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CHAPITRE IV.

Retour de Buonaparte à Paris, départ pour l'Égypte, prise de Malte.

PAR suite du traité de Campo-Formio, un congrès devait s'assembler à Rastadt pour régler les affaires d'Allemagne; Buonaparte y avait été nommé ministre par le directoire. Le 25 brumaire an 6 (15 novembre 1797 ), il quitta l'armée d'Italie; mais, résolu d'avance à chercher de nouveaux sujets de guerre, il promit à ses soldats de revenir bientôt au milieu lutter contre de nouveaux

d'eux

pour

dangers.

Arrivé à Rastadt, il s'éleva avec feu contre le comte de Fersen, qui ne pouvait avoir d'autre tort à ses yeux

que l'inviolable attachement qu'il avait eu pour l'infortuné Louis XVI, et la haine profonde qu'il portait à tous les révolutionnaires. Buonaparte déclara qu'aucun ministre français ne pouvait et ne devait traiter avec le comte, qui partit pour Stockholm et fut remplacé. Le 11 frimaire (1er décembre), il fit un traité secret avec MM. de Cobentzel, de la Tour et Meerfeld, par suite duquel toutes les troupes de l'empereur devaient rentrer dans les états héréditaires, et le 15 (5 décembre), il arriva à Paris.

On a souvent dit que la flatterie avait perdu Buonaparte; on a accusé le sénat, les conseillers, les ministres, de la lui avoir prodiguée: eh bien! ils ne sont pas les premiers coupables! Nous voici arrivés à cette fête ordonnée par le directoire, moins pour se féliciter d'avoir obtenu la paix que

pour satisfaire en quelque sorte l'orgueil du général dont il redoutait déjà le caractère entreprenant; et nous y verrons le ministre des relations extérieures, ainsi que le directeur Barras, épuiser toutes les formules de la louange, et ne trouver déjà que lui de grand au sein de la grande nation.

Le 20 frimaire an 6( 10 décembre 1797), la principale cour du palais du Luxembourg fut disposée pour une séance publique. Une garde d'honneur fut envoyée à Buonaparte pour l'accompagner; il ne l'accepta point et voulut se donner le mérite d'arriver incognito. Mais combien son oreille dut être flattée lorsqu'il enten→ dit pour la première fois : Vive Buonaparte! et quelle douce satisfaction il dut éprouver à ces paroles du ministre des relations extérieures!

<< On doit remarquer, et peut-être << avec quelque surprise, tous mes ef« forts en ce moment pour expliquer, << pour atténuer presque la gloire de << Buonaparte : il ne s'en offensera pas. « Le dirai-je ? j'ai craint un instant «< pour lui cette ombrageuse inquié«tude qui, dans une république nais<< sante, s'alarme de tout ce qui <«< semble porter une atteinté quel<«< conque à l'égalité. Mais je m'abu« sais; la grandeur personnelle, loin « de blesser l'égalité, en est le plus « beau triomphe, et dans cette jour« née même les républicains français « doivent tous se trouver plus grands.

((

« Et quand je pense à tout ce qu'il «fait pour se faire pardonner cette gloire, à ce goût antique de la simplicité qui le distingue, à son amour « pour les sciences abstraites, à ses << lectures favorites, à ce sublime Cs

«sian qui semble le détacher de la «< terre; quand personne n'ignore son « mépris profond pour l'éclat, pour <«<le luxe, pour le faste, ces mépri«sables ambitions des ames com<<munes; ah! loin de redouter ce << qu'on voudrait, appeler son ambi«<tion, je sens qu'il nous faudra peut« être le solliciter un jour pour l'ar<< racher aux douceurs de sa studieuse << retraite. La France entière sera << libre; peut-être lui ne le sera ja<< mais: telle est sa destinée ».

Lorsque le discours du ministre des relations extérieures fut terminé, le général s'avança au pied de l'autel de la patrie et dit :

« Le peuple français, pour être << libre, avait des rois à combattre.

<< Pour obtenir une constitution « fondée sur la raison, il avait dix<< huit siècles de préjugés à vaincre.

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