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A cette lettre que Napoléon nie avoir reçue, et qui fut pourtant envoyée, nulle réponse ne fut faite; on méprisa les propositions d'un vassal, on ne voulut rien entendre, rien écouter; il résulte même de la correspondance engagée entre le baron d'Engerstroem et M. de Cabre, envoyé à Stockholm, que quelque chose d'étrange s'était là passé, car M. de Cabre reçoit l'ordre de quitter la Suède dans les vingt-quatre heures, sous l'escorte d'un commissaire de police, et ce fut alors que la Suède se prêta définitivement aux propositions d'une intervention armée, active et militaire dans la coalition. Le plan qui fut proposé par lord Castlereagh, et apporté à Stockholm par sir Charles Stewart et le colonel Pozzo di Borgo, reposait sur les conditions suivantes : « On assurait de nouveau à la Suède la possession de la Norwége et la promesse de la Guadeloupe; elle recevait comme subsides un million de livres sterling payables en traites immédiates, moyennant quoi Bernadotte s'engageait à entrer en campagne avec 30,000 Suédois; par un article secret, ces 30,000 Suédois devaient être réunis à un corps russe de 20,000 hommes et à un corps prussien de 30,000 hommes et de 15,000 Hanovriens à la solde de l'Angleterre, qui tous, placés sous le commandement du prince royal, devaient efficacement opérer au nord de l'Allemagne 1. Quelques jours après,

l'existence de la Suède est dépendante d'une extension de relations commerciales sans lesquelles elle ne peut se suffire.

» Je connais les bonnes dispositions de l'empereur Alexandre pour la paix. Les calamités du continent la réclament, et V. M. ne doit pas la repousser. Possesseur de la plus belle monarchie de la terre, voudrait-elle toujours en étendre les limites, et léguer à un bras moins puissant que le sien le triste héritage de guerres interminables? V. M. ne s'attachera-t-elle pas à cicatriser les plaies d'une révolution dont il ne reste à la France que le souvenir de sa gloire militaire et des malheurs réels dans son intérieur? Sire, les leçons de l'histoire rejettent l'idée d'une monarchie universelle, et le sentiment de l'indépendance peut être amorti, mais non effacé du cœur des nations. Que V. M. pèse toutes ces considérations, et pense réellement à une paix générale dont le nom profané a fait couler tant de sang. »

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« Art. 1er. S. M. le roi de Suède s'engage à employer un corps de 30,000 hommes dans une opération directe sur le continent, contre les ennemis communs des hautes parties contractantes. Cette armée agira de concert avec les troupes russes placées sous le commandement de S. A. le prince royal de Suède, conformément aux stipulations à cet effet déjà existantes entre les cours de Stockholm et de Saint-Pétersbourg. » 2. Lesdites cours ayant communiqué à S. M. B. les engagements subsistants entre elles, et ayant formellement demandé que S. .M. y accédât, S. M. le roi de Suède ayant, par les stipulations contenues au précédent article, donné une preuve du désir qui l'anime de contribuer aussi de son côté au succès de la cause commune, S. M. B. dé

Bernadotte signait, sous la médiation de l'Angleterre, un traité avec les cortès espagnoles et reconnaissait tous les actes des juntes dans la Péninsule; c'était la réalisation complète des plans de la Grande-Bretagne. L'adhésion de Bernadotte à l'action militaire des grandes puissances fut une des causes actives de la chute de Napoléon; en se montrant moins impérieux et moins fier, l'empereur aurait pu l'éviter.

