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les prêtres pharisiens, et aucunement d'une prescription légale. La Mischna, rédigée plus d'un siècle après la destruction du temple, et pour laquelle tout ce qui concernait le culte de Jérusalem n'avait plus qu'une importance théorique, a eu le tort de dépouiller le fait de sa forme historique et d'en faire une règle générale1. Mais on voit, par cet acte cruel, jusqu'où pouvait s'égarer le fanatisme des prêtres, qui voyaient dans le prévaricateur qui s'était approché de l'autel sans s'être soumis aux purifications un faux frère qui insultait à Dieu lui-même.

Une histoire qui se rapporte davantage à notre sujet est racontée par le Talmud de Babylone (Pesahim, 3b)2. « Un païen, qui était monté à Jérusalem et y avait mangé du sacrifice pascal, se vantait de sa prouesse, en disant: Il est écrit : « Aucun étranger « n'en mangera, l'incirconcis n'en mangera pas >>

1 Comme je l'ai fait remarquer dans le texte, cet acte de justice sommaire, pratiquée par les jeunes prêtres, est raconté par la Mischna dans le même paragraphe où il est parlé des violences auxquelles se livrent, ou plutôt se livraient les zélotes pour la répression de certains faits; il ne s'agit donc pas d'un article de loi ni d'une prescription régulière. Du reste, toute cette époque est déjà si éloignée pour le rédacteur de la Mischna, qu'on y mentionne quelques actions réputées criminelles par les zélotes, et dont l'intelligence paraît déjà échapper à l'auteur lui-même.

ההוא ארמאה דהוה סליק ואכיל פסחים בירושלים אמר 2 כתיב וכל בן נכר לא יאכל בו כל ערל לא יאכל בו ואנא הא קאכילנא משופרי שופרי אמר ליה ר' יהודה בן בתירה מי קא ספו לך מאליה אמר ליה לא כי סלקת להתם אימא להו ספו לי מאליה כי סליק אמר להו מאליה ספו לי אמרו ליה אליה

(Exode, xII, 43, 48), et cependant j'en ai mangé, et les meilleurs morceaux! R. Jehouda ben Batyra (c'était un docteur célèbre de Nisibe) lui demanda : T'a-t-on donné une partie grasse de la queue? Non, répondit le païen. - Eh bien! reprit R. Jehouda, en retournant à Jérusalem, fais-toi servir de la queue. En effet, arrivé à Jérusalem, le païen demanda qu'on lui offrît un morceau gras de la queue. Mais, dirent aussitôt les commensaux, la queue doit être sacrifiée! Qui donc t'a appris à nous en parler? R. Jehouda ben Batyra. Étonnés, ils firent

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des recherches, et découvrirent qu'ils avaient eu affaire à un païen. Ils le tuèrent, et écrivirent à R. Jehouda Salut à toi, Ben-Batyra, tu demeures à Nisibe, mais tes filets s'étendent jusqu'à Jérusalem. » Certes, quelque coupable que pût paraître la conduite de l'intrus qui s'était glissé au milieu d'une solennité éminemment juive, aucun Sanhedrin ne l'eût condamné à mort, et R. Jehouda ne pouvait penser qu'à démasquer le faux pèlerin qui s'était moqué de ses coreligionnaires de Jérusalem. Si, comme on l'a supposé, ce R. Jehouda appartenait à la famille des Beni-Batyra, les protégés d'Hérode, il n'était certes pas un zélote. Cependant il s'est trouvé dans Jérusalem des fanatiques qui non - seulement

לגבוה סלקא אמרו ליה מאן אמר לך הכי אמר להו ר' יהודה בן בתירה אמרו מאי האי דקמן בדקו בתריה ואשכחיה דארמאה הוה וקטלוה שלחו ליה לרבי יהודה בן בתירה שלם לך רבי יהודה בן בתירה דאת בנציבין ומצודתך פרוסה בירושלים

ont puni par la mort la profanation d'une sainte réunion par un idolâtre, mais qui ont osé féliciter à mots couverts le célèbre rabbin de Nisibe de leur avoir fourni les moyens d'exercer une vengeance.

