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l'épée du héros, son cordon de l'aigle noire, et sa ceinture de général.

Ces reliques n'avoient de prix réel que là où elles avoient été déposées. Le plaisir que leur vue fit éprouver aux soldats invalides de Paris, n'égala pas à beaucoup près le chagrin que ceux de Berlin ressentirent de cet enlèvement sacrilége.

Après quelques jours de repos, l'armée françoise se mit en marche pour la Pologne, où l'armée russe venoit d'entrer. L'empereur Alexandre avoit mis trop tard en mouvement les forces destinées à protéger son allié. Le sort de cette guerre auroit pu changer, ou du moins rester longtemps incertain, si les troupes des puissances alliées avoient été mues et dirigées avec l'ensemble et l'activité qui animoient et dirigeoient l'armée françoise.

L'avant-garde de celle-ci, conduite par de maréchal Davoust, arriva le 28 novembre aux portes de Varsovie, qui lui furent ouvertes dès la première sommation, tandis que la garnison russe, trop foible pour résister aux habitants et aux François, sortoit par les portes opposées.

Les Polonois accueillirent les François avec une joie vive, mais inconsidérée ; l'empereur leur avoit promis, et à plusieurs reprises, de leur rendre leur antique indépendance.

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Sur sa parole, ils convoquèrent une diète, formèrent une confédération, et s'unirent à Napoléon pour repousser les Russes. Ceux-ci se retirèrent en bon ordre, d'abord derrière la Vistule, ensuite derrière le Bug, puis enfin derrière le Nié

men.

Chacune de ces retraites fut précédée d'un combat meurtrier, et coûta beaucoup d'hommes de part et d'autre, sans résultat décisif. C'étoit un plan de campagne prescrit par la nécessité, d'autres disent conseillé par le général Kutusoff, qui vouloit attirer les François dans un pays dont l'hiver rigoureux devoit être pour lui, ce qu'il fut plus tard, un puissant auxiliaire.

Quoi qu'il en soit, le 6 février, tous les 1807. corps de l'armée françoise se trouvant Bataille réunis à Preussych-Eylau, en face de d'Eylau. l'armée russe et à deux portées de canon, une bataille générale devenoit inévitable. Les deux armées la désiroient avec la même impatience; elle dura trois jours, et fut soutenue des deux côtés avec un égal acharnement, malgré la neige, le vent, la pluie, et toutes les incommodités réunies du climat et de la saison. Le corps du maréchal Augereau fut exposé pendant deux heures au feu d'une batterie qui en fit périr la plus grande partie

luj-même fut blessé grièvement. L'empe-1807. reur des François trouva là une résistance à laquelle il ne s'attendoit pas, mais qu'il avoit résolu de vaincre à quelque prix que ce fût. Il exposa d'abord par échelons, puis tous en masse, les corps d'armée que commandoient les maréchaux Bernadotte, Davoust, Ney, Lefebvre et Bessières. Chacun d'eux, et tous ensemble attaquèrent avec leur intrépidité accoutumée les masses inébranlables des Russes, furent repoussés plusieurs fois, et retournèrent autant de fois à la charge.

K

C'étoit des deux côtés même ardeur, mêmes efforts, et une épouvantable boucherie. << Trois cents bouches à feu, dit le cinquante-huitième bulletin de la grande armée, vomissoient la mort de part et d'autre. Le mal de l'ennemi est immense, dit le même bulletin; le nôtre n'est pas moindre. »

par

De notre côté les généraux d'Almann, d'Hautpoult et Colineau furent emportés le canon avec eux périrent les colonels Lacuée, Lemarrois, Bouvières et vingt-deux autres officiers du même grade. On évalue à dix-neuf mille hommes la perte que nous fimes pendant les trois jours que dura cette sanglante mêlée, qui en coûta sûrement davantage à l'ennemi. Napoléon resta maître du champ de ba

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taille, et se flatta, par cet avantage, d'avoir remporté une victoire de plus. L'armée russe fit sa retraite en bon ordre, et sans être inquiétée: la nôtre n'étoit guère en état de la poursuivre.

Le reste de l'hiver se passa en escarmouches de peu d'importance, et en négociations sans succès. Le maréchal Lefebvre reçut l'ordre d'aller faire le siége de Dantzick. Ce siége fut long, meurtrier et un des plus mémorables de la guerre; mais à la fin la ville se rendit; car il n'y a plus de ville imprenable.

L'empereur demanda une levée de cent mille hommes au sénat, qui lui répondit que ses ordres étoient accomplis, que la France, pleine de confiance dans son génie, dans sa sagesse et dans sa modération, ne doutoit pas que l'ennemi ne dût bientôt recevoir ses lois ou la mort: car l'hiver, ajoutoit l'habile interprète de la pensée du sénat, l'hiver, le seul allié de la Russie, doit bientôt cesser de la défendre par ses neiges, ses frimas et ses inondations (1).›

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En effet, le printemps tardif en ces climats, en rappelant les beaux jours, y ramena toutes les horreurs de la guerre. Les divisions des deux grandes armées quittèrent leurs cantonnements dans les premiers jours de juin, marchèrent au(1) Rapport du sénat, 14 avril 1807.

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devant l'une de l'autre, également animées du désir de se venger des pertes qu'elles avoient essuyées à Eylau, et se rencontrèrent à Friedland, petite ville de la Prusse ducale. Ce fut là que, le 14 juin, se donna la bataille qui termina la campagne et la guerre.

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de

Au premier coup de canon, qui l'an- Bataille nonça à trois heures du matin, Napoléon Friedland. qui, dans ces moments, avoit toujours une présence d'esprit admirable, dit aux offi-) ciers généraux qui l'entouroient: Bonne nouvelle, messieurs, c'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo! Ce mot heureux courut dans les rangs, fut répété par tous les soldats, et fit de chacun d'eux un héros. Le maréchal Ney commandoit la droite, le général Victor la réserve, et le maréchal Mortier la gauche.

Le maréchal Lannes, qui commandoit le centre, soutint pendant deux heures les efforts de toute l'armée russe, et ne put être entamé; et bientôt secondé par les maréchaux Ney, Victor et Mortier, il marcha en avant, écrasant tout ce qu'il rencontroit; la mêlée fut horrible. La nuit ne sépara pas les combattants. Les François poursuivirent les Russes jusqu'à près de onze heures du soir. Les Russes se battirent avec leur sang-froid ordinaire, et soutinrent pendant seize heures et le feu

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