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LIVRE QUATRIÈME.

Course de Napoléon sur Paris.

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Arrivée des

Joseph ordonne à Fuite de Joseph, de

Il traverse Troyes et Sens. armées coalisées devant Paris. - Bataille de Paris. Marmont de capituler. - Proclamation de Joseph. Jérôme et du gouvernement. Mortier offre une suspension d'armes.-Dernière résistance de Marmont. Il propose une suspension d'armes. --Députation du conseil municipal près de Marmont. Capitulation de Marmont le 30 mars. MM. de Chabrol et Pasquier au quartier général d'Alexandre. Alexandre. Il reçoit une députation des Parisiens. Discours d'Alexandre. Entrée des armées alliées dans Paris. Physionomie de Paris. Pétition des maires de Paris à Alexandre. - Manifestation royaliste sur le passage des souverains.

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I

Tandis que Paris se résignait ainsi presque désarmé aux forces innombrables dont il tait entouré, Napoléon calculait avec anxiété les étapes et les heures qui le séparaient de sa capitale. Il avait soixante et-dix lieues à faire franchir à une armée fatiguée de marches et de contremarches, mais impatiente de revoir les murs de Paris et d'y retrouver une dernière victoire. Les soldats, les pieds déchirés par les routes et par les neiges, oubliaient leur lassitude et leurs blessures en contemplant leur empereur marchant, tantôt à cheval, tantôt à pied, au milieu d'eux.

L'impatience fiévreuse de Napoléon passait de ses regards dans leurs yeux. La honte de la capitale de la France menacée pesait sur leurs âmes comme le remords de tant de gloire perdue. Ils couraient pour devancer la vengeance du monde, Napoléon pour ressaisir l'empire. Jetant dans les canaux ou brûlant les équipages qui l'embarrassaient, il faisait jusqu'à vingt lieues en un jour. Parvenu à Troyes le 29 à onze heures du soir, il dépêche de là le général comte de Girardin à Paris, pour ordonner une défense suprême qui lui donne le temps d'arriver. Il en repart le 30, à la tête des restes de sa garde, courant vers Pont-sur-Yonne et vers Moret. A cinq lieues de Troyes, pendant que sa garde repose, l'énigme de son sort lui semble impossible à supporter. Il se jette dans une légère voiture d'osier que le hasard lui offre, et prend, accompagné de quelques officiers de son état-major, la route de Sens. En traversant cette ville, il fait appeler les magistrats et leur ordonne de faire préparer les rations nécessaires pour cent cinquante mille hommes qu'il ramène, dit-il, au secours de Paris. Il poursuit au galop, dans les ténèbres, sur la route de Fontainebleau.

II

Durant cette marche rapide de Napoléon et de sa poignée de soldats vers la capitale, Paris était abordé à portée de canon par les premiers corps de trois armées ennemies. Le général russe Rayewski, sortant de Bondy en trois colonnes d'attaque, gravissait les pentes de Belleville. La garde de l'empereur Alexandre le suivait et le soutenait. Ces hauteurs de Belleville, couvertes de groupes de maisons et de jardins, dominent la moitié orientale de Paris. Marmont,

adossé à ces jardins et à ces faubourgs, défendait avec l'intrépidité du désespoir ce dernier boulevard de la patrie. Son artillerie, rompant les colonnes des Russes, balayait Pantin et Romainville. L'ennemi fléchissait de ce côté. Blücher et son armée n'étaient pas encore en vue de Paris. Le général en chef russe Barclay de Tolly, ne le voyant pas déboucher pour attaquer de concert cette ville d'un million d'âmes, tremblait d'être devancé par Napoléon avant d'avoir fait sa jonction avec Blücher sous les hauteurs de Montmartre. Le général autrichien Giülay, venant de Fontainebleau, était également en retard. Tous ces retards pouvaient donner des heures au retour de Napoléon. Barclay de Tolly compromit son armée entière pour forcer Paris sans attendre les généraux Blücher et Giülay. Mais Marmont et ses soldats, fortifiés de quelques volontaires et animés de l'enthousiasme que donnent les regards d'une patrie présente, couvrit de cadavres les gradins de Belleville, refoula et contint les Russes jusqu'au milieu du jour. Joseph, à cheval, parcourait et encourageait les avant-postes. « Défendez-vous, je suis avec vous,» disait-il aux soldats et aux volontaires. Mais ces paroles n'ajoutaient rien à l'élan des bataillons français. Ils ne connaissaient pas Joseph. L'ombre de Napoléon aurait mieux gardé Paris.