La Suède s'agrandissait aux dépens du Danemarck; la Norwege était arrachée au cabinet danois constamment placé sous la prépondérance de l'empire français; s'y maintiendrait-il encore dans les circonstances nouvelles? A mesure que le succès faisait croire aux triomphes plus ou moins éclatants de la coalition, l'Angleterre ouvrait des négociations actives avec la cour de Copenhague ; mais sa politique avait été là d'une telle cruauté qu'on ne l'écouta qu'avec méfiance et dépit; au commencement de 1813 elle s'y présenta de concert avec la Prusse et la Russie, en insinuant à M. de Kaas et à M. de Rosencrans, secrétaire d'Etat des affaires étrangères, que si le Danemarck voulait accéder à la confédération des États de l'Europe pour coopérer

sirant en retour donner une preuve immédiate et non équivoque de sa résolution de joindre ses intérêts à ceux de la Suède et de la Russie, promet et s'engage, par le présent traité, d'accéder aux conventions déjà existantes entre les deux puissances, et tant que S. M. B., non-seulement n'opposera aucun obstacle à l'annexation et réunion à perpétuité du royaume de Suède, mais encore qu'elle facilitera à cet égard l'exécution des vues de S. M. le roi de Suède, soit par ses bons offices, soit en y employant, s'il était nécessaire, la coopération navale, de concert avec les troupes suédoises et russes. Bien entendu néanmoins que l'on n'aura pas recours à la force pour effectuer la réunion de la Norwége à la Suède, à moins que S. M. le roi de Danemarck n'ait préalablement refusé de se joindre à l'alliance du Nord aux conditions stipulées dans les engagements existants entre les cours de Stockholm et de Saint-Pétersbourg; et S. M. le roi de Suède s'engage à avoir soin que cette réunion ait lieu avec tous les égards et la considération possibles, pour le bonheur et la liberté du peuple de Norwége.

» 3. Afin de donner plus d'effet aux engagements contractés par S. M. le roi de Suède dans le premier article du présent traité, lesquels ont pour objet des opérations directes contre les ennemis communs des deux puissances, et afin de mettre S. M. suédoise en état de commencer lesdites opérations sans perte de temps, et aussitôt que la saison le permettra, S. M. B. s'engage à fournir à S. M. le roi de Suède (indépendamment des autres secours que les circonstances générales pourront mettre à sa disposition) pour le service de la campagne de la présente année, ainsi que pour l'équipement, le transport et l'entretien de ses troupes, la somme d'un million sterling, payable de mois en mois à Londres, à l'agent qui sera autorisé par S. M. à la recevoir, de manière que le payement de chaque mois n'excède pas la somme de 200,000 liv. sterl. jusqu'à parfait payement du total. »

dans le nord de l'Allemagne, on lui assurerait des indemnités territoriales sur le continent, capables de compenser et au delà la perte de la Norwége, possession onéreuse pour le Danemarck; on lui offrait et bien secrètement, les villes hanséatiques, quelques territoires enclavés de la Hollande, l'agrandissement du Holstein, et des subsides payés à raison de 50,000 livres sterling par mille hommes. Le Danemarck ne repoussa pas ces stipulations d'une manière absolue, seulement il voulait des conditions meilleures; en échange de la Norwége il demandait la Poméranie suédoise, les villes hanséatiques, la restitution de toutes ses colonies et le payement d'une indemnité pécuniaire pour la flotte brûlée en 1807.

Ces négociations se continuaient encore de la part de l'Angleterre, tandis que le ministre de France à Copenhague, M. Didelot, pressait le Danemarck de se prononcer pour l'alliance de Napoléon. La question était pressante, le roi avait à se décider sur-le-champ, et il cherchait, en temporisant, à s'assurer une meilleure position. Tout en signant un traité d'alliance défensive et offensive avec Napoléon, il ne renonça pas à négocier avec l'Europe; les troupes danoises agirent avec le maréchal Davoust, mais dans l'intention de s'emparer des villes hanséatiques et d'en profiter; elles ne voulurent jamais aller au delà. Les Danois, en armes sur le territoire de Hambourg, de Lubeck, intervenaient pour leurs intérêts; ils se refusèrent à passer l'Elbe dans la crainte de se compromettre avec l'Europe; ils se perdirent ainsi par un double jeu, le cabinet de Copenhague subit les conséquences d'une position fausse : l'alliance rendue publique avec Napoléon le jeta dans une suite de mesures incertaines qui lui enlevèrent, ainsi qu'à la Saxe, un bon tiers de ses sujets.

