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Observations.

Telles sont les observations que l'on fait à Paris. On n'y parle pas d'exécution des traités ni de fidélité dans les engagements pris entre les deux monarques. L'empereur Napoléon, au contraire, dit qu'il a trop de confiance en la loyauté de son allié l'empereur de Russie pour douter un seul instant de la validité des motifs qui l'ont déterminé à ne pas encore remplir cette partie du résultat de leurs entretiens particuliers; mais toujours animé du désir de tout concilier, et la paix entre la Russie et la Porte étant la seule chose qui reste à faire de tout le traité de Tilsitt, il travaille sincèrement à la faire conclure, il y marche par les chemins que le traité a tracés. Maintenant, s'il est survenu quelques difficultés qui empêchent que l'on y arrive par cette voie, il est sans doute indispensable de la lui faire connaître, et l'empereur Alexandre peut compter que la sincérité des sentiments qui lui attachent l'empereur Napoléon est le meilleur gage qu'on puisse lui offrir pour le persuader des dispositions favorables dans lesquelles il le trouvera, si de nouvelles circonstances nécessitaient de nouveaux arrangements.

On demande de plus, par la même dépêche du 14; que l'ambassadeur russe à Paris soit investi des mêmes pouvoirs de traiter qu'aura l'ambassadeur turc, parce que, à des distances aussi éloignées, on veut éviter l'inconvénient de demander de nouvelles instructions. Ce désir émane encore de celui de faire conclure la paix entre la Russie et la Porte, et d'achever l'exécution du traité de Tilsitt.

Puisque l'armistice conclu présente autant d'inconvénients dans son exécution, il est urgent de déterminer sur quelles autres bases on pourrait l'établir de nouveau. Ne serait-il pas possible d'indiquer de

Réponse.

l'armistice, je leur donne, en me retirant, le temps de réoccuper toutes les places de guerre, et de les mettre en état de me les vendre cher, lorsqu'il faudra y rentrer définitivement. Je dois donc ne pas m'y exposer; et, puisqu'il est nécessaire de se rapprocher pour redresser les deux articles de l'armistice, il n'en coûtera pas davantage de les faire rédiger différemment et de prendre des précautions contre les Turcs, qui promettront toujours ce que l'on voudra, mais dont les chefs de bandes feront ensuite ce que bon leur semblera. Ils ont beau dire que ce sont des rebelles que l'on ne peut contenir, je dois y prendre garde et me charger de les contenir moi-même, afin de ne pas m'exposer à être obligé de faire une guerre sanglante, lorsqu'il s'agira d'exécuter ce qui a été convenu. Voilà ce qui a prolongé l'occupation de la Valachie et de la Moldavie.

Aujourd'hui, les circonstances paraissent commander d'elles-mêmes un changement dans les dispositions qui avaient été arrêtées primitivement. Si les avis de Vienne, d'Odessa, et autres, sont fondés, il est plus que probable que la France a perdu son influence à Constantinople. Une lettre interceptée de l'ambassadeur anglais à Vienne, adressée à lord Gower ici, lui dit que lord Paget, autrefois ministre à Vienne, et qui s'était embarqué sur la flotte de Collingworth, aux Dardanelles, est enfin parvenu à débarquer à Constantinople; qu'il y a été reçu, malgré que le général Sébastiani ait déclaré qu'il regarderait la réception d'un ministre anglais comme une déclaration de guerre. Il est probable que tout ce qui se conclura là sera contre vous, et par conséquent contre moi, et que, conséquemment, si j'avais évacué la Moldavie et

Observations.

quelle manière il conviendrait à la Russie d'évacuer ces provinces, et pourrait-on préciser comment elle désire se précautionner contre une nouvelle infraction de la part des Turcs, jusqu'à l'époque où l'on prendra des mesures pour soustraire ces provinces à leurs vexations?

Parce qu'enfin il faut bien qu'un armistice occupe l'intervalle qu'il y a entre le moment où les hostilités cessent, et celui où la paix définitive se conclut. Sans doute il convient que les Turcs, tout extraordinaires qu'ils soient, aient aussi quelques sûretés, ou au moins les apparences d'une caution qui n'existera réellement que dans la loyauté de la Russie.