Ce prince croyait sur la foi des lettres de Napoléon que Paris n'était qu'insulté par un corps isolé des armées alliées, et que les souverains et les masses étaient occupés à lutter du côté de Troyes avec son frère. Un officier français, enlevé la veille par une bande errante de Cosaques et amené au quartier général de l'empereur de Russie, vint détromper Joseph. Cet officier avait vu Alexandre lui-même entouré de toutes ses forces à quelque distance de Paris. « Ce n'est « pas à la nation française que je fais la guerre, lui avait "dit Alexandre, c'est à Napoléon. Il a porté le fer et le feu « dans mes États, il a brûlé mes villes; allez dire à Paris « que je veux y entrer non en barbare, mais en ami. Son

sort est dans ses mains. >> Joseph, en entendant le récit de cette entrevue, comprit que toute résistance contre de telles forces réunies perdrait la capitale sans sauver l'empire. Cependant, après avoir donné l'ordre de parlementer, il le retirait encore sur la foi d'autres renseignements. A midi, l'armée de Blücher et l'armée autrichienne débouchèrent, l'une au midi, l'autre au nord, dans les plaines de Montmartre et de la Seine. Marmont combattait toujours, et chacune de ses irruptions du pied des hauteurs faisait refluer l'ennemi. Mais les masses venaient remplacer les masses. Les batteries se rapprochaient, les obus éclataient sur la tête de Joseph et de son état-major. Il envoie un aide de camp à Marmont pour lui ordonner de capituler. L'impossibilité de trouver ce maréchal lancé un des premiers au milieu du feu, et de franchir l'espace criblé de projectiles qui séparait les tirailleurs, retarda les parlementaires. Le bruit du canon se rapproche. Les ennemis, dépassant à la fois Montmartre et Belleville, peuvent entrer d'assaut dans une ville désarmée sur les corps de ses rares défenseurs.

III

Joseph cependant voulut tromper jusqu'au dernier moment Paris, pour que la sédition qui couvait dans les cœurs contre l'Empire n'éclatât pas, du moins, sous les pas des frères de Napoléon. Il lui adressa une proclamation dans laquelle il présentait les cinq armées réunies des alliés comme une colonne égarée venant de Meaux et poursuivie par l'empereur. Une fois que le despotisme s'est condamné au mensonge, il est obligé de mentir jusqu'à sa dernière heure. « Armons-nous, disait-il, je reste avec vous! Défendons

« cette grande ville, ses monuments, ses richesses, nos « femmes, nos enfants, et que l'ennemi trouve sa honte « dans ces murs qu'il espère franchir en triomphe!» Les parisiens oisifs, répandus sur leurs boulevards et dans leurs jardins publics, lurent ces paroles. Ils y crurent un moment. L'empereur, se disaient-ils les uns aux autres, attaque en ce moment par derrière ces téméraires avant-gardes de la coalition. C'est son canon que nous entendons retentir. Ce sont ses boulets qui tombent jusque sur nos toits. Il ramène la fortune un moment égarée. Tels étaient les entretiens des partisans de Napoléon, obstinés de son génie, dans l'intérieur de Paris, alors que les hommes de cœur et de patriotisme mouraient sous les dernières décharges des Russes, sur les hauteurs de Belleville.et de Ménilmontant.

IV

Pendant ce moment de confiance que la proclamation de Joseph donnait à la ville, ce prince, son frère Jérôme, le ministre de la guerre Clarke, descendant des hauteurs de Montmartre, s'éloignaient de toute la vitesse de leurs chevaux par les boulevards extérieurs et traversaient le bois de Boulogne pour gagner Blois. Les hommes les plus compromis dans le gouvernement de Napoléon les suivaient. Il ne restait plus à Paris de toute cette cour que les maréchaux qui en défendaient les portes. L'empire n'était plus qu'un quartier général réduit à capituler pour sauver ce grand foyer de la patrie.

Mortier, attaqué vers midi par les forces irrésistibles de deux armées, n'avait plus de munitions pour combattre. Il allait être coupé de Marmont, enveloppé, refoulé jusque

HIST. DE LA RESTAURATION 1.

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