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physionomie parfaitement berbère. M. le général Faidherbe adopte la plupart des valeurs proposées par M. Halévy.

Comme on devait s'y attendre, la langue de ces importantes inscriptions se trouve être le berber ou le touareg. Voilà donc une grande individualité ethnographique et linguistique qui se dessine chaque jour de mieux en mieux. La création de cette branche nouvelle d'études est l'œuvre presque exclusive de notre laborieuse colonie algérienne. Les ouvrages en langue kabyle et en caractères latins commencent même à s'imprimer à Alger1. Enfin, les questions d'origines, les problèmes d'ethnographie primitive sont soulevés avec beaucoup d'ardeur, et il faut s'en féliciter. A quelle famille ou à quel autre membre linguistique isolé se rattachera le berber? Comment classer les types assez divers de la population algérienne et saharienne? Quel lien établir entre ces vieux éléments ethnographiques, quels qu'ils soient, et les monuments dits celtiques si nombreux en Algérie, et les restes nombreux d'un âge de pierre (pointes de flèches en silex, etc.) qu'on rencontre là, comme partout ailleurs2? Bien des doutes restent sur tout cela. Nos confrères d'Al

1 Catéchisme du diocèse d'Alger, en langue kabyle, imprimé par ordre de M. Allemand-Lavigerie, archevêque d'Alger, Bastide, 1868, in-16, 236 pages. Livre des Épitres et Évangiles, même langue, mêmes auspices, même format, même librairie, 1869, 268 pages. 2 Recueil de Constantine, t. IV, 1870, p. 309 et suiv. (article de M. Oppetit); Revue africaine, nov. 1871, janvier-février 1872 (article de M. L. Mercier); mars-avril 1872 (article de M. Féraud).

gérie ont trop de jugement pour tirer des conséquences bien précises de ces outils en silex dont on a pu continuer à se servir jusqu'à des époques trèsrapprochées de nous. Quant à cette funeste appellation de celtique, appliquée à des monuments qui, même en Europe, ne paraissent nullement avoir été caractéristiques des Celtes, il serait plus fàcheux encore qu'elle tirât à conséquence. Sachons attendre; les questions sont posées, c'est beaucoup; et elles ne sont pas insolubles. L'individualité berbère, en dehors des apports puniques, romains, vandales, byzantins, arabes, turcs, se dessine nettement1; on verra plus tard quels sont ses titres de parenté avec les autres familles humaines déjà étudiées.

Notre forte école d'égyptologie n'est pas restée oisive. M. Mariette continue sans désemparer la série de ses grandes publications sur les monuments qu'il a découverts ou achevé de mettre en lumière. Cette année, c'est le recueil des inscriptions de Dendérah2 que nous donne le grand explorateur; c'est aussi la 1 partie du recueil des papyrus du musée de Boulaq3. La collection de Boulaq, moins riche que

re

1 Une note déjà ancienne, mais excellente, de M. Hase, sur les populations de l'Algérie, a été insérée dans la Revue africaine, juillet 1871.

2 Denderah. Description générale du grand temple de cette ville, t. I et II, 167 planches, in-fol. Paris, librairie Franck.

3 Les papyrus égyptiens du musée de Boulaq, publiés en fac-simile, t. I, papyrus, 1 à 9, in-fol. Paris, Franck, 1870. Voir Maspero, Revue critique, 23 mars 1872.

certaines collections d'Europe, est très-importante encore. Ces textes nouveaux, de l'aveu des juges compétents, introduisent dans la science des données essentielles.

Non moins ardente que celle de M. Mariette est l'activité de M. Maspero. C'est vers une constitution organique de la grammaire égyptienne à ses différents âges que paraissent tendre les efforts de ce jeune savant. Dans votre journal1, il a analysé le pronom personnel. Dans un opuscule séparé, il a étudié les formes du verbe, et rectifié quelques-unes des vues auxquelles s'était arrêté M. Brugsch 2. Parmi les monuments qu'il a expliqués, nous voyons une stèle très-importante que M. Mariette a trouvée à Djébel-Barkal (Napata) et qui paraît contenir des anathèmes contre une secte dont le caractère est difficile à déterminer 3, un amulette, un papyrus qui donne des renseignements curieux sur l'état des classes ouvrières en Égypte 5.

