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prochain, et me marquer ce que vous aurés avancé pour cela, afin de vous le faire rembourser d'abord a Paris.

Memoire.

J'ai quatre tomes des Memoires de la Ligue. Il me manque le premier et sixieme tomes des Memoires de la Ligue, que je prie qu'on me cherche.

J'ai le Cours de droit en latin, in 8o, papier raié, Paris, ex officina Carolæ Guillardæ, 1540 et 1542. J'ai les trois volumes du Code. J'ai le premier tome du Digestum vetus, qui contient le onzieme livre du Digeste inclusivement; et il me manque le tome qui suit, qui contient les 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22 et 23 livres du Digestum vetus. J'ai le te qui contient Infortiatum. J'ai le tome qui contient Digestum novum. J'ai le tome qui contient Novella constitutiones. Il me manque le tome qui contient Institutiones.

Montfaucon ne pouvait s'abstenir d'obliger avec empressement l'honorable bibliophile qui lui avait rendu tant de services, indépendamment de ceux qu'il était en position de lui rendre encore. Une prompte satisfaction à cet endroit ferait, d'ailleurs, oublier à son ami beaucoup de mécomptes d'amourpropre, et permettrait même de donner le change à de nouvelles prétentions. Mais l'illustre bénédictin, distrait et absorbé par d'autres soins, ne s'acquitta que d'une partie de sa tâche de chercheur, et d'Aigrefeuille, tout en le remerciant, eut bientôt à lui en rappeler le reste à la mémoire.

Je vous remercie, mon Reverend Pere, de tous vos soins pour me recouvrer les livres qui me manquent. Je prendrai les 1er et 6e volumes de la Ligue, a 6 liv. chacun, quoiqu'ils soint fort chers. A l'egard du Mercure françois avec le Septenaire et Novenaire, si les volumes sont bien condi[ti]onés et bien reliés, j'en donnerai cent francs. On l'a donné ici a ce prix, relié en maroquin rouge.—J'ai le Cours de droit en latin, in 8o, ex recognitione Greg. Haloandri, papier raié, Paris, ex officina Carolæ Guillardæ, 1540 et 1542. Cette edition a huict volumes, et je voudrois l'avoir complete. Il me manque le deuxieme volume du Digestum vetus, pour avoir ce livre complet, que je vous prie de me faire chercher. Cette edition est recherchée, et il ne me manque que le deuxieme volume du Digestum vetus, pour avoir cette edition complete. A l'egard du manuscrit que je vous ai envoié, agreés que je vous en fasse un present. Je souhaiterois qu'il fut plus beau et meilleur; je vous le donnerois avec le meme plaisir.-Mon fils vous remercie de l'honneur de votre souvenir.-Je suis, mon Reverend Pere, avec un attachement tendre et respectueux, votre tres humble et tres obeissant serviteur. D'Aigrefeuille.

A Montpelier, ce 29 juin 1735.

J'attend votre reponse.

Montfaucon paraitrait avoir si bien satisfait aux désirs de son ami, qu'il

III.

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reçut de nouvelles commissions. Mais le savant académicien avait autre chose en tête; et d'Aigrefeuille, tout entier à ses goûts de bibliophile, saisit la plus prochaine occasion pour ne pas se laisser encore oublier.

J'ai l'honneur, mon Reverend Pere, de vous souhaiter une heureuse année, et vous renouveller les assurances de mon zele et mon attachement. Mon fils et toute ma famille vous offre aussi ses vœux. Continués nous vos bontés, et soiés assuré du respect avec lequel je suis, mon Reverend Pere, votre tres humble et tres obeissant serviteur. D'Aigrefeuille. A Montpelier, ce 3o janvier 1756.

On viendra chez vous de ma part, pour savoir si vous vous etes souvenu de me faire chercher l'autre tome de la Ligue, qui me manque, et vous demander le prix du sixieme volume fol. de Gallia christiana et de l'Histoire folio de l'abbaie de Saint Denis, que je veux avoir.

Marqués moi quand on delivrera le sixieme volume du Glossaire de Du Cange, et si le septieme volume de Gallia christiana est imprimé.

