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prussiennes situées en Franconie, en Westphalie et dans la basse Saxe, en annonçant partout que ces pays ne rentreraient plus sous le sceptre de la Prusse. Le 4 novembre, le maréchal Mortier entra dans le pays de Hanovre; le 19, il occupa Hambourg. En s'établissant à Fulde, le 20 novembre, le gouverneur général Thiébault annonça que cette principauté ne serait jamais rendue à la maison d'Orange. Brème fut occupé le 24: Lubeck et la principauté de Mecklenbourg-Schwerin le furent le 28.

Dans le même mois de novembre, le 21, Napoléon adressa au Sénat un message sur lequel nous reviendrons et dans lequel se trouvent ces paroles remarquables: «Nous avons pris pour principe invariable de notre conduite, de ne point évacuer ni Berlin, ni Varsovie, ni les provinces que la force des armes a fait tomber en nos mains, avant que la paix générale ne soit conclue, que les colonies espagnoles, hollandaises et françaises ne soient rendues; que les fondements de la puissance ottomane ne soient raffermis et l'indépendance absolue de ce vaste empire, premier intérêt de notre peuple, irrévocablement consacrée. »>

Maître des Marches de Brandebourg, du duché de Mecklenbourg et des villes hanséatiques, Napoléon envoya en Silésie, avec les troupes auxiliaires bavaroises et würtembergeoises, son frère Jérôme, qu'il chargea de s'emparer des places de l'Oder; lui-même marcha vers la Prusse méridionale. Les crédules habitants de cette province, excités par une proclamation du général Dombrowski et de Joseph Wybicki, qui avait été représentant des villes à la Diète de 1794, se révoltèrent contre le gouvernement prussien. Sans s'expliquer sur ses intentions, Napoléon avait fait espérer aux légions polonaises qui s'étaient formées, en 1796

et 1799, auprès des armées d'Italie et du Rhin, qu'il rétablirait leur république.

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Pendant que Napoléon était à Posnanie, la paix y fut conclue avec l'électeur de Saxe. Ce prince, auquel la Prusse avait fait proposer d'entrer dans la Confédération du Nord, projetée pour balancer celle du Rhin, paraît avoir pris de l'ombrage de ce projet il craignait probablement que son exécution ne le plaçât, par rapport à la Prusse, dans une dépendance à laquelle la situation géographique de ses États ne lui permettait, dans aucun cas, d'échapper, ainsi que l'avaient prouvé les guerres du XVIIIe siècle. L'Électeur ne s'engagea qu'à regret dans la guerre contre la France; il n'y entra même que sous des conditions qui gênèrent les opérations de l'armée prussienne. Le lendemain de la bataille d'Iéna, un corps saxon de six mille hommes avait capitulé. Napoléon renvoya ces troupes dans leurs foyers, déclarant qu'il regardait la Saxe comme neutre. Le 23 octobre, l'Électeur fit publier qu'il n'était pas en guerre avec la France : il envoya son grand chambellan, le comte de Bose, au quartier général de Napoléon pour consolider cette neutralité par une convention formelle. Cet acte fut signé à Posnanie, le 11 décembre 1806, entre le plénipotentiaire saxon et le maréchal Duroc.

Par l'article 2, l'Électeur entra dans la Confédération du Rhin. Il est dit dans l'article 3 qu'il prendra le titre de roi et siégera dans le collége et au rang des rois, suivant l'ordre de son introduction. Par conséquent, si l'assemblée de ce collége avait jamais eu lieu, le roi de Saxe y aurait pris place après le roi de Würtemberg.

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Nous avons parlé ailleurs 1 de l'article 5, un des plus

Voy. t. IX, p. 228.

remarquables de ce traité, parce qu'il renfermait, disait-on, la cause de l'amitié que, depuis cette époque, le roi de Saxe voua à Napoléon.

Voici ce qu'on lit dans l'article 6 du traité de Posnanie: «S. M. l'empereur des Français s'engage à faire céder à S. M. le roi de Saxe, par le futur traité de paix avec la Prusse, le cercle de Cotbus. » Ce district de la Lusace avait appartenu aux électeurs de Brandebourg avant que ceux de la Saxe eussent fait l'acquisition de la Lusace, par la paix de Prague', l'électeur Frédéric II s'étant réservé ce district, lorsque, en 1462, il rétrocéda la Lusace à la couronne de Bohême. L'électeur de Saxe n'avait donc aucun droit à se faire remettre cette possession de son ancien allié.

