Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Le 26, le vice-roi marchant en tête des colonnes, avec la division Delzons, un combat opiniâtre d'avant-garde de quinze à vingt mille hommes s'engagea à une lieue au-delà d'Ostrovno. Les Russes furent chassés de position en position. Les

bois furent enlevés à la baïonnette.

Le roi de Naples et le vice-roi citent avec éloges les généraux baron Delzons, Huard et Roussel; le huitième d'infanterie légère, les quatre-vingt-quatrième et quatre-vingt-douzième régimens de ligne, et le premier régiment Croates, se sont fait

remarquer.

Le général Roussel, brave soldat, après s'être trouvé toute la journée à la tête des bataillons, le soir à dix heures, visitant les avant-postes, un éclaireur le prit pour ennemi, fit feu, et la balle lui fracassa le crâne. Il avait mérité de mourir trois heures plus tôt sur le champ de bataille de la main de l'ennemi.

Le 27, à la pointe du jour, le vice-roi fit déboucher en tête la division Broussier. Le dix-huitième régiment d'infanterie légère et la brigade de cavalerie légère du baron Piré tournèrent par la droite. La division Broussier passa par le grand chemin, et fit réparer un petit pont que l'ennemi avait détruit. Au soleil levant, on aperçut l'arrière-garde ennemie, forte de dix mille hommes de cavalerie, échelonnée dans la plaine: la droite appuyée à la Dwina, et la gauche à un bois garni d'infanterie et d'artillerie. Le général comte Broussier prit position sur une éminence avec le cinquante-troisième régiment, en attendant que toute sa division eût passé le défilé. Deux compagnies de voltigeurs avaient pris les devants, seules; elles longèrent la rive du fleuve, marchant sur cette énorme masse de cavalerie, qui fit un mouvement en avant, enveloppa ces deux cents hommes, que l'on crut perdus, et qui devaient l'être. Il en fut autrement; ils se réunirent avec le plus grand sang-froid, et restèrent, pendant une heure

entière, investis de tous côtés; ayant jeté par terre plus de trois cents cavaliers ennemis, ces deux compagnies donnèrent à la cavalerie française le temps de déboucher.

La division Delzons fila sur la droite. Le roi de Naples dirigea l'attaque du bois et des batteries ennemies; en moins d'une heure, toutes les positions de l'ennemi furent emportées, et il fut rejeté dans la plaine, au-delà d'une petite rivière qui se jette dans la Dwina sous Witepsk. L'armée prit position sur les bords de cetre rivière, à une lieue de la ville.

L'ennemi montra dans la plaine quinze mille hommes de ca valerie et soixante mille hommes d'infanterie. On espérait une bataille pour le lendemain. Les Russes se vantaient de vouloir la livrer. L'empereur passa le reste du jour à reconnaître le champ de bataille et à faire ses dispositions pour le lendemain; mais, à la pointe du jour, l'armée russe avait battu en retraite dans toutes les directions, se rendant sur Smolensk.

L'empereur était sur une hauteur, tout près des deux cents voltigeurs qui, seuls en plaine, avaient attaqué la droite de la cavalerie ennemie. Frappé de leur belle contenance, il envoya demander de quel corps ils étaient. Ils répondirent : « Du neuvième, et les trois-quarts enfans de Paris! — « Dites-leur, dit l'empereur, que ce sont de braves gens : «< ils méritent tous la croix ! »

Les résultats des trois combats d'Ostrovno sont : dix pièces de canon russes attelées, prises; les canonniers sabrés; vingt caissons de munitions ; quinze cents prisonniers ; cinq ou six mille Russes tués ou blessés. Notre perte se monte à deux cents hommes tués, neuf cents blessés, et une cinquantaine de prisonniers.

Leroi de Naples fait un éloge particulier des généraux Bruyères, Piré et Ornano, du colonel Radziwil, comman

dant le neuvième de lanciers polonais, officier d'une rare intrépidité.

Les hussards rouges de la garde russe ont été écrasés; ils ont perdu quatre cents hommes, dont beaucoup de prisonniers. Les Russes ont eu trois généraux tués ou blessés; bon nombre de colonels et d'officiers supérieurs de leur armée sont restés sur le champ de bataille.

Le 28, à la pointe du jour, nous sommes entrés dans Witepsk, ville de trente mille habitans. Il y a vingt couvens. Nous y avons trouvé quelques magasins, entre autres un magasin de sel évalué quinze millions..

Pendant que l'armée marchait sur Witepsk, le prince d'Eckmühl était attaqué à Mohilow.

