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Le prince de Neufchâtel est malade d'une fièvre bilieuse ; il garde le lit depuis plusieurs jours.

S. M. ne s'est jamais mieux portée.

Le 29 septembre 1813.

A S. M. l'impératrice-reine et régente.

L'empereur a donné le commandement d'un corps de la jeune garde au duc de Reggio.

Le duc de Castiglione s'est mis en marche avec son corps pour venir prendre position sur les débouchés de la Saale. Le prince Poniatowski s'est porté avec son corps sur Penig.

Le général comte Bertrand a attaqué, le 26, le corps de l'armée ennemie de Berlin qui couvrait le pont jeté sur Wartenbourg, l'a forcé, lui a fait des prisonniers, et l'a mené battant jusque sur la tête de pont. L'ennemi a évacué la rive gauche et a coupé son pont. Le général Bertrand a sur-lechamp fait détruire la tête de pont.

Le prince de la Moskwa s'est porté sur Oranienbaum, et le septième corps sur Dessau. Une division suédoise qui était à Dessau s'est empressée de repasser sur la rive droite. L'ennemi a été également obligé de couper son pont, et on a rasé sa tête de pont.

L'ennemi a jeté des obus sur Wittenberg par la rive droite.

Dans la journée du 28, l'empereur a passé la revue du deuxième corps de cavalerie sur les hauteurs de Weissig.

Le mois de septembre a été très-mauvais, très-pluvieux, contre l'ordinaire de ce pays. On espère que le mois d'octobre sera meilleur.

La fièvre bilieuse du prince de Neufchâtel a cessé : le prince est en convalescence.

Le 4 octobre 1813.

A S. M. l'impératrice-reine et régente.

Le général comte Lefèvre-Desnouettes a été attaqué le 28 septembre, à sept heures du matin, à Altenbourg par dix mille hommes de cavalerie et trois mille hommes d'infanterie. Il a fait sa retraite devant des forces aussi supérieures ; il a opéré de belles charges, et a fait beaucoup de mal à l'ennemi. Il a perdu trois cents hommes de son infanterie; il est arrivé sur la Saale. L'ennemi était commandé par l'hetman Platow et le général Thielmann. Le prince Poniatowski s'est porté le 2 sur Altenbourg, par Nossan, Waldeim et Colditz. Il a culbuté l'ennemi, lui a fait plus de quatre cents prisonniers et l'a chassé en Bohême.

Le 27, le prince de la Moskwa s'est emparé de Dessau, qu'occupait une division, et a rejeté cette division sur sa tête de pont. Le lendemain, les Suédois sont arrivés pour reprendre la ville. Le général Guilleminot les a laissés avancer à portée de mitraille, a démasqué alors ses batteries, et les a repoussés en leur faisant beaucoup de mal.

Le 3 octobre, l'armée ennemie de Silésie s'est portée par Konigsburck et Elterswerda, sur Elster, a jeté un pont au coude que forme l'Elbe à Wartembourg, et a passé le fleuve. Le général Bertrand était placé sur l'isthme, dans une fort belle position, environnée de digues et de marais. Depuis neuf heures du matin, jusqu'à cinq heures du soir, l'ennemi a faits sept attaques et a toujours été repoussé. Il a laissé six mille morts sur le champ de bataille; notre perte a été de cinq cents hommes tués ou blessés. Cette grande différence est due à la bonne position que les divisions Morand et Fontanelli occupaient. Le soir, le général Bertrand voyant déboucher de nouvelles forces, jugea devoir opérer sa retraite,

et prit position sur la Mulde avec le prince de la Moskwa. Le 4 le prince de la Moskwa était sur la rive gauche de la Muide à Dalitzch. Le duc de Raguse et le corps de cavalerie du général Latour-Maubourg étaient à Eulenbourg, le troisième corps était sur Torgau.

Deux cent cinquante partisans commandés par un généralmajor russe, se sont portés sur Mulhausen, et apprenant que Cassel était dégarni de troupes, ils ont tenté une surprise sur les portes de Cassel. Ils ont été repoussés; mais le lendemain les troupes westphaliennes s'étant dissoutes, les partisans entrèrent dans Cassel, ils livrèrent au pillage tout ce qui leur tomba sous la main, et peu de jours après en sortirent. Le roi de Westphalie s'était retiré sur le Rhin.

Paris, 7 octobre 1813.

Discours de l'impératrice au sénat '.