C'est un triste fait à constater, mais depuis la révolution de 1789, tout ce qui s'est uni avec la France, a été tôt ou tard sacrifié; tout ce qui a cherché un appui dans la protection de notre influence a trouvé à la fin une diminution de force: témoin le Danemarck et la Saxe qui les derniers restèrent fidèles à Napoléon ; et la Pologne elle-même, n'est-ce pas pour s'être fiée à des promesses de restauration qu'elle a disparu de la carte d'Europe? Qu'arrive-t-il? c'est qu'en toute circonstance on préfère l'alliance de l'Europe à la nôtre, parce qu'elle est plus utile.

En résultat, la diplomatie de l'empire fut pour la France très-malheureusement conduite; jamais l'irascibilité du caractère de Napoléon

ne se déploya dans des conditions plus déplorables; il ne sut rien obtenir; chargé de conduire des négociations difficiles, il se laissa tromper par la Prusse; il ne sut pas saisir la main de M. de Metternich quand il la tendait pour offrir sa médiation; Napoléon blessa Bernadotte, jeta la Suède dans la coalition. Avec le malheur, ce caractère est devenu trop fier, trop orgueilleux : autant il était souple et habile lorsque la fortune lui souriait, autant il se montre têtu, maladroit, barre de fer, lorsque la fortune abandonne ses aigles. Ce caractère semblait être jeté au moule de la victoire; le malheur l'aigrit au lieu de l'éclairer; ce n'est plus le Corse, l'Italien, c'est le stoïcien de l'antique Rome, il meurt et ne se ploie pas. Le prince de Serra-Capriola avait dit « qu'il y avait en lui du renard et du lion; » le lion reste seulement, mais le lion blessé, qui court sur la balle et la baïonnette et veut dévorer la main qui l'a frappé.

CHAPITRE XI.

PREMIÈRE PÉRIODE DE LA CAMPAGNE D'Allemagne.

Débris de la grande armée. - Impuissance de la réorganiser. Démoralisation de Murat. Il abandonne les camps à Posen. — Perplexité de Berthier. Choix d'Eugène de Beauharnais. Effectif de l'armée. Marche des Russes. Alexandre à Wilna,

tion des Russes.

en corps.

à Varsovie. Esprit de l'Allemagne. - Première appari

- Les Cosaques de Czernicheff. — L'armée française au 28 avril. - Départ de Napoléon. Sa puissante activité. — Réorganisation et répartition Marche en avant. - Premiers combats d'avant-postes. - Bessières, Surprise de Lutzen. - Les deux périodes de la journée. Victoire incertaine. - Entrée à Dresde. Retraite de l'armée alliée. -Bataille de Bautzen. Prise des retranchements de Wurtschen. Merveilles de cette campagne.

tué.

Décembre 1812 à juin 1813.

Je dois revenir un peu sur les temps! un sentiment douloureux m'oppresse lorsque la nécessité des événements historiques m'entraîne vers le lugubre tableau des malheurs de l'armée de France; cet inventaire de la mort empreint le cœur d'une fatale tristesse. Qu'est devenue cette armée naguère si puissante, si formidable? où sont allées ces masses de soldats, ces épais escadrons habitués au sourire et aux faveurs de la victoire? qui me dira leurs funérailles? où chercher le dernier mot de cette énigme de Dieu qui appelle tant de sanglants sacrifices autour d'un homme providentiel? Cependant il faut en suivre les traces, il faut raconter par quel miracle cette armée réduite en poussière est redevenue tout à coup victorieuse, comment le grand capitaine va porter une fois encore ses champs de bataille en Allemagne! Il faut dire l'étonnement de l'armée des alliés à la vue de cette création fabuleuse : Lutzen, Bautzen, Wurtschen, triple combat dont l'écho retentit dans la postérité!

Lorsque Napoléon quitta la direction suprême des débris que dans

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