Jusqu'à présent ils sont encore une puissance, et à moins que, par suite des événements supposés arrivés à Constantinople, ils ne rejettent tout à fait la médiation de la France, il entre dans les principes de loyauté de celle-ci de leur tendre une main secourable jusqu'à la fin,

Tout ce que l'Empereur a dit à Tilsitt sera religieusement exécuté, et je ne vois rien dans le traité secret qui contrarie ce que la Russie désire, mais bien au contraire les moyens d'y arriver plus vite en hâtant l'entière exécution du premier traité.

Il faut donc faire la paix pour cela, il faut un armistice, et puisque le premier ne convenait pas, quel est celui que l'on désire? Il est instant de mettre les plénipotentiaires qui doivent traiter de la paix définitive bientôt en état de se rapprocher. Il y a tout à gagner à en finir promptement pour l'exécution de l'article du traité de Tilsitt.

Les pouvoirs étendus demandés pour l'ambassadeur russe à Paris paraissent indispensables.

Réponse.

la Valachie, je devrais commencer par y rentrer, afin de n'avoir pas à combattre les Turcs sur mes propres frontières.

Je reviendrai ensuite à ce que l'Empereur m'a dit à Tilsitt, non pas une fois, mais dix, à l'occasion de ces provinces, et j'y ai plus de confiance qu'en tout ce que les circonstances amèneraient, ou obligeraient d'exécuter. Alors, pourquoi renoncer à des avantages que j'ai, lorsque l'expérience de ce qui vient de se passer me prouve ce qui arrivera si j'évacue de nouveau? En supposant même que vous ayez encore le dessus à Constantinople, vous n'empêcherez jamais les bandes d'insurgés turcs de repasser le Danube et de recommencer le pillage de ces provinces. Les ordres de la Porte ne sont rien à un mille de Constantinople.

L'Empereur, après avoir pris connaissance et lu attentivement tout ce qui précède, me dit : « Vous avez parfaitement rapporté tout ce que je vous ai dit : maintenant, je ne demande qu'à faire tout ce que l'Empereur désire. Voyez Roumantsof. Je lui ai parlé; et il vous fera connaître dans quels termes il me conviendrait que cet armistice fût renouvelé, et surtout quelles précautions il est nécessaire que nous prenions contre l'indiscipline des Turcs. Il est inutile de répéter tout ce que je vous ai déjà dit à ce sujet. J'ai eu assez de confiance en vous pour vous avouer que cette condescendance de l'Empereur me sera de la plus grande utilité. Sans doute ce n'est point indiscret de ma part, puisque lui-même m'en a parlé le premier, et vous pourrez apprendre ici que je m'étais toujours opposé au moindre agrandissement de territoire. Mais aujourd'hui, et surtout depuis cette déclaration contre l'Angleterre, il

Observations.

Trouverait-on quelques inconvénients à ne point les limiter, en les accompagnant toutefois d'une instruction? Il semble que si le cas d'en faire usage ne se présente pas, rien ne l'obligera à s'en servir; au lieu que, s'il se trouvait en avoir besoin, la distance qui le sépare de sa capitale est un grand inconvénient, s'il se présente un cas où il ne puisse pas transiger; mais avant tout, il est nécessaire d'être en armistice avec les Turcs d'une manière quelconque, sinon il est inutile de traiter, ou bien veut-on faire leur épitaphe?

C'est le samedi 14 novembre, à huit heures du soir, que je fus admis chez l'empereur de Russie, et que je lui donnai communication de tout l'exposé qui précède. Après m'avoir fait les réponses que j'ai rapportées à la marge ci-contre, il changea de conversation en me disant ce qui suit :

<< Général, parlons d'autres choses. J'ai vu hier l'ambassadeur de Suède, qui m'a apporté la réponse du Roi; elle ne signifie pas grand'chose; j'y vois de l'embarras. Il me dit qu'il est disposé à suivre mes

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