PRÉFACE. EN prenant la plume pour tracer l'histoire de Napoléon Buonaparte, une seule réflexion vint s'offrir à ma pensée, et cette réflexion fut que je devais être impartial. Cela ne me parut pas d'abord très-facile; puis songeant à ce qu'on devait entendre par ce mot d'impartialité, je me dis : J'étais comme perdu dans les rangs obscurs de la société ; je n'ai jamais rien craint ni espéré de Buonaparte ; je ne me suis point trouvé en butte à sa haine, je n'ai point recherché son amitié il me suffira donc, pour le bien juger, de rappeler à ma mémoire l'impression que tels ou tels évènemens ont fait sur mon esprit, surtout depuis que la îîn m'a éclairé sur les moyens dont il s'est servi. : : Ses campagnes d'Italie jetèrent assez grand éclat; de tout côté retentissait l'éloge; on ne parlait que du général en chef, et pourtant on est forcé de reconnaître que, même d'après les relations officielles, ses généraux se trouvent toujours en première ligne Augereau à Lodi, au pont d'Arcole, à Castiglione; Masséna à Rivoli. Si on le suit en Égypte, on trouve que Desaix, par sa sagesse, Kléber, par sa fermeté, réussirent par-tout, et Buonaparte nulle part, sur-tout à Saint-Jean-d'Acre. En vain il fit le prophète; en vain il affecta le plus pur mahométisme, il ne parvint pas même à tromper les plus stupides Égyptiens. Au 18 brumaire, on le vit s'annoncer comme le dieu de la foudre, et cependant, sans Murat, ce nouveau Jupiter prenait la fuite. |