M. Chabas a repris le difficile problème des rois pasteurs, et a fait entrer dans la discussion un texte important, qui avait été négligé jusqu'ici. M. Mas

1 Journal asiatique, août-septembre 1871..

2 Des formes de la conjugaison en égyptien antique, en démotique et en copte. 6o fascicule de la Bibliothèque de l'école des hautes études. Paris, Franck, 1871, autographić, 123 pages, in-8°. Comp. Revue critique, 11 mai et 8 juin 1872, et Journal asiatique, févriermars 1872.

3 Revue archéol., décembre 1871.

Comptes rendus de l'Acad. des inscr., 1871, p. 238-244.

• Ibid., p. 245-246.

• Les pasteurs en Égypte, mém. publié par l'Académie royale des

pero a repris la question avec sa critique serrée, et paraît l'avoir fait avancer. M. François Lenormant a continué ses études sur l'époque éthiopienne de l'histoire d'Égypte 2. M. Jacques de Rougé a terminé ses recherches sur les textes géographiques du temple d'Edfou3.

M. Pierret a étudié dans la religion égyptienne le dogme de la résurrection. Ses citations, empruntées au livre des morts ou rituel funéraire, prouvent pour ceux qui en auraient pu douter que l'origine ou du moins l'une des origines de ce dogme doit être cherchée en Égypte. Ainsi la religion égyptienne semble prendre une place de premier ordre dans l'histoire du développement religieux du monde. Quelques-unes des croyances les plus essentielles de l'humanité semblent être venues de ce côté.

Les idées que nous devons nous former de la littérature morale des Égyptiens se sont d'un autre côté fort agrandies, grâce à la traduction que M. de Rougé et M. Maspero ont donnée chacun de leur côté d'un papyrus de Boulaq, contenant un dialogue moral entre un vieux sage de l'Égypte, le scribe

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sciences d'Amsterdam. Amsterdam, C. G. van der Post, 1869, in-4°, 56 pages.

1 Revue critique, septembre 1871.

2 Revue archéol., octobre 1871, janvier 1872.

3 Revue archéol., février 1872.

Le dogme de la résurrection chez les anciens Égyptiens. Paris,

Franck, 24 pages, in-4°, autographié.

5 Comptes rendus de l'Acad. des inscr., 1871, p. 340-351.

• Dans le recueil anglais The Academy, août 1871.

Ani, et son fils Khons-hotep. Une conduite prudente, honorable, religieuse, digne en tout d'un homme bien élevé, à cela se bornent à peu près les conseils d'Ani; on croit par moments entendre les préceptes de sagesse pratique de la Chine, ou les sentences hébraïques d'Agur et de Lemuel. Le style de ces ouvrages gnomiques de la vieille Égypte paraît, comme l'ancien style parabolique des Sémites, avoir atteint un haut degré de prétention littéraire. Cette prétention est cause que, dans le curieux morceau traduit par M. de Rougé et par M. Maspero, une foule de passages restent obscurs.

M. Pierret a soulevé devant l'Académie des inscriptions la question de ces écritures inconnues dont les papyrus égyptiens offrent des spécimens; M. Maspero a montré qu'il y faut voir des écritures en chiffres1.

Les discussions relatives à l'âge de pierre en Égypte ont été également portées devant l'Académie 2. On a paru d'accord pour ne pas établir en pareille matière de théorie générale sur des faits appartenant à des pays et à des âges différents.

M. Revillout, enfin, a continué devant le même corps ses communications sur l'histoire des Coptes3. Sa notice sur l'archimandrite Sénouti est pleine d'intérêt. M. Revillout fait entre cet étrange personnage

1

Comptes rendus de l'Académie, 1871, p. 185-187 et planches; p. 189-193.

2 Comptes rendus, 1871, p. 357 et suiv.

3 Comptes rendus, 1871, p. 30-43.

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