Bagration passa la Bérésina à Bobruisk, et marcha sur Novoi-Bickow. Le 23, à la pointe du jour, trois mille cosaques attaquèrent le troisième de chasseurs, et lui prirent cent hommes, au nombre desquels se trouvent le colonel et quatre officiers, tous blessés. La générale battit: on en vint aux mains. Le général russe Sicverse, avec deux divisions d'élite, commença l'attaque: depuis huit heures du matin jusqu'à cinq heures du soir, le feu fut engagé sur la lisière du bois et au pont que les Russes voulaient forcer. A cinq heures, le prince d'Eckmühl fit avancer trois bataillons d'élite, se mit à leur tête, culbuta les Russes, leur enleva leurs positions, et les poursuivit pendant une licue. La perte des Russes est évaluée à trois mille hommes tués et blessés, et à onze cents prisonniers. Nous avons perdu sept cents hommes tués ou blessés. Bagration, repoussé, se rejeta sur Bickow, où il passa le Borysthène, pour se porter sur Smolensk.

Les combats de Mohilow et d'Ostrovno ont été brillans et honorables pour nos armées; nous n'avons eu d'engagé que la moitié des forces que l'ennemi' a présentées; le terrain ne comportait pas d'autres développemens.

[ocr errors]

Witepsk, le 4 août 1812.

Onzième bulletin de la grande armée.

Les lettres interceptées du camp de Bagration parlent des pertes qu'a faites ce corps dans le combat de Mohilow, et de l'énorme désertion qu'il a éprouvée en route. Tout ce qui était polonais est resté dans le pays; de sorte que ce corps qui, en y comprenant les cosaques de Platow, était de cinquante mille hommes, n'est pas actuellement fort de trente mille hommes. Il se réunira, vers le 7 ou le 8 août, à Smolensk, à la grande armée.

La position de l'armée, au 4 août, est la suivante :

Le quartier-général à Witepsk, avec quatre ponts sur la Dwina;

Le quatrième corps à Souraj, occupant Velij, Porietché et Ousviath;

Le roi de Naples à Roudina, avec les trois premiers corps de cavalerie;

Le premier corps, que commande le maréchal prince d'Eckmühl, est à l'embouchure de la Beresina dans le Borysthène, avec deux ponts sur ce dernier fleuve, un pont sur la Beresina, et des doubles têtes de pont;

Le troisième corps, commandé par le maréchal duc d'Elchingen, est à Liozna;

Le huitième corps, que commande le duc d'Abrantès, est à Orcha, avec deux ponts et des têtes de pont sur le Borysthène ;

Le cinquième corps, commandé par le prince Poniatowsky, est à Mohilow, avec deux ponts et des têtes de pont sur le Borysthène ;

[ocr errors]

Le deuxième corps, commandé par le maréchal duc de Reggio, est sur la Drissa, en avant de Polotsk, sur la route

de Sebej ;

Le prince de Schwartzemberg est avec son corps à Slonim; Le septième corps est sur Rozana;

Le quatrième corps de cavalerie, avec une division d'infanterie, commandé par le général comte Latour-Maubourg, est devant Bobruisk et Mozier;

Le dixième corps, commandé par le duc de Tarente, est devant Dunabourg et Riga;

Le neuvième corps, corps, commandé par le duc de Bellune, se réunit à Tilsitt;

Le onzième corps, commandé par le duc de Castiglione, est à Stettin.

S. M. a mis l'armée en quartier de rafraîchissement. La chaleur est excessive, et plus forte qu'en Italie. Le thermomètre est à vingt-six et vingt-sept degrés : les nuits même sont chaudes.

Le général Kamenski, avec deux divisions du corps de Bagration, ayant été coupé de ce corps, et n'ayant pu le rejoindre, est rentré en Volhynie, s'est réuni à des divisions de recrues commandées par le général Tornazow, et a marché sur le septième corps ; il a surpris et cerné le général de brigade Klengel, saxon, ayant sous ses ordres une avantgarde de deux bataillons et de deux escadrons du régiment du prince Clément. Après six heures de résistance, la plus grande partie de cette avant-garde a été tuée ou prise : le général comte Reynier n'a pu venir que deux heures après à son secours. Le prince Schwartzemberg s'est mis le 30 juillet en marche pour rejoindre le général Reynier et pousser vivement la guerre contre les divisions ennemies.

Le 19, le général prussien Grawert a attaqué les Russes à Ekan en Courlande, les a culbutés, leur a fait deux cents prisonniers et leur a tué bon nombre d'hommes. Le général Grawert se loue du major Stiern, qui, avec le premier régiment de dragons prussiens, a eu une grande part à l'affaire.

« ZurückWeiter »