ne puisse être ébranlé, et courir risque de crouler à la première tentative qu'on ferait pour le renverser. Ils le seront également à la justice, qui exige d'indemniser, au moins autant que possible, ceux qui ont été dépouillés de leurs possessions. Les changements dans l'état présent des choses, indispensables pour cet effet,

ne seront opérés que par des cessions ou échanges qu'on exigera de l'ennemi et de ses alliés, ou par des échanges de gré à gré,

Art. 4. S. M. 1. de toutes les Russies, conformément aux principes susmentionnés et à son amitié pour S. M. le roi de Prusse, fera tous ses efforts pour aider Sadite Majesté à se rétablir dans la possession de ses États, maintenant envahis par l'ennemi commun, et pour lui faire recouvrer les provinces qu'elle a perdues depuis l'année 1805, ou lui en faire obtenir l'équivalent: La Prusse ayant le besoin le plus urgent d'un arrondissement qui lui vaille l'avantage d'une meilleure frontière militaire, tant pour sa propre défense que pour celle de l'Allemagne et de ses voisins, S. M. I. de toutes les Russies promet et s'engage à s'employer de son mieux pour le lui procurer à la paix.

Art, 5. Une des bases les plus essentielles de l'indépendance de l'Europe étant l'indépendance de l'Allemagne, il est de la plus haute importance de la bien assurer, et d'aviser d'autant plus soigneusement aux moyens d'y parvenir, qu'ils sont infiniment difficiles depuis que la France est maîtresse du Rhin et des points offensifs sur ce fleuve. L'on ne peut laisser subsister la ligne du Rhin sous l'inflence ou plutôt sous la souveraineté de la France, ni permettre que des troupes françaises continuent d'occuper l'Allemagne. Vouloir rétablir l'ancienne Constitution germanique serait une erreur dangereuse, parce que cette Constitution, toujours trop faible pour résister au moindre choc, y succomberait de nouveau. Les hautes parties contribueront donc, par tout ce qui dépendra d'elles, à créer en Allemagne une fédération constitutionnelle, et à l'assurer au moyen d'une bonne frontière militaire et d'une ligne de défense parallèle au Rhin. Dans la persuasion du grand intérêt que l'Autriche partage à cet égard avec elles, on s'en concertera avant toutes choses avec cette puissance. On s'appliquera surtout à écarter définitivement tout sujet de jalousie entre elle et la Prusse, à établir entre elles les liens d'une union intime et permanente, et à convenir, de la manière la plus conforme à leurs intérêts réciproques, des principes d'après lesquels ces deux puissances prépondérantes en Allemagne devront exercer, chacune dans des limites dont on tombera d'accord, la direction de la fédération pour la défense commune 1.

Quant au reste de cet article, les hautes Puissances contractantes n'en ont pas encore autorisé la publication.

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