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leur authenticité. Néanmoins, deux pièces de chancellerie, dont l'une est fort curieuse, nous ont révélé quelques articles de ces conventions occultes; la première de ces pièces est une lettre que le ministre des Relations Extérieures de Napoléon1 adressa le 25 avril au chancelier de Russie, comte Roumantsof; il lui rappelle qu'à Tilsitt, l'empereur Alexandre s'était engagé, « si le gouvernement anglais ne consentait à conclure la paix, en reconnaissant que les pavillons de toutes les puissances doivent jouir d'une égale et parfaite indépendance sur les mers, à faire cause commune avec la France, à sommer, de concert avec elle, les trois Cours de Copenhague, de Stockholm et de Lisbonne de fermer leurs ports aux Anglais, et de déclarer la guerre à l'Angleterre et à insister avec force auprès des puissances pour qu'elles adoptent les mêmes principes. » C'est, comme on le voit, la stipulation que nous avons précédemment indiquée à l'article 5 du traité d'alliance.

L'autre pièce est un témoignage, de parole impériale, du plan de partage de l'Empire turc. Cette affirmation, qui est en outre détaillée dans une conférence miuistérielle, se trouve dans un rapport qu'adressait à Napoléon son Envoyé extraordinaire auprès d'Alexandre, peu de mois après la paix de Tilsitt.

Nous donnons, ci-contre, le texte figuré de ce rapport.

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RAPPORT A L'EMPEREUR.

Pétersbourg, le 18 novembre 1807.

Note ou observations du général Savary présentées à l'empereur de Russie.

Par la dépêche écrite de Fontainebleau, le 14 octobre, et reçue à Pétersbourg, le 10 novembre, on témoigne le désir de connaître les motifs qui retardent l'évacuation de la Valachie et de la Moldavie par les troupes russes.

On observe que la paix ne peut être rétablie entre la Russie et la Porte que préalablement cette opération n'ait eu lieu, puisqu'elle est la base du traité de paix et celle de l'armistice qui a été conclu, lequel armistice est le préliminaire de la paix définitive que l'on veut rétablir.

On ajoute que, l'évacuation n'ayant pas lieu, par cela même l'armistice se trouve annulé, et que conséquemment les négociations de paix ne peuvent

s'entamer.

Il en résulte donc l'état de guerre continuel entre la Russie et la Porte, et cependant celle-ci a accepté la médiation de la France. Il a été conclu un armistice par suite de cette médiation, et la Porte fait connaître qu'elle donne à son ambassadeur à Paris les pouvoirs les plus étendus pour traiter de la paix définitive avec la Russie; mais on demande comment ces négociations pourront s'ouvrir tant que l'opération qui en est la première base ne sera point exécutée ?

A l'époque où l'armistice a été conclu, la Russie n'a point fait d'objections sur la principale clause de son contenu, mais seulement sur deux articles qu'elle a rejetés tout à fait, en témoignant son mécontente

Réponses de l'empereur de Russie.

A l'époque du traité de Tilsitt, il a été envoyé au général Michelson, commandant l'armée de Moldavie, une instruction avec des pouvoirs de traiter d'un armistice avec les Turcs et de le ratifier. Pendant le temps des négociations, il est mort à une si grande distance, son successeur n'ayant pu être désigné de suite, le plus ancien général a pris le commandement de l'armée, et s'est arrogé le droit de négocier, de conclure et de ratifier cet armistice, sans y être en aucune manière autorisé.

Pendant l'intervalle qui s'est écoulé après sa ratification, depuis le moment de l'expédition qu'il m'en a faite, jusqu'à celui où il a reçu le refus de mon acceptation, à moins d'être en contradiction avec lui-même, il a dû se mettre en devoir de l'exécuter, et il a effectivement commencé sa marche rétrograde vers le Dniester, avec toute l'armée.

Il avait déjà fait quatre marches en arrière, lorsque tout à coup des hordes de Turcs repassèrent le Danube, rentrèrent dans Galatz, tuèrent des officiers et des membres du gouvernement moldave, se livrèrent à tous les désordres ordinaires aux Turcs, et s'avan cèrent à la poursuite des troupes russes.

Le général qui avait ratifié l'armistice, effrayé luimême de cette infraction, s'arrête d'abord; puis, revenant sur ses pas, chasse les Turcs de Galatz, et les force de repasser le Danube.

Observations.

ment sur le peu de dignité qui avait été observé envers la force de ses armes dans des conférences où elle jouait le premier rôle.

Il a été rendu compte à Paris de cet incident. Les observations de la Russie sur l'inconvenance de ces deux articles et son refus d'y souscrire y ont été approuvés l'empereur Alexandre avait le droit de s'y attendre.

L'empereur Napoléon lui-même, dans ses dépêches du 14 octobre, désapprouve en ce point la conduite de l'officier qui avait l'honneur d'être chargé de sa médiation. Il ajoute qu'il fait donner ordre à son ambassadeur à Constantinople de faire revenir les Turcs sur ces deux articles.

Il a donc partagé le mécontentement de l'empereur Alexandre, et, en ce qu'il dépendait de lui, il s'est empressé d'en faire cesser la cause; mais l'on observe que, quant à la clause principale de l'armistice, les deux articles en question n'ont aucun rapport direct ou indirect avec elle, qu'ils ne l'affaiblissent ni ne la modifient en rien.

La conséquence de ces articles est de nulle valeur, parce que, d'abord, les Turcs se garderont bien de rompre les premiers avec la Russie, et que celle-ci sera toujours la maîtresse de recommencer les hostilités quand elle aura jugé le moment convenable. Ses succès infaillibles justifieront ses droits : ainsi l'époque fixée serait, au contraire, favorable à ses intérêts, en endormant encore la sécurité des Turcs.

L'article relatif à la restitution des vaisseaux pris est annulé de lui-même, parce qu'il est vraiment inexécutable, et conséquemment, il ne peut être un obstacle à l'exécution de l'armistice.

Réponse.

C'est dans ces entrefaites qu'il reçut le refus de mon acceptation à cet armistice, avec l'ordre de demander sur-le-champ aux Turcs de changer ou d'annuler les deux articles en question, et de s'aider de votre lettre à M. Guilleminot pour accélérer la chose tant mon désir de conclure cette paix était sincère.

Les Turcs ont refusé positivement de rien changer à l'armistice, qu'ils venaient de rompre en repassant sur la rive gauche du Danube et en rentrant dans Galatz. J'ai donc dû regarder les choses comme étant encore dans leur premier état, et ne point ordonner l'évacuation convenue dans l'armistice qu'ils venaient de rompre.

Néanmoins, l'on n'a pas donné de suite aux hostilités, dans l'espérance qu'une médiation puissante leur ferait entendre raison et remettrait les choses dans l'état qu'il convenait qu'elles fussent.

Maintenant j'observe que, puisque les Turcs ont eux-mêmes, les premiers, manqué aux engagements réciproques, je tiens beaucoup à faire annuler l'acte, qu'il ne me convient point de garder dans mes archives, et que, quand même je n'aurais pas de réflexions à faire sur les deux articles en question, j'en aurais beaucoup sur les conséquences d'une évacuation comme celle convenue, L'infraction faite de la part des Turcs m'avertit de me mettre en garde, et il serait déraisonnable de ne point prendre des sûretés contre une pareille conduite.

Il est d'abord important de savoir qu'une fois derrière le Dniester, j'ai trente-cinq marches à faire pour arriver au Danube, et que, conséquemment, si je n'ai pas de caution de l'exactitude des Turcs à observer

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