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lon, l'amiral Gantheaume; à Montpellier, M. Pelet ; à Toulouse, le général Caffarelli; à Bordeaux, le sénateur Garnier; à la Rochelle, M. Boissy-d'Anglas; à Rennes, M. Canclaux; à Caen, M. LatourMaubourg; à Rouen, M. de Montesquiou; à Lille, M. de Villemanzy; à Dijon, M. de Ségur; à Lyon, M. Chaptal; à Périgueux, M. Cochon. Il est même une place pour M. de Sémonville à Bourges; à Tours, M. Lecoulteux; à Bruxelles, M. Pontécoulant; à Liége, le savant Monge. Ces commissaires extraordinaires sont chargés de maintenir l'esprit public, d'organiser les gardes nationales, d'accélérer la conscription. Le sénat, par ses commissaires, grandit et devient une puissance d'action dans l'État; quel rôle sera-t-il appelé à jouer? Au milieu d'une nation épuisée, que peut faire la présence de quelques sénateurs fatigués et vieillis sous tous les régimes?

La dictature est complète; Napoléon, de sa propre autorité, impose des contributions extraordinaires pour 1814; il double l'impôt foncier et le personnel; ce qu'il a fait pour 1813, il l'accomplit pour l'année suivante, toujours en vertu de sa force; propriétaires et fermiers, tous également imposés supporteront la moitié du sacrifice. Il y a des masses d'ouvriers sans ouvrage, Napoléon veut qu'on en forme des régiments de volontaires qui prennent l'engagement de servir jusqu'à ce que l'ennemi quitte le territoire français; comme sous la convention on donnera des secours aux veuves, aux enfants des défenseurs de la patrie. Un autre décret active la circulation de l'argent; Napoléon ordonne que le prêt sur gages aura lieu à tout intérêt et que la loi qui en fixe le taux est abolie. Par un étrange mélange de révolu

Décret du 18 janvier 1814.

« 1. Il sera formé des régiments de volontaires composés des ouvriers des manufactures de Paris, Rouen, Amiens, Alençon, Caen, Lille, Reims, Saint-Quentin, Louviers, Elbœuf et autres villes et fabriques des 1re, 2o, 14o, 15e et 16e divisions militaires, qui se trouvent sans ouvrage.

» 2. Les volontaires qui se présenteront pour entrer dans lesdits corps, contracteront l'engagement de servir jusqu'à ce que l'ennemi ait été chassé du territoire français.

3. A compter du jour de leur départ, les femmes et les enfants desdits volontaires recevront un secours du gouvernement qui leur sera distribué par les mains des chefs de manufactures, fabriques et ateliers auxquels ils appartiennent.

» 4. Ces volontaires formeront des régiments de tirailleurs et de fusiliers qui seront à la suite de la jeune garde: ils seront habillés, nourris et soldés comme elle. »

tion et de monarchie, on emploie toutes les forces de la France, mais on ne veut pas la démocratiser. Que l'ouvrier vienne s'enrégimenter, on le recevra comme soldat; on lui impose les charges de la patrie, sans lui donner les bienfaits de la liberté; l'esprit du gouvernement reste toujours cérémonieux et monarchique; Napoléon a peur des jacobins.

Pour réparer ce vide de démocratie, la police multiplie des moyens d'action sur les masses; on parle à pleine voix d'une résistance nationale. Sur chaque théâtre on joue des pièces, on chante des couplets de circonstance, et, par une bizarrerie inconcevable, ce n'est pas l'énergique esprit républicain que l'on invoque, ni le drapeau tricolore que l'on déploie, mais l'oriflamme fleurdelisée. On prépare même à l'Opéra, pour cette crise, un grand drame sur Charles-Martel où se montrent toutes les pompes chevaleresques : rois, dames, fleurs de lis, gentilshommes; ici c'est Raoul, issu d'un noble chevalier, là Charles-Martel qui lève l'oriflamme: « La scène se passe non loin de Poitiers, dans cette plaine où Charles-Martel remporta sa mémorable victoire (je rapporte ici le programme). Dans une campagne riante, on voit une chapelle gothique et un tombeau; Raoul est couvert des ombres du trépas. « Sur son destin ne pleurez pas, car il est mort pour la patrie. >> Depuis cette mort, trente ans se sont écoulés, une fête se prépare, deux jeunes amants vont devenir époux; la campagne est tranquille; tout à coup un grand désordre se manifeste, on annonce que les Sarrasins se répandent dans la campagne; on voit la cohorte sanglante se répandre dans les hameaux et poursuivre les femmes tremblantes; on crie vengeance. Au milieu de ce tumulte, un chevalier paraît portant l'oriflamme fleurdelisée et bénite à SaintDenis; ce chevalier annonce que l'illustre chef des Francs arrive sur ses pas pour combattre à leur tête. Charles - Martel fait briller l'oriflamme, il nous répond du combat et du sort; frémis, frémis, orgueilleux Abdérame! il est parti, c'est l'arrêt de ta mort! >>

Et pour faire de ces beaux frais d'esprit on s'était mis à plusieurs; MM. Étienne et Baour-Lormian avaient écrit les paroles; Paër, Méhul, Kreutzer et Berton avaient composé la musique. Comme tout cela était bien approprié aux hommes et aux périls de la situation! Au lieu d'entonner le Chant du départ républicain, la Marseillaise des faubourgs, le grand hymne Mourir pour la patrie, de Gossec, ces belles épopées de Chénier où les choeurs de femmes, de vieillards

et d'enfants se mêlaient aux mâles accents des défenseurs de la république; au lieu de ces immenses choses, on vous donnait des petits airs muscadins, des chevaliers, des amours, des croisades et des sarrasins. Pour le temps et la génération, c'était aussi ridicule que si Cambacérès avait paru sur la scène poudré à l'oiseau, tenant l'oriflamme fleurdelisée de ses mains, tandis que M. d'Aigrefeuille aurait porté le bouclier, et M. de Villette, son second commensal, la hache d'armes.