Que d'indiscrétions fait commettre la bibliomanie! Mais à quelles importunitės plus ridicules encore expose la maladie nobiliaire! Lisez, par exemple, la lettre suivante : toutes les prétentions de notre demi-savant gentilhomme s'y trouvent réunies; elle achève de le dessiner; et c'est toujours lui qui tient le crayon :

Apres vous avoir demandé des nouvelles de votre santé, mon Reverend Pere, et vous avoir fait mes complimens et ceux de mon fils, aiés la bonté de me dire si votre ouvrage intitulé Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum, dont j'ai retenu un exemplaire, est fort avancé, et si on delivrera bientost cet ouvrage.

Aiés la bonté de me dire aussi s'il y aura un Suplement du Glossaire de Du Cange, dont on delivre le sixieme volume in folio, et ce que coutera ce Suplement, au cas il y en ait, a ceux qui ont souscrit, et combien de volumes aura ce Suplement. Celui qui travaille a cet ouvrage m'avoit promis de faire mention de moi. Je lui ai envoié plusieurs memoires; et au cas il veuille le faire, il faut qu'il ait la bonté de me donner les qualités qui suivent. J'ai eté fait conseiller d'Etat le mois de mai dernier. Messire Jean Pierre d'Aigrefeuille, chevalier, seigneur de Caunelles, La Fosse et autres lieux, conseiller d'Etat, president honoraire en la cour des comptes, aides et finances de Montpelier. Je le prie aussi de me dire son avis. Nous avons eu à Montpelier une maison magnifique des Templiers, qu'occupent aujourd'hui les Chevaliers de Malte. On voit par un acte de l'an 1200 que l'eglise de la maison des Templiers est apelée Ecclesia Sanctæ Mariæ de Lesis. Je le prie de me dire ce qu'il croit que veut dire de Lesis. Je l'explique par Notre Dame de Bon secours, pour oposer a Lesis, parce que je trouve dans le cinquieme volume du Glossaire de Du Cange

que Leza etoint des machines dont les Turcs se servoint contre les Romains. Cette conjecture, je la soumets a sa decision.

Continués moi vos bontés, et soiés assuré du tendre et respectueux attachement avec lequel j'ai l'honneur d'etre, mon Reverend Pere, votre tres humble et tres obeissant serviteur. D'Aigrefeuille, conseiller d'Etat.

A Montpelier, ce 28e novembre 1736.

Il faut aller jusqu'à l'année 1758 pour rencontrer deux autres lettres du nouveau conseiller d'État à Bernard de Montfaucon. Ce sont aussi les deux dernières de cette correspondance, et d'Aigrefeuille s'y montre toujours le même, toujours amateur distingué et passionné, soit comme bibliophile, soit comme antiquaire. L'âge et les circonstances L'ont rien changé à sa manière d'être. Il mourra tel qu'il a vécu, tel que nous l'avons vu se révéler sans cesse depuis une trentaine d'années. Voici la première de ces deux missives finales :

Je m'adresse toujours a vous, mon tres Reverend Pere, lorsqu'il est question de belles lettres et d'antiquité, parce qu'il n'y a personne qui soit plus au fait que vous, ny qui communique ses lumieres avec plus de bonté que vous le faites, surtout a vos amis. Comme je me flatte que je suis de ce nombre, j'espere que vous voudrés bien me donner des eclaircissemens sur la medaille que vous trouverés dans cette lettre. Elle est rare, et par la tete et par le revers. Peut etre meme jusques a present a t elle eté inconnue aux antiquaires. Quoi qu'il en soit, votre sentiment et celui des connoisseurs de Paris determinera ce que j'en dois penser. Je vous supplie d'examiner avec la derniere exactitude la verité de cette medaille ou sa fausseté. Ce dernier article est le principal, selon moi, et ne sera pas le plus aisé a decider. Mais rien n'echape a votre penetration. Elle sera toujours mon guide dans les sciences, comme ma reconnoissance la caution du tendre attachement et du devouement parfait avec lequel je serai toute ma vie, mon Reverend Pere, votre tres humble et tres obeissant serviteur. D'Aigrefeuille, conseiller d'Etat.

