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Reine, pour poursuivre, en les étendant, les recherches commencées; les ressources de la Société consistaient uniquement en souscriptions annuelles qui aujourd'hui atteignent un chiffre considérable, peut-être une centaine de mille francs. Le capitaine Wilson, assisté par le lieutenant Anderson, entreprit, pour le compte de la nouvelle Société, une suite de recherches en Samarie, en Galilée, sur les deux rives du Jourdain; quelques points furent même fouillés, sans grands résultats il est vrai, mais l'expédition recueillit une riche moisson de plans, cartes, dessins et photographies dont la vente fructueuse vint donner une nouvelle impulsion à la Société. Nous ne mentionnerons que pour mémoire l'exploration du Sinaï entreprise vers la même époque.

Enfin en 1867, la Société, pouvant disposer de grandes ressources, résolut d'organiser une nouvelle expédition, dans le but particulier de commencer à Jérusalem une série d'excavations systématiques destinées à éclaircir les questions si nombreuses, si complexes et si controversées, de la topographie de la ville sainte. La direction en fut confiée au capitaine Warren, des ingénieurs royaux, qui, pendant trois années consécutives, s'acquitta à merveille de cette tâche difficile, souvent périlleuse. Les obstacles étaient de deux genres: d'abord l'opposition

du

gouvernement turc, l'hostilité des autorités locales, les préjugés, le fanatisme et la cupidité des populations; d'autre part, la nécessité de creuser des puits souvent à plus de cent pieds de profondeur, et

de cheminer dans des galeries de mine à travers un sol perfide et mouvant, qui faillit maintes fois engloutir dans des crevasses subitement formées les hardis explorateurs. A cela il faut ajouter l'insuffisance des moyens techniques dont on pouvait disposer; la nécessité d'employer pour ces fouilles délicates des paysans ou fellâhîns du pays, l'obligation de les dresser à ce métier tout nouveau pour eux, et de les surveiller sans relâche; mille choses enfin dont seuls peuvent se faire une idée exacte ceux qui connaissent l'Orient pour y avoir séjourné quelque peu.

La ténacité, l'énergie, une intelligence parfaite des conditions de réussite, le courage souvent poussé jusqu'à la témérité permirent au capitaine Warren de triompher de tous ces obstacles et d'exécuter aussi complétement que possible le hardi projet d'explorer une partie de la Jérusalem souterraine. Ces travaux de mine ne l'empêchèrent pas de se livrer à d'autres recherches fécondes, comme l'exploration du Liban et le relevé cartographique de diverses régions de la Palestine trans- et cis-jordanique, qui fournit d'excellents matériaux pour une carte de Palestine vraiment digne de ce nom. Mais il serait trop long de rendre un compte détaillé de tous les travaux accomplis. Je voudrais donner seulement en quelques mots un aperçu des fouilles faites à Jérusalem, qu'un séjour de plusieurs années sur les lieux m'a permis de suivre sans interruption, et indiquer les principales découvertes qu'elles ont amenées.

Avant d'aborder ce sujet je rappellerai, pour terminer d'un mot l'histoire des actes du Palestine Exploration Fund, que la mission du capitaine Warren ayant pris fin en 1870, il y eut un temps d'arrêt d'une année pendant lequel on s'occupa principalement de la publication des matériaux recueillis. En 1871, la Société résolut de faire exécuter une carte générale trigonométrique de la Palestine, indispensable pour l'étude de la topographie ancienne. La direction de l'œuvre fut confiée au capitaine Stewart également du corps des ingénieurs royaux, qui, tombé gravement malade, vient de revenir en Angleterre et va être remplacé par le lieutenant Conder; dans l'intervalle, une base pour la carte a été mesurée avec toute la précision voulue, et les opérations géodésiques sont actuellement en pleine activité.

Les fouilles les plus intéressantes sont celles qui ont eu pour objet l'enceinte du Haram ech-Chérif, correspondant exactement, comme on le sait, à l'emplacement de l'ancien temple juif. L'esplanade du Haram, située à l'intérieur de la ville actuelle, forme une espèce de parallelogramme irrégulier assez exactement orienté la face nord mesure 1,042 pieds anglais de long, la face ouest 1,601, la face sud 922, et la face est, qui longe la vallée du Cédron, 1,530. Les quatre côtés sont limités par un mur d'enceinte de construction hétérogène et d'appareils divers sur l'âge desquels on a fort longtemps disputé et l'on n'est même pas aujourd'hui tout à fait d'accord. A

:

peu près au centre s'élève la fameuse mosquée de la Sakhra ou roche sainte; an sud on voit la grande mosquée d'El-Aqsa, et çà et là, dans ce vaste espace, une foule de petites mosquées, wélis, médrèsè, constructions diverses dont on ne peut se rendre compte qu'avec un plan détaillé sous les yeux. Des fouilles étant impossibles à l'intérieur de l'enceinte sacrée, où les chrétiens ne peuvent pénétrer que depuis la guerre de Crimée, le capitaine Warren dut se borner à attaquer le périmètre de l'extérieur.

Une de ses premières excavations fut entreprise à l'extrémité méridionale de la face ouest de l'enceinte, pour retrouver sous terre les traces du pont dit de Robinson, dont on voit encore les arrachements adhérents au mur du Haram et qui était destiné à faire communiquer la ville haute avec le temple en traversant la vallée du Tyropœon. Cette vallée est aujourd'hui à peu près comblée par une accumulation prodigieuse de débris qu'on retrouve partout à Jérusalem et qui a amené sur presque tous les points un exhaussement énorme du sol. Après avoir creusé une série de puits qui ont permis de déterminer avec précision la forme, la profondeur et la direction de la vallée du Tyropoon, le capitaine Warren découvrit les fondations du pilier sur lequel reposait primitivement l'arche du pont et les voussoirs mêmes du pont écroulé recouverts par une couche de terre rapportée de plus de 45 pieds d'épaisseur. Les voussoirs gisaient sur un pavage antique qui s'étendait du pilier au mur du Haram,

et qui nous donne ainsi le niveau de la Jérusalem des Hérodes. Ce dallage reposait lui-même sur une couche de débris plus anciens, de 23 pieds de hauteur, sous lesquels on retrouva d'autres voussoirs d'une arche tombée sur le roc primitif et ayant défoncé la voûte d'un canal, creusé dans le roc, qui courait parallèlement au mur du Haram. Ainsi donc la vallée du Tyropœon avait subi sur ce point un exhaussement de 68 pieds; un premier pont, qui la traversait à l'époque où le roc était encore à nu, ayant été détruit, le sol commença à s'exhausser de 23 pieds par une accumulation lente de débris de toute sorte représentant un espace de temps considérable; à ce moment un dallage fut placé sur cette couche, et le pont, reconstruit depuis, ayant été détruit de nouveau, les débris vinrent tomber sur le pavage et furent à leur tour recouverts par un exhaussement de 45 pieds.

Des excavations analogues à celle que nous venons de décrire avec quelque détail pour donner une idée des travaux exécutés, furent entreprises le long de la face ouest, au pont dit de Wilson, à la porte de Barclay, à l'angle sud-ouest, le long de la face sud, à l'angle sud-est et à l'angle nord-est de l'enceinte. On retrouva sur plusieurs de ces points le mur antique descendant au-dessous du niveau actuel à de grandes profondeurs. Des différences spécifiques de la plus baute importance dans la taille des blocs, les niveaux des assises, et la nature des appareils, ont été constatées et permettent aujour

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