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ronnes, et que toute puissance temporelle ou spirituelle se rapporte à lui seul.

Il est inutile de dire que le clergé de France et les Parlemens ont continuellement lutté contre de pareils principes. Si parfois ils ont paru faiblir dans cette lutte, soit parce qu'ils ont été obligés de céder à la force des circonstances ou à l'autorité du Roi, il faut leur rendre la justice de convenir que ces malheurs des temps n'ont fait que les affermir davantage dans leur vif désir de conserver dans toute leur intégrité les franchises et libertés de l'Eglise Gallicane, et qu'ils ont toujours agi en conséquence malgré les actes forcés qui semblaient porter atteinte à ces libertés.

Nous allons faire connaître la profession de foi de l'Eglise de France, en ce qui concerne ce que l'on appelle les libertés de l'Eglise Gallicane. Nous en exposerons succinctement les principaux articles, que nous puisons dans une source pure. C'est un ouvrage de l'abbé Fleury, où ils sont disséminés nous ne prenons que les plus essentiels, et nous employons, autant qu'il est possible, les propres expressions de l'auteur.

« Nous croyons que les Rois et les Princes, « quant au temporel, ne sont soumis par l'ordre << de Dieu à aucune puissance ecclésiastique, ét << ne peuvent directement, ni indirectement, être

« déposés par l'autorité des clefs, ni leurs sujets « être dispensés de l'obéissance, ou absous du « serment de fidélité.

« Nous croyons que la puissance des clefs s'é<< tend sur tous les fidèles, et que les souverains << peuvent être excommuniés pour les mêmes <«< crimes que les particuliers, quoique bien plus << rarement, et avec bien plus de précaution; <<<< mais l'excommunication ne donne aucune at« teinte aux droits temporels, même des particu<«<liers. Suivant l'Evangile, l'excommunié doit << être regardé comme un payen; or, il n'y a au<< cun droit dont un payen ne soit capable, même <<< de commander à des chrétiens.

« Le Pape ne peut faire aucune levée de de«niers sur le clergé, soit comme emprunt ou au<<<< trement, si ce n'est de l'autorité du Roi et du <«< consentement du clergé, et encore moins per« mettre ou ordonner l'aliénation des biens du «< clergé, ni lever des deniers sur le peuple, sous « prétexte d'aumônes, pour des indulgences.

<<< Le Pape ne peut accorder aucune grâce qui « s'étende aux droits temporels, comme de légi« timer des bâtards, ou restituer contre l'infa« mie, pour rendre les impétrans capables de « successions, de charges publiques, ou d'autres << effets civils.

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<< Nous croyons, avec tous les catholiques, que « l'Eglise est infaillible; mais nous ne croyons << pas le Pape infaillible. Il est le successeur de «esaint Pierre, et comme tel le chef visible de <«<< l'Eglise ; et il l'est de droit divin. Il est princi<< palement chargé de l'instruction et de la con<< duite du troupeau; mais nous croyons que tous « les évêques ont reçu immédiatement leurs pou«voirs de Jésus-Christ. Ainsi, chaque évêque a << tout pouvoir pour la conduite ordinaire de son << troupeau. S'il erre en matière de foi ou de dis«cipline, le Pape a le droit de le corriger.

« Si chaque évêque a tant de pouvoir, à plus << forte raison plusieurs évêques assemblés dans << un Concile. C'est pourquoi nous recevons les « décisions de foi et les règles de discipline que <«<les Conciles nous ont ordonnées, mais diffé<<< remment la foi étant invariable et univer«selle, nous recevons comme de foi ce qui a « été décidé dans les Conciles même particuliers, « si le reste de l'Eglise les approuve. Quant à la << discipline, nous y admettons des changemens << autorisés expressément ou tacitement par l'E<< glise universelle.

<< Puisque l'Eglise est infaillible, le Concile «<< universel qui la représente toute entière doit « être infaillible aussi. C'est pourquoi nous rece

«vons les décisions de foi des Conciles comme <<< dictées par le Saint-Esprit. Il est vrai que le << Pape confirme le Concile, mais cette con<< firmation n'est en effet qu'un consentement; et << cela n'empêche point qu'un Concile universel << ne soit au-dessus du Pape; aussi le Concile de << Constance a décidé que le Pape est soumis au « Concile. Nous ne croyons pas toutefois que les

<< Conciles doivent être regardés comme un tri→ « bunal réglé et ordinaire au-dessus du Pape, <<< mais comme un remède extraordinaire dans les <«< maux extrêmes et dans les grandes divisions de << l'Eglise.

« Nous croyons qu'il est permis d'appeler du << Pape au futur Concile, nonobstant les bulles de << Pie II et de Jules II, qui l'ont défendu, mais <ces appellations doivent être rares, et pour des <<< causes très

graves,

<<< Comme Jésus-Christ n'a rien révélé touchant << le gouvernement temporel, nous nous en rap« portons au droit naturel et aux anciennes lois << de chaque nation. Nous croyons que la religion << s'accommode avec toutes les formes légitimes de gouvernement; que l'on peut être chrétien « à Venise, en Suisse, aussi bien qu'en Espagne <<et en France; et chacun doit demeurer sou

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mis et fidèle au gouvernement sous lequel la

<< Providence l'a fait naître, et sous lequel on

<< existe.

« Nous croyons, quant à la discipline, que la << puissance du Pape doit être réglée et exercée <<< suivant les canons, et n'est souveraine qu'en ce « qu'il a le droit de les faire observer à tous les « fidèles. D'où il faut conclure que le gouverne<< ment de l'Eglise n'est pas un empire despotique, << mais une conduite paternelle et charitable où « l'autorité du chef ne paraît point tant que les «< inférieurs font leur devoir, mais éclate pour «<les y faire rentrer, et s'élève au-dessus de tout << pour maintenir les règles. Il doit dominer << sur les vices, et non sur les personnes. Ce sont <«<les maximes du Pape saint Grégoire.

<< Nous croyons que les nouvelles constitutions « des Papes, c'est-à-dire la plupart de celles « qui ont vu le jour depuis quatre cents ans, ne « nous obligent qu'autant que notre usage les a << approuvées.

<< Nous ne craignons point les censures de la « bulle In Coena Domini (1). Les bulles qui sont

(1) Cette bulle se nomme in cœna Domini, parce qu'on la lisait tous les ans, le Jeudi-Saint, à Rome. Clément XIV, ce pontife éclairé, ami des lettres, a fait cesser cette cou

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