A Montpellier, ce 30e janvier 1738.

Mon fils vous assure de ses respects, et vous demande toujours dans votre amitié la part qu'il croit y meriter par son attachement a tout ce qui vous regarde.

De quelle médaille s'agit-il? Aucune indication ne le précise, et toute conjecture serait impossible. Mais qu'importe en somme? Le portrait de notre amateur ne s'en achève pas moins: il pose, dans cette avant-dernière lettre, en numismate. Il redeviendra bibliophile dans la dernière, et ce sera pour complimenter de la meilleure grâce son illustre ami :

J'ai bien des remerciemens a vous faire, mon Reverend Pere, de l'exemplaire de votre ouvrage Bibliotheca bibliothecarum, que vous avés eu la bonté de m'envoier. Il m'est d'autant plus cher et precieux, qu'il me flate que j'ai quelque part dans l'honneur de votre souvenir. Je tacherai de meriter vos bontés, par l'estime et la veneration que j'aurai toute ma vie pour vous, heureux si je trouve les occasions a vous le marquer, et le respet avec lequel j'ai l'honneur d'etre, mon Reverend Pere, votre tres humble et tres obeissant serviteur. D'Aigrefeuille, conseiller d'Etat.

A Montpellier, ce 17e novembre 1758.

Mon fils vous assure de ses tres humbles respets. Nous parlons ici souvent de vous avec M. le marquis de Vissec, mon parent.

Toujours de l'orgueil domestique, à la fin comme au début. Non-seulement le vieux président de notre cour des aides ne signe plus sans se qualifier ambitieusement Conseiller d'État, mais il tient à répéter que le marquis de Vissec est son parent, pour qu'on le sache mieux, et pour qu'il en rejaillisse certain éclat sur son propre nom; comme si le voisinage d'un titre de marquis eût été capable d'ajouter quelque chose à sa valeur personnelle !

Curieuse figure de magistrat, où domine plus encore le pédantisme de la gentilhommerie que celui de la science; vrai type d'amateur aristocrate, chez lequel semblaient s'être donné rendez-vous, avec nombre de qualités estimables, les ridicules provinciaux du siècle de Louis XIV et ceux du siècle de Louis XV ! Le désir de mettre en relief une si bizarre alliance aurait pu me déterminer, à lui seul, à exhumer cet étrange portrait. Mais je me suis proposé en même temps un but plus général; j'ai voulu faire revivre, à l'aide de la correspondance autographe de Jean-Pierre d'Aigrefeuille, un aspect de la vie savante de la société montpellieraine d'alors. Je suis très-loin de m'exagérer l'avantage de cette restitution : je ne m'en grossis ni l'intérêt ni l'importance. Il ne sera pas inutile, toutefois, d'avoir produit de tels documents. Ce n'est qu'au moyen de notices particulières qu'on peut arriver un jour à posséder complète l'histoire du mouvement intellectuel et artistique sur les divers points de notre ancienne France.

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LES

PROFESSEURS DE DROIT FRANÇAIS

DE LA FACULTÉ DE MONTPELLIER;

(1681 à 1791)

Par M. FAUCILLON.

I.

L'édit du mois d'avril 1679 posait les bases générales de la réforme de l'enseignement du Droit en France. Entre autres dispositions, Louis XIV prescrivait, outre l'enseignement du droit canonique et civil dans toutes les Universités où il existait une Faculté de droit, celui du droit français contenu dans les Ordonnances royales et dans les Coutumes. La Faculté de Montpellier s'augmentait dès-lors d'une cinquième chaire: depuis longtemps quatre professeurs y enseignaient le droit canonique et civil; dans le Languedoc, on suivait le droit romain. Le roi se réservait de nommer aux chaires qu'il créait par des provisions (1er juillet 1681) adressées à Daguesseau, intendant de la province, il nomma Henri Casseirol, professeur de droit français à Montpellier.

Fils d'un procureur au présidial, docteur in utroque en 1642 ct juge de l'Ordinaire depuis 1672, charge qu'il tenait de son parrain Gabriel de Grasset, Casseirol avait acquis la pratique des affaires dans l'étude de son 44

III.

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