Il est vrai pourtant que l'acquisition du cercle de Cotbus ne fut pas gratuite. Le nouveau Roi s'engagea à céder au prince qui serait désigné par Napoléon, un territoire équivalent en Thuringe. Nous avons dit ailleurs comment cette stipulation fut accomplie'.

Le contingent du Roi, comme membre de la Confédération rhénane, fut fixé à vingt mille hommes, mais considérablement réduit pour la guerre actuelle.

Art. 83.

Ce traité, ainsi que d'autres analogues avec les maisons ducales de Saxe, fut communiqué au Sénat par un message du 29 janvier 1807, qui tirait surtout son importance d'un rapport qu'il fait connaître, et dans lequel le ministre des Relations Extérieures signalait les dangers qui menaçaient la Porte ottomane. Voici l'une et l'autre de ces pièces :

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Message de l'Empereur et Roi.

« Sénateurs, nous avons ordonné à notre ministre des Relations Extérieures de vous communiquer les traités que nous avons faits avec le roi de Saxe et avec les différents princes souverains de cette maison.

<«< La nation saxonne avait perdu son indépendance le 14 octobre 1756; elle l'a recouvrée le 14 octobre 1806. Après cinquante années, la Saxe, garantie par le traité de Posen, a cessé d'être province prussienne.

<< Le duc de Saxe-Weimar, sans déclaration préalable, a embrassé la cause de nos ennemis. Son sort devrait servir de règle aux princes qui sans être liés par des lois fondamentales, se mêlent des querelles des grandes nations, mais nous avons cédé au désir de voir notre réconciliation avec la maison de Saxe entière et sans mélange.

<< Le prince de Saxe-Cobourg est mort. Son fils se trouvant dans le camp de nos ennemis, nous avons fait mettre le séquestre sur sa principauté.

<<< Nous avons aussi ordonné que le rapport de notre ministre des Relations Extérieures sur les dangers de la Porte ottomane fût mis sous vos yeux. Témoin, dès les premiers temps de notre jeunesse, de tous les maux que produit la guerre, notre bonheur, notre gloire, notre ambition, nous les avons placés dans les conquêtes et les travaux de la paix; mais la force des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons mérite notre principale sollicitude. Il a fallu quinze ans de victoires pour donner à la France des équivalents de ce partage de la Pologne qu'une seule campagne, faite en 1778, aurait empêché.

«< Eh! qui pourrait calculer la durée des guerres, le nombre de campagnes qu'il faudrait faire un jour pour réparer les malheurs qui résulteraient de la perte de

l'empire de Constantinople, si l'amour d'un lâche repos et des délices de la grande ville l'emportait sur les conseils d'une sage prévoyance! Nous laisserions à nos neveux un long héritage de guerre et de malheurs. La tiare grecque relevée et triomphante depuis la Baltique jusqu'à la Méditerranée, on verrait de nos jours nos provinces attaquées par une nuée de fanatiques et de barbares, et si dans cette lutte, trop tardive, l'Europe civilisée venait à périr, notre coupable indifférence exciterait justement les plaintes de la postérité, et serait un titre d'opprobre dans l'histoire.

« L'empereur de Perse, tourmenté dans l'intérieur de ses États comme le fut pendant soixante ans la Pologne, comme l'est depuis vingt ans la Turquie, par la politique du Cabinet de Pétersbourg, est animé des mêmes sentiments que la Porte, a pris les mêmes résolutions, et marche en personne sur le Caucase pour défendre ses frontières.

«Mais déjà l'ambition de nos ennemis a été confondue; leur armée a été défaite à Pultusk et à Golymin, et leurs bataillons épouvantés fuient au loin à l'aspect de nos aigles.

doit

« Dans de pareilles positions, la paix, pour être sûre pour nous, doit garantir l'indépendance entière de ces deux grands empires; et si, par l'injustice et l'ambition démesurée de nos ennemis, la guerre se continuer encore, nos peuples se montreront constamment dignes par leur énergie, par leur amour pour notre personne, des hautes destinées qui couronneront tous nos travaux; et alors seulement une paix stable et longue fera succéder pour nos peuples, à ces jours de gloire, des jours heureux et paisibles.

<< Donné en notre camp impérial de Varsovie, le 29 janvier 1807.

« Signé NAPOLÉON. >>>

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