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encore promettre à la France des institutions libérales et l'empire des lois? Sé peut-il que ce même homme ait le front de promettre aux nations étrangères de respecter les traités et de ne point se mêler de leurs affaires? Est-ce lui qui prétend faire respecter l'indépendance des François? Son évasion de l'île d'Elbe, son arrivée en France, les titres dont il ose se revêtir, l'autorité dont il s'est emparé, les prestiges dont il l'environne, ceux qu'il prépare pour la soutenir, tous ces attentats légitimés par l'assentiment des puissances européennes, menaceroient l'ordre social d'un bouleversement complet, et les nations du joug dont elles viennent d'être délivrées.

Non, aucune expérience n'est perdue pour l'Europe, après tant d'années de souffrances et de calamités, aucune ne le sera de même pour la France. Elle sait que ce sont les maux innombrables que ce monstrueux despotisme d'un seul homme fit peser sur elle comme sur le -reste de l'univers, qui ont fait sentir aux nations ce qu'elles doivent à leur dignité comme membres de la famille européenne, et à leur prospérité intérieure comme états. Ce sentiment devenu commun à tous les peuples et à tous les gouvernemens, créa, dans les combinaisons

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politiques, une nouvelle force morale, qui seule fit prospérer la grande alliance, et la mit à même de conquérir la paix générale aux portes

de Paris. Cette force existe. Elle est indestruc ́tible, parce qu'elle se compose des mobiles les plus puissans et des sentimens les plus chers : ceux de la religion, de la patrie et de l'honneur national.

Le traité du 30 mai posa les bases de la restauration du droit public de l'Europe, et il établit par ses suites un accord salutaire entre les progrès de l'esprit du siècle et le perfectionnement des institutions propres à garantir à chaque peuple la jouissance de sa gloire et de sa liberté. Le congrès de Vienne étoit à la veille d'achever l'œuvre de la reconstruction du système politique de l'Europe. Ce même congrès, la marche qu'il a suivie, prouvent que tous les intérêts ont été mûrement pesés, et son travail offre le résultat consolant qui assure aux peuples l'inaliénabilité de leur indépendance. Ce n'est plus la volonté du plus fort qui étouffe la voix de la vérité, et brise les résistances les plus légitimes. C'est le droit de chacun, c'est la convenance générale. C'est la justice et la raison d'état qui décident. Ce ne sont plus les

armées.

L'Europe veut la paix. Elle en a sans doute besoin. Mais elle ne croira l'avoir obtenue que quand elle sera fondée sur les principes immuables inhérens à chaque état, et sur l'intérêt commun à tous de la maintenir. Elle ne veut point être réduite à la placer sous la sauvegarde perpétuelle des armées. Elle ne le peut pas sans se démoraliser.

Mais cette France représentée par des adresses, cette France gouvernée par un homme que le parjure et l'infraction de tous les traités ont conduit sur le trône; cette France, tant que cet homme parleroit en son nom, pourroit-elle prétendre à inspirer la confiance qui fait la première base des transactions politiques?

Il en est des états comme des individus : leur crédit ne résulte que de leurs actions.

L'Europe a déclaré la guerre à Buonaparte. La France peut et doit prouver à l'Europe qu'elle sent assez sa dignité pour ne pas vouloir

de la souveraineté de cet homme. La nation françoise est puissante et libre. Sa liberté et sa grandeur reposent en elle-même, et sont nécessaires à l'équilibre européen. La paix de Paris et le congrès de Vienne l'ont prouvé. C'est dans cette intention et dans cet espoir la déclaration du 13 mars a eu lieu. Si cet

que

acte se fonde sur une supposition, c'est uniquement sur celle qui dérive de l'estime que l'Europe accorde à juste titre au peuple françois. Elle l'a jugé. Elle sait qu'il est trop éclairé sur ses véritables intérêts, assez pénétré des principes de l'honneur pour le croire asservi à la volonté d'un individu dont la puissance se compose des élémens qui amènent la chute des états.

On le répète encore une fois : la France n'a qu'à se délivrer de son oppresseur, n'a qu'à revenir aux principes sur lesquels repose l'ordre social pour être en paix avec l'Europe.

No V.

Proclamation de l'Avoyer du conseil de la république de Berne, du 13 mars 1815.

Nous l'Avoyer et le conseil de la ville et république de Berne, savoir faisons :

Le débarquement du ci-devant Empereur Napoléon sur les côtes de France, et sa marche rapide jusque dans les environs de Lyon, menacent la France d'une guerre civile qui, s'il plait à Dieu, sera courte, et qui expose notre patrie, même une partie de l'Europe, au dan

ger d'une nouvelle oppression et de nouvelles guerres. C'est donc un devoir sacré pour tous les gouvernemens Suisses de se mettre en mesure de maintenir l'honneur de la patrie aux yeux de l'Europe, de développer par un accord unanime toutes leurs forces pour défendre et conserver sa sûreté et son indépendance.

Telle est la résolution de la diète et la nôtre. Pleins de confiance en l'appui de la divine Providence pour une cause aussi juste, nous comptons sur le courage et la résolution de nos braves officiers et soldats, dont la fidélité et le zèle se sont montrés d'une manière si brillante dans les derniers temps, et sur le patriotisme de nos sujets qui réunira toutes leurs volontés pour le but commun, de manière que chacun dans sa position fasse tout ce que la patrie et le gouvernement en son nom seront dans le cas de lui demander.

La présente proclamation sera affichée partout où besoin sera, et distribuée aux différentes autorités et aux chefs des communes.

Donné le 13 mars 1815.

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