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AUTORITÉ DU MAITRE-ÉCHEVIN AMOINDRIE.

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nicipal, analogues à celles dont jouissait à Paris le prévôt des marchands. On déclara, il est vrai, que la charge de maître-échevin conférerait la noblesse, avec le titre de chevalier, à ceux qui ne l'auraient pas, et donnerait le droit de hararguer le roi debout; mais ces privilèges s'adressaient à un homme et non au peuple messin, désormais privé des précieuses libertés de son antique constitution 2.

1. Mélanges tirés d'une grande bibliothèque, t. XLVIII, Bibliothèque de l'Arsenal.

2. Environ dix-sept ans plus tard, François Fabert, fils ainé d'Abraham Fabert, devenu à son tour maître-échevin, revendiqua avec succès le privilège de parler debout au roi dans une circonstance digne d'être rapportée : « Député par les trois ordres, en 1660, avec le grand Bossuet, qui était alors doyen de la cathédrale de Metz, avec les sieurs de Bonnefoy et Duclos, pour aller complimenter Louis XIV au sujet de son mariage, François Fabert essuya dans l'antichambre du Roi deux difficultés.

» La première vint de quelques évêques qui, ayant appris que le maître-échevin devait porter la parole, prétendirent que ce serait déroger aux privilèges du clergé, et pressèrent vivement M. de Bossuet de ne pas souffrir ce qu'ils nommaient un affront. Cela n'eut cependant aucune suite, parce que M. de Bossuet s'excusa de déférer aux instances qu'on lui faisait, et fit connaître lui-même aux donneurs d'avis que le maitre-échevin de Metz avait le droit dont il allait user.

La seconde difficulté fut plus sérieuse. M. de Sainctot, maître des cérémonies, dit aux députés de Metz qu'ils devaient se mettre à genoux. Cette étiquette est constante par rapport à tous les corps de ville du royaume. Mais M. Fabert s'en défendit, et soutint que le maitre-échevin de Metz étant en possession de parler debout au Roi, il ne ferait pas le tort à la ville qui lui avait fait l'honneur de le choisir, de ne pas défendre son droit, et ne s'exposerait pas à un reproche éternel de ses concitoyens. Sa Majesté, à qui l'on rendit compte de cette prétention, envoya le secrétaire d'Etat de la province à nos députés; ils s'expliquèrent, et après que le ministre eut fait son rapport au Roi, il fut décidé que le maître-échevin serait maintenu dans son droit, dont jouit à l'instant même.

Cette anecdote est tirée d'un mémoire que M. Pantaléon, an

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AUX SIEGES DE BITCHE ET DE LA MOTHE.

Au mois de mai 1634, Fabert remplissait les fonctions de sa charge au siège de Bitche, en Lorraine, où, à la suite d'un grave démêlé dans le service avec le maréchal de la Force, il aurait donné sa démission sans l'intervention du roi en sa faveur. Après la reddition de cette place, il servit (juin et juillet) sous les ordres immédiats du vicomte d'Arpajon, au siège de la Mothe, dans le Bassigny lorrain. Pour Charles IV, aimé de son peuple, la partie n'était pas irrévocablement perdue, si, au lieu de se démettre de ses États en faveur de son frère le cardinal de Lorraine et de scretirer en Allemagne, il avait, à cette heure décisive, tenté un dernier effort derrière les remparts de sa meilleure forteresse; mais il devait laisser la gloire de la défense à sa vaillante noblesse, secondée par la bourgeoisie et une petite garnison. Arrivé au camp le 7 juillet, Fabert prit part à l'attaque confiée aux régiments de Rambures, de Vaubecourt et d'llocquincourt, et dirigée par d'Arpajon; il déploya dans la construction des ouvrages d'approche et la conduite des travaux les talents d'un bon ingénieur aussi habile sur le terrain que dans le cabinet. A còté de lui, se distinguait déjà, par de brillantes qualités militaires, le jeune vicomte de Turenne, rentré en France après avoir commencé son apprentissage des armes en Hollande, sous les auspices de ses oncles, les princes

cien maître-échevin de Metz, remit, le 3 décembre 1697, à l'intendance pour justifier que le maître-échevin de Metz est chevalier. » (Extrait d'un article des Affiches des Evéchés et Lorraine, du 4 février

DESSEIN DU ROI DE SE DÉFAIRE DE RICHELIEU.

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de Nassau. Lorsque l'attaque conduite par d'Arpajon eut gagné la contrescarpe, la place capitula (26 juillet).