CHAPITRE VII.

MOUVEMENT DES ALLIES; PREMIÈRE PÉRIODE DE LA CAMPAGNE DE FRANCE.

Schwartzenberg.

La diplomatie de Francfort. — Déclaration solennelle. — Projets pour l'invasion de
la France. -Force des alliés. Les trois corps d'armée.
Blücher.
Suisse.

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Bernadotte. Plan de marche sur Paris.

Négociations avec la

La grande armée à Bâle. L'armée de Silésie au delà du Rhin.
Progrès de lord Wellington.

-

Murat et l'armée

Bernadotte en Hollande. d'Italie. Unité de plan. Travail de Napoléon à Paris. Formation de ses huit cadres d'armée. — Organisation de la régence. — Joseph, lieutenant général. - Instruction aux ministres. — Adieux souverains à la garde nationale. — Départ pour l'armée. Développement des forces des alliés. - Leur progrès. — Rencontre des alliés à Brienne. - Combat. - Triste bataille de la Rothière. - Situation respective des armées.

Décembre 1813 et janvier 1814.

Lorsque le comte de Metternich avait dicté à M. de Saint-Aignan les propositions définitives des alliés, à Francfort, il avait fait un dernier effort pour donner une impulsion modérée aux événements êt aux hommes. La Prusse, la Russie, l'Angleterre, considérèrent cet acte comme une nouvelle concession à l'Autriche; l'impatience de passer le Rhin était grande parmi eux, et tous voulaient accomplir une sorte de hourra sur Paris. En conservant une grande déférence pour l'Autriche, les alliés n'attachaient plus à son adhésion la même importance que dans la campagne de 1813 qui venait de s'accomplir. Les intérêts commençaient à se séparer; si M. de Metternich mettait le plus grand prix à obtenir de Napoléon une réponse catégorique et favorable, il n'en était pas ainsi des comtes d'Aberdeen, de Nesselrode et du baron de Hardenberg; ceux-ci auraient préféré la guerre. Quelle fut donc la tristesse de M. de Metternich, lorsqu'il reçut la réponse vague dictée à M. Maret ou rédigée par lui! Il ne put s'em

pêcher de plaindre l'aveuglement de Napoléon; l'Autriche se trouvait elle-même dans un fatal embarras, elle allait suivre désormais l'impulsion des autres cabinets et ne plus la donner. Quelques jours après, on reçut à Francfort l'adhésion plus complète de M. de Caulincourt et sa nomination aux affaires extérieures; cela fit, sans doute, un bon effet, mais déjà les événements avaient marché '.

En diplomatie, ce qui est acceptable aujourd'hui ne l'est pas toujours le lendemain ; les propositions et les traités dépendent des événements de la guerre; un succès ou des revers modifient les bases des transactions. L'histoire montre que, dans les congrès qui se

1

Lettre de M. de Caulincourt à M. de Metternich.

« Paris, le 2 décembre 1813.

» J'ai mis sous les yeux de sa majesté la lettre que V. E. adressait le 25 novembre à M. le duc de Bassano.

>> En admettant sans restriction, comme base de la paix, l'indépendance de toutes les nations, tant sous le rapport territorial que sous le rapport maritime, la France a admis en principe ce que les alliés paraissent désirer; sa majesté a par cela même admis toutes les conséquences de ce principe, dont le résultat final doit être une paix fondée sur l'équilibre de l'Europe, sur la reconnaissance de l'intégrité de toutes les nations dans leurs limites naturelles, et sur la reconnaissance de l'indépendance absolue de tous les États, tellement qu'aucun ne puisse s'arroger, sur un autre quelconque, ni suzeraineté, ni suprématie, sous quelque forme que ce soit, ni sur terre, ni sur mer.

» Toutefois, c'est avec une vive satisfaction que j'annonce à V. E. que je suis autorisé par l'empereur, mon auguste maître, à déclarer que sa majesté adhère aux bases générales et sommaires qui ont été communiquées par M. de Saint-Aignan. Elles entraîneront de grands sacrifices de la part de la France; mais sa majesté les fera sans regret, si, par des sacrifices semblables, l'Angleterre donne les moyens d'arriver à une paix générale et honorable pour tous, que V. E. assure être le vœu, non-seulement des puissances du continent, mais aussi de l'Angleterre.

» Signé : CAULINCOURT, duc de Vicence. »>

Réponse de M. de Metternich.

« L'office que V. E. m'a fait l'honneur de m'adresser le 2 décembre, m'est parvenu de Cassel par nos avant-postes. Je n'ai pas différé de le soumettre à LL. MM. Elles y ont reconnu avec satisfaction que S. M. l'empereur des Français avait adopté des bases essentielles au rétablissement d'un état d'équilibre et à la tranquillité future de l'Europe. Elles ont voulu que cette pièce fût portée sans délai à la connaissance de leurs alliés. LL. MM. II. et RR. ne doutent pas qu'immédiatement après la réception des réponses, les négociations ne puissent s'ouvrir.

» Nous nous empresserons d'avoir l'honneur d'en informer V. E., et de concerter alors avec elle les arrangements qui nous paraîtront les plus propres à atteindre le but que nous nous proposons. » Le prince DE METTERNICH.

>> Francfort, le 10 décembre 1813. »

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