« Sénateurs,

» Les principales puissances de l'Europe, révoltées des prétentions de l'Angleterre, avaient, l'année dernière, réuni leurs armées aux nôtres pour obtenir la paix du monde et le rétablissement des droits de tous les peuples. Aux premières chances de la guerre, des passions assoupies se réveillèrent. L'Angleterre et la Russie ont entraîné la Prusse et l'Autriche dans leur cause. Nos ennemis veulent détruire nos. alliés, pour les punir de leur fidélité. Ils veulent porter la guerre au sein de notre belle patrie, pour se venger des triomphes qui ont conduit nos aigles victorieuses au milieu de leurs états. Je connais, mieux que personne, ce que nos peuples auraient à redouter, s'ils se laissaient jamais vaincre.

• Nous insérons ce discours de Marie-Louise dans ce Recueil, parce que personne n'ignore qu'il fut dicté par Napoléon.

Avant de monter sur le trône où m'ont appelée le choix de mon auguste époux et la volonté de mon père, j'avais la plus grande opinion du courage et de l'énergie de ce grand peuple. Cette opinion s'est accrue tous les jours par tout ce que j'ai vu se passer sous mes yeux. Associée depuis quatre ans aux pensées les plus intimes de mon époux, je sais de quels sentimens il serait agité sur un trône flétri et sous une couronne sans gloire.

((

<< Français! votre empereur, la patrie et l'honneur vous appellent! >>

Le 15 octobre 1813.

A S. M. l'impératrice-reine et régente.

Le 7, l'empereur est parti de Dresde. Le 8, il a couché à Wurzen; le 9, à Eulenbourg, et le 10, à Duben.

L'armée ennemie de Silésie, qui se portait sur Wurzen, a sur-le-champ battu en retraite et repassé sur la rive gauche de la Mulde; elle a eu quelques engagemens où nous lui avons fait des prisonniers et pris plusieurs centaines de voitures de bagages.

Le général Reynier s'est porté sur Wittenberg, a passé l'Elbe, a marché sur Roslau, a tourné le pont de Dessau, s'en est emparé, s'est ensuite porté sur Aken et s'est emparé du pont. Le général Bertrand s'est porté sur les ponts de Wartenbourg et s'en est emparé. Le prince de la Moskwa s'est porté sur la ville de Dessau; il a rencontré une division prussienne; le général Delmas l'a culbutée, et lui a pris trois mille hommes et six pièces de canon.

Plusieurs courriers du cabinet, entr'autres le sieur Kraft, avec des dépêches de haute importance, ont été pris.

Après s'être ainsi emparé de tous les ponts de l'ennemi, le projet de l'empereur était de passer l'Elbe, de manœuvrer

sur la rive droite, depuis Hambourg jusqu'à Dresde; de menacer Potsdam et Berlin, et de prendre pour centre d'opération Magdebourg, qui, dans ce dessein, avait été approvisionné en munitions de guerre et de bouche. Mais le 13, l'empereur apprit à Deiben que l'armée bavaroise était réunie à l'armée autrichienne et menaçait le Bas-Rhin. Cette inconcevable défection fit prévoir la défection d'autres princes, et fit prendre à l'empereur le parti de retourner sur le Rhin; changement fâcheux, puisque tout avait été préparé pour opérer sur Magdebourg; mais il aurait fallu rester séparé et sans communication avec la France pendant un mois; ce n'avait pas d'inconvénient au moment où l'empereur avait arrêté ses projets; il n'en était plus de même lorsque l'Autriche allait se trouver avoir deux nouvelles armées disponibles : l'armée bavaroise et l'armée opposée à la Bavière. L'empereur changea donc avec ces circonstances imprévues, et porta son quartiergénéral à Leipsick.

Cependant le roi de Naples, qui était resté en observation à Freyberg, avait reçu le 7 l'ordre de faire un changement de front, et de se porter sur Gernig et Frohbourg, opérant sur Wurzen et Vittenberg. Une division autrichienne, qui occupait Augustusbourg, rendant difficile ce mouvement, le roi reçut l'ordre de l'attaquer, la défit, lui prit plusieurs bataillons, et après cela opéra sa conversion à droite. Cependant la droite de l'armée ennemie de Bohême, composée du corps russe de Wittgenstein, s'était portée sur Altenbourg, à la nouvelle du changement de front du roi de Naples. Elle se porta sur Frohbourg, et ensuite par la gauche sur Borna, se plaçant entre le roi de Naples et Leipsick. Le roi n'hésita pas sur la manœuvre qu'il devait faire; il fit volte face, marcha sur l'ennemi, le culbuta, lui prit neuf pièces de canon, un millier de prisonniers, et le jeta au-delà de l'Elster, après lui avoir fait éprouver une perte de quatre à cinq mille hommes.

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