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cédemment il avait écrit positivement à S. M.: « Vous vous montrez comme un grand Roi, « qui ne se laisse point gouverner, mais qui « gouverne par lui-même ; vous ne voulez point « mettre en délibération si l'on doit faire ce que « vous savez devoir être fait. C'est véritable«ment être Roi, et bon Roi. » Le moyen de résister à des complimens, si séduisans! Aussi, Louis XI parut faire tout ce que Pie II désirait; je dis parut, car l'issue de cette affaire ne répondit pas, pour la cour de Rome, à un si heureux début, puisque l'édit de révocation ne fut jamais enregistré. Le Roi s'aperçut qu'il avait été trompé par le Pape, et il n'était pas en reste quand il faltromper à son tour. Un mot d'explication suffira à ce sujet. L'évêque d'Arras remit au Pape, en mars 1462, l'original de la Pragmatique, et reçut dans la même audience le chapeau de cardinal; mais il oublia, par affectation, deux objets essentiels à sa mission: l'un, d'engager le Pape à favoriser les droits de René d'Anjou sur

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royaume de Naples; l'autre, de demander à S. S. un légat en France pour nommer aux bénéfices, afin d'empêcher l'argent de sortir du royaume, deux points que le Pape avait fait espérer. Louis XI, voyant qu'il avait été trompé, ne se mit pas en peine de faire publier et enregis

trer l'édit de révocation de la Pragmatique, de sorte que les choses restèrent à peu près dans le même état qu'elles étaient auparavant; et l'évêque d'Arras fut disgracié.

Cependant, quoique l'édit de révocation n'eût pas reçu toutes les formes légales, c'està-dire l'enregistrement et la publication, la cour de Rome n'usa pas moins en France de tous les droits qu'il lui accordait; et pendant plus de trois ans, elle sollicita le Roi de faire procéder à l'enregistrement. Louis XI, en septembre 1466, remit ses lettres à un légat venu de Rome pour cet objet; elles furent lues au Châtelet, qui n'y fit aucune opposition: mais, le 1er octobre, Jean de Ballue les ayant présentées à la cour de Parlement pour les faire enregistrer et publier, Jean de Saint-Romain, procureur-général, s'opposa fortement à l'enregistrement, qui n'eut pas lieu. Le Roi, pour se ménager la cour de Rome, destitua Saint-Romain, mais lui conserva toujours ses bonnes grâces et ses faveurs.

Ce fut en 1461 que parurent les célèbres remontrances faites à Louis XI par le Parlement, sur les libertés de l'Eglise Gallicane. C'est une pièce énergique et très savante. On l'attribue à Jean de Rely, mort évêque d'Angers en 1498. L'auteur Ꭹ maintient les élections, et écrit contre les

annates et autres exactions de la cour de Rome. Il y en a une édition très ancienne, en français, in-4°, et une autre de Paris, Dallier, 1561, in-8°. La traduction latine par François Duaren se trouve dans son Traité De Ministeriis et Beneficiis ecclesiasticis. Parisiis, 1551, in-4o, et Jenæ, 1687, in-8°.

Finissons par dire que rien n'a été plus incertain que le sort de la Pragmatique ; tantôt Louis XI se repentait de l'avoir révoquée; tantôt il s'en félicitait; et l'on peut dire à cet égard que sa conduite tortueuse, dans cette occasion comme dans beaucoup d'autres, paraît n'avoir été qu'une suite du besoin plus ou moins grand qu'il avait de la cour de Rome. Mais la Pragmatique ne fut point éteinte, malgré l'édit de Louis XI (1), qui ne fut point enregistré au Parlement. Elle fut mieux observée sous le règne de

(1) La preuve en est, qu'il y eut un Concordat passé, en 1472, entre Louis XI et Sixte IV (pape de 1471 à 1484), qui voyait avec peine qu'on avait rappelé, ou, pour mieux dire, conservé en partie l'usage de la Pragmatique. Ce Concordat, qui est peu connu, fut mal observé Sixte IV s'en plaignit au Roi, par une lettre, consignée dans le tom. v11 du Spicilége, de Luc d'Achery. De plus, Innocent VIII (pape de 1484 à 1492) adressa, en 1491, un bref à Louis d'Amboise, évêque d'Alby,

Charles VIII; elle se soutint encore pendant les démêlés de Louis XII avec le Pape Jules II; mais le Concile de Latran (dont nous donnerons un extrait plus bas) procéda contre elle. Enfin, après la mort de Jules II et de Louis XII (le 1o en 1513, et le second en 1515), leurs successeurs, François I°* et Léon X, firent le Concordat dont il va être donné un extrait.

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Il existe plusieurs ouvrages sur la révocation de la Pragmatique par Louis XI; nous nous contenterons de citer le Commentum Guillelmi de Montserrat super Pragmaticá-Sanctione. Parisiis, 1501, in-8°, et une petite pièce qui est dans le t. VII des Mélanges de Baluze, p: 160. Elle a pour titre: Pragmatica-Sanctionis sublatæ Quærimonia vel Passio. «C'est une espèce de parodie de la trahison de Judas (c'est à l'évêque d'Arras que l'on fait jouer ce rôle), de la prise de Jésus-Christ, de sa passion, et de sa mort, telles que les évangélistes le racontent. L'auteur emploie souvent leurs propres expres¬ sions. Voy. GOUJET, continuation de Dupin, t. III, p. 421.

pour l'exhorter à s'opposer aux nouveaux progrès de la Pragmatique. Ce bref est dans le tome vii des Mélanges de Baluze, pag. 158.

CONCORDAT

DE LÉON X ET DE FRANÇOIS Ier.

EN 1515, première année du règne de François Ier, ce prince, quoique vainqueur à Marignan (les 13 et 14 septembre), et possesseur du Milanais par suite de cette victoire, sentit la nécessité de faire sa paix avec le Pape Léon X, qui le désirait également. Ces deux souverains eurent, au mois de décembre, une conférence à Bologne, où furent jetés les fondemens du Concordat en question. Laurent de Médicis avait indiqué, comme de lui-même, la ville de Bologne appar-. tenante au Pape pour le lieu du rendez-vons. Je vais laisser raconter à Velly les détails de cette

entrevue.

<< Léon X arriva le premier à Bologne. Le magnifique Julien son frère, Jean Jourdain des Ursins, et un grand nombre de barons romains, s'avancèrent au-devant du monarque jusque sur les terres du duché de Milan, et se mêlèrent dans la foule des seigneurs français : les sénateurs de Bologne, les officiers domestiques du Saint-Père, vingt-deux cardinaux, vêtus pontificalement, le

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