Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

<< Mais c'est au nom de ces devoirs même et des plus « sacrés de tous que nous abjurons toute obéissance envers l'usurpateur, pour retourner à nos maîtres légitimes.

[ocr errors]

« S'il y a des périls à suivre ce mouvement du cœur ct << de la conscience, nous les acceptons. L'histoire et la recon<< naissance des Français recueilleront nos noms, elles les « légueront à l'estime de la postérité.

་་

«En conséquence,

« Le conseil général du département de la Seine, conseil

<< municipal de Paris, spontanément réuni,

« Déclare, à l'unanimité de ses membres présents:

་་

Qu'il renonce formellement à toute obéissance envers «Napoléon Bonaparte;

་་

Exprime le vœu le plus ardent pour que le gouverne«ment monarchique soit rétabli dans la personne de « Louis XVIII et de ses successeurs légitimes;

« Arrête que la présente déclaration et la proclamation

qui l'explique seront imprimées, distribuées et affichées << dans Paris, notifiées à toutes les autorités restées dans << Paris et dans le département, et envoyées à tous les << conseils généraux des départements.

[merged small][ocr errors]

LIVRE SEPTIÈME.

Séance du sénat du 2 avril.

du 3 avril.

[blocks in formation]

Texte du décret de déchéance. - Adhésion du corps légis

latif. Manifestations de Paris contre l'empereur.- Ministère. Progrès Adhésion des autres corps constitués. Manifeste du Situation de l'empereur et des alliés. Retour de Caulaincourt à Fontainebleau

de l'opinion.
gouvernement provisoire.
Napoléon à Fontainebleau.

dans la nuit du 2 avril.-Proclamation de Napoléon à sa garde, le 3 avril. - Ordre du jour pour la marche de l'armée sur Paris. maréchaux.

[ocr errors]

Opposition des Entrevue de Napoléon et de Marmont. Adhésion de Marmont à la déchéance de l'empereur. - Lettre de Marmont au prince de Schwartzenberg. Réponse du prince de Schwartzenberg.

I

Cette imprécation du corps municipal de Paris contre celui qu'on appelait déjà l'ennemi public donna l'ébranlement décisif à l'opinion muette encore de Paris et des départements. Quand Paris parlait si haut, qui pouvait se taire? Ce fut un écho dans la France entière. L'indignation et l'insulte s'élevèrent aussi haut que la servilité et l'adulation. Rome, au temps des élévations et des dégradations subites de ses empereurs, n'offrit pas un pire exemple ni un pire scandale d'outrages après la prostration. Les esprits les plus rebelles à la tyrannic napoléonienne, mais les plus généreux parce qu'ils avaient été les plus fermes, se

HIST. DE LA RESTAURATION. 1.

16

réjouirent de cette vengeance de la liberté, mais rougirent de cette impudeur de l'apostasie d'un peuple.

M. de Talleyrand désirait cette explosion, mais il la désirait plus lente et plus tardive. Il s'affligea avec ses confidents d'un éclat qui pouvait permettre aux puissances de se passer du sénat et de lui-même. Il stipulait avec Louis XVIII et avec Alexandre au nom de l'opinion; cette opinion en parlant si haut le devançait. Elle révélait aux alliés et aux Bourbons une force de désaffection contre l'empire et d'entraînement naturel vers une restauration qui enlevait tout prix à ses services et tout mérite à ses négociations. Elle le subordonnait aux royalistes qu'il voulait bien servir, mais qu'il voulait dominer en les servant. Il fut contraint à presser le sénat de déclarer unc déchéance de l'empereur, qu'il espérait tenir suspendue et indécise comme une menace et comme une espérance marchandée dans ses mains aux deux partis.

II

Le Sénat courut par ses ordres au palais de ses séances. Les anciens républicains, à défaut de royalistes, que Napoléon avait plus soigneusement exclus du sénat, se hâtèrent de ressaisir, ne fût-ce que pour une heure, une ombre de souveraineté nationale et d'abattre la tyrannie à leurs pieds. Juste expiation du dix-huit brumaire, vengé au moins dans une assemblée représentative, mais une assemblée dont les portes étaient protégées par l'étranger. M. Lambrechts prit sur lui le premier mot. Lambrechts était un républicain belge qui avait accueilli les Français en Belgique comme l'armée de la philosophie et de la

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

liberté. Ministre sous le directoire, il avait combattu avec énergie les mollesses de ce gouvernement, qui se laissait. glisser sur la pente des retours monarchiques. Il avait voté contre l'Empire sans cacher sa main. Cependant l'estime de la Belgique, que Napoléon voulait flatter, l'avait élevé au sénat. Il devait mourir comme il avait vécu, accusant à son dernier soupir la cause de sa mort : « La honte d'avoir vu tant de lâchetés. »

Lambrechts était l'ami politique de Lanjuinais, la plus pure et la plus obstinée des âmes républicaines dans le sénat; de Tracy, de Grégoire, de Garat, nom déplacé dans un sénat monarchique après avoir présidé au supplice d'un roi. Barthélemy, neveu d'un écrivain philosophe qui avait clos le xvIIe siècle par le Voyage d'Anacharsis dans l'antiquité républicaine, présidait la séance. Barthélemy, homme inoffensif, attrayant, de mœurs, irréprochable de passé, avait été le seul négociateur monarchique dont la république eût employé les talents. Ses missions en Suisse ou aux conférences pour la paix de Bâle l'avaient laissé en rapports intimes avec l'émigration. L'estime de tous les partis l'avait porté au directoire, le choix de Napoléon au sénat. C'était un de ces hommes dont tous les partis s'honorent et dont ils aiment, quand ils sont de sang-froid, à reconnaître l'autorité. Il donnait ce jour-là au sénat l'apparence de l'impartialité et du patriotisme.

[ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

Lambrechts propose au sénat un sénatus-consulte ainsi conçu : « Le sénat déclare Napoléon Bonaparte et sa famille « déchus du trône ; il délie le peuple et l'armée du serment

[ocr errors]

« de fidélité. Ce sénatus-consulte fut voté sans une prolestation. Les membres du sénat les plus dévoués à Napoléon ne protestèrent que par leur absence. Les autres se retirérent silencieux et humiliés après avoir voté. Ils venaient de racheter leur dignité par une lâcheté. Eussent-ils été convaincus de la nécessité de déposer leur créateur, ils se devaient à eux-mêmes de le déposer avec une pleine liberté.

Ils votaient la déchéance d'un maître, au signe et sous l'épée d'autres maîtres. La révolution eut des jours plus néfastes: elle n'en eut pas d'aussi ignominieux.

IV

Mais la forme dans laquelle ce sénat abject vota sa propre dégradation dans la dégradation de l'empereur surpassa l'abjection de l'acte lui-même. Le sénat rédigea de sa main les motifs qui le décidaient à répudier l'empire. Lambrechts fut chargé de les rappeler dans un acte d'accusation dont chaque mot accusait les sénateurs de leur patiente servilité.

Sous la main de Lambrechts et des républicains du sénat, ces textes d'accusation étaient légitimes. C'était le talion de la liberté. Mais dans la bouche des déserteurs de toute liberté et des complices de l'oppression, ces griefs n'étaient que les crimes de l'adversité rejetés par les lâches sur le vaincu, pour en décharger leurs vies.

« ZurückWeiter »