Je me résume. De ce qui précède, il me paraît résulter: 1° que la menace d'une condamnation à la peine capitale pour profanation du temple aurait été, depuis le temps d'Hérode, impossible et ridicule; 2° que l'exclusion des païens du temple n'était qu'une mesure inspirée par les calamités de l'époque et par la faiblesse même de la nation juive; 3° qu'aucune profanation du temple n'était punie d'une peine capitale, et que tous les textes ne parlent que d'une mort surnaturelle; 4° que les passages de Philon même paraissent également s'appliquer à une sorte de fatum inévitable, poursuivant le coupable profanateur; 5° que le profanateur avait cependant à craindre la justice sommaire du peuple ameuté ou d'un dévot fanatique; 6° que l'inscription gravée sur notre stèle, pour les raisons qui précèdent aussi bien qu'à cause de son texte1, ne doit pas être com

1 J'ai déjà dit plus haut que je ne puis savoir si les premiers paragraphes du mémoire de M. Clermont-Ganneau ont subi quelques changements. Il m'a paru que le châtiment légal et juridique y est énoncé d'une manière moins précise qu'il ne l'avait été dans le mémoire lu. Je n'ai attaché aucune importance à la harangue mise par Josèphe (B. J. VII, 11, 4) dans la bouche de Titus, non-seulement parce que ces harangues sont d'ordinaire des œuvres de fantaisie, comme M. Ganneau le reconnaît lui-même, et que celle-ci se trahit particulièrement comme une maladroite flagornerie de l'historien juif par l'exagération qu'expriment les mots : nav Pwpaiwv tis †, mais parce que, d'après les belles recherches de M. Bernays (Ueber

prise comme une menace de peine capitale, appliquée à la suite d'un jugement régulier et juridique.

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 12 JUILLET 1872.

La séance est ouverte à huit heures par M. Mohl, dent.

Le procès-verbal est lu; la rédaction en est adoptée.
Est présenté et reçu membre de la Société :

prési

M. W. WRIGHT, professeur d'arabe à l'université de Cambridge, présenté par MM. Mohl et Zotenberg.

M. Mohl communique au Conseil une lettre de M. Pauthier, qui donne sa démission de membre de la commission du Journal et de la commission des fonds. Le Conseil exprime ses regrets de la décision prise par un de ses confrères qui a rendu à la Société des services signalés; il s'entend que M. Pauthier restera membre du Conseil.

M. Garrez est nommé provisoirement membre de la com

die Chronik des Sulpicius Severus, Breslau, 1861. Cf. mon Essai, à la p. 289, note 1), toute cette relation de la tendresse que le clément empereur aurait éprouvée pour le temple est un tissu de mensonges ineptes, inventés pour créer cette réputation factice de bonté qui en imposa longtemps à la postérité, et dont M. Beulé a fait justice dans son étude sur Titus. - Mais M. Ganneau a bien fait d'insister sur le mot 20, employé dans l'inscription, et qui prouve en effet qu'on a pensé surtout au danger auquel s'exposait l'imprudent de la part des fanatiques.

mission des fonds, en remplacement de M. Pauthier, démissionnaire.

M. Rudy est autorisé à emprunter le manuscrit du Suvarnaprabhâsa, appartenant à la bibliothèque de la Société. Sont nommés membres de la commission du Journal de la Société :

MM. REGNIER;

DEFRÉMERY;

BARBIER DE MEYNARD;
PAUTHIER;

GARCIN DE TASSY.

M. Pauthier ayant donné sa démission de membre de la commission, le Conseil pourvoira, dans une prochaine séance, à la place vacante.

OUVRAGES OFFERTS À LA société.

Par le Comité de rédaction. Journal des Savants, juin 1872. Par l'éditeur. The Phoenix, vol. II, n° 23, mai 1872, in-4°. Par l'auteur. Revue critique de l'inscription dite de Borsippa, par Jos. Grivel (Revue de la Suisse catholique, juin 1872, in-8°).

Par les rédacteurs. The Academy, vol. I, 1869-1870, vol. II, 1870-1871, et six numéros (janv., février et mars 1872), in-4°.

Par l'auteur. Contributions towards the materia medica and natural history of China, by F. P. Smith. Shanghai et Londres, chez Trübner, 1871, in-4°, 237 pages.

Par l'auteur. Storia di Sohrab, traduzione dal persiano, di Italo Pizzi. Parma, 1872, in-12, 271 pages.

Par l'auteur. Durga Puja, by Pratapachandra Ghosha. Calcutta, 1871, in-12, XXII-83 pages, appendice, LXX pages.

Par l'auteur. Dictionnaire français-arabe pour la conversation en Algérie, par A. Cherbonneau. Paris, 1872, pet. in-8", XXIII-629 pages.

Par l'auteur. Lao-Tsu, a study in chinese philosophy, by J. Waters. Hongkong, 1870, in-8°, 114 pages. (London, William and Norgate.)

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