Après la chute de la Mothe, la peste et la famine aidant à l'œuvre de la guerre, la conquête de la Lorraine ne pouvait plus être qu'affaire de temps. Tout réussissait à Richelieu, mais sa toute-puissance était à chaque instant mise en péril par les tourments croissants de la jalousie du roi. Las du joug de son ministre, Louis XIII ne songeait à rien moins qu'à se défaire de sa personne. Au milieu de ses lâches incertitudes, il s'ouvrit de son dessein à un de ses plus braves soldats, le marquis de Rambures, mestre de camp du régiment de ses gardes, en l'engageant à s'éclairer des avis de Fabert. En ce temps-là, le cardinal se laissait insinuer par le duc de la Valette que Rambures était désireux d'épouser une de ses parentes. Toutefois, si l'on pouvait croire que Richelieu n'eût jamais couru de plus grand danger, on se méprendrait gravement sur le caractère des deux hommes que Louis XIII faisait ses complices. Il n'y avait qu'un traître capable de consentir à entrer dans la famille du cardinal, pour ruiner ensuite sa fortunc de connivence avec le roi. Et cependant, pouvait-on douter que refuser à Richelieu la satisfaction qu'attendait sa vanité, c'était s'attirer une disgrâce cruelle ?

1. Le roi avait donné, en 1633, à de Rambures le régiment des gardes françaises et le gouvernement de Doullens et du Crotoy. Il lui envoya, en octobre 1634, les provisions de maréchal de camp.

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FABERT ET DE RAMBURES.

Fabert estimait Rambures assez jaloux du soin de sa dignité pour ne pas descendre, dans ces circonstances difficiles, à un rôle indigne de son grand cœur. Mais, sachant que le cardinal n'avait reçu d'injure qu'il n'eût vengée, il se préoccupait de l'avenir de son ami, de ses intérêts privés et de la prospérité de sa famille, toutes choses que le sentiment profond de l'honneur fait quelquefois sacrifier avant la dernière extrémité. Il lui dépeignit donc, avec toute la pénétration que donne une amitié sincère, les suites funestes d'une rupture avec Richelieu. Rambures déclara fièrement qu'il n'entrerait pas dans l'alliance du cardinal et resterait fidèle au roi. Ici, anticipons un peu sur les événements pour dire qu'à quelques mois de là une créature de Richelieu accusa Rambures de lâcheté devant l'ennemi'; la calomnie, noblement repoussée par Louis XIII, qui connaissait la bravoure de son mestre de camp, n'en fit pas moins son chemin parmi les courtisans du cardinal. Trois ans plus tard, Rambures, blessé mortellement au siège de la Capelle, disait à Fabert : « Il faut vouloir ce qu'il plaît à Dieu; je meurs content, on saura que je n'ai point fui. »

En laissant noircir par ses adulateurs la réputation de ce soldat sans reproche, Richelieu donnait satis

1. En désignant dans ses Mémoires l'évêque de Nantes comme le premier auteur de cette perfide imputation, Fabert entend probablement parler de l'abbé de Beauvau, sacré évêque de Nantes en 1636, et dont le cardinal faisait servir l'activité et le dévouement à des missions nombreuses et très diverses.

2. Voir ci-après, en 1637.

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TENTATIVE CRIMINELLE CONTRE LA VIE DE RICHELIEU. 39

faction à ses passions rancunières; mais sa haine personnelle poursuivait ailleurs ceux qu'il tenait pour ses vrais ennemis. Depuis plus de dix-huit mois, il n'était question que de complots tramés contre sa vie. Il en faisait remonter la pensée instigatrice jusqu'à la reine mère, réfugiée à Bruxelles, et à son confident intime, le P. Chanteloube. Le parlement de Metz, appelé à décider du sort des coupables, avait signalé son zèle de néophyte par plusieurs arrêts de mort, dont le dernier condamnait par contumace le P. Chanteloube à être roué vif. Ce jugement était prononcé lorsque le cardinal eut avis d'une nouvelle tentative criminelle dirigée contre lui par un soldat du régiment des gardes. Livré aux tortures de la question, ce malheureux dénonça comme lui ayant suggéré cet abominable dessein un prêtre lorrain, qu'il disait avoir rencontré aux environs de Meaux, et qu'une estafilade au visage rendait facilement reconnaissable. Quelques jours après (13 octobre), arrivait à Metz Jean Berthier, seigneur de Bonnefoy, lieutenant du chevalier du guet en la ville de Paris, porteur d'une lettre du roi (du 9 octobre) à l'adresse de Fabert'. N'ayant pas rencontré le capitaine chez son père, il se transporta au domicile de son beau-père, à Pagny-sous-Preny, où il lui remit la missive royale. Il s'agissait de découvrir un prêtre du nom de Christophe Niclus, que l'on désignait comme ayant desservi une chapelle de l'église collé

1. Lettre (min.). (Arch. aff. étr., Lorraine, t. XV.)

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