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valcades par arrêt du Parlement de 1558; mais l'usage s'est toujours maintenu de donner aux écoliers un congé pour le lendit, et ils en profitent communément pour faire une partie de campagne dans les environs de Paris: parce qu'ils sont en petites bandes et veillés de plus près par leurs maîtres, le congé est fixé tous les ans au lundi d'après la Saint-Barnabé. La foire commence le lendemain de Saint-Barnabé et dure quinze jours. Quant au recteur, il a toujours conservé jusqu'à ce jour le droit de visite sur le parchemin. Ce droit est aussi ancien que l'Université et paraît remonter jusqu'à Charlemagne. Tout le parchemin qui arrive à Paris doit être déposé dans la halle du recteur pour y être visité et rectorisé, et payer les droits, ensuite être loti entre les parcheminiers. Cette halle était autrefois la chambre même du recteur. Dès 1291, elle était dans le couvent des Mathurins; elle est aujourd'hui dans une des cours du collège de Louisle-Grand (1789).

III. UN TOQUÉ.

Parmi les livres niais les plus amusants, on doit placer les Lettres sur Jean-Jacques Rousseau, de l'écrivain public de Longueville, imprimées en 1779. Nous en citerons deux passages:

Sur ce que Rousseau, en parlant de l'écriture,

c'est-à-dire de l'art de former des lettres, dans l'Émile, dit qu'il a « honte de s'amuser à ces niaiseries dans un Traité de l'éducation. » « Voilà, s'écrie notre écrivain public, de ces traits auxquels on ne s'attend pas et qui donnent un plaisir convulsif! Quand on a lu cela, il faut fermer le livre et faire deux sauts dans sa chambre. »

La brochure est terminée par une lettre où l'auteur explique qu'il n'est pas en état de subvenir aux avances qu'exige l'impression de ses ouvrages. Il ajoute que « pour obtenir une tête digne d'écrire, il faut un concours de circonstances avantageuses qui, dans sa situation, sont très-difficiles à rassembler. Et il les énumère ainsi : « On ne jouit de toutes les facultés de l'âme que quand le physique est amplement satisfait. Pour y pourvoir, il faut de l'argent, et quand ce physique est étendu, il faut beaucoup d'argent. Moi, par exemple, poursuit-il, je ne ressemble pas aux autres beaux esprits, qui paraissent ne se nourrir que du parfums des fleurs de l'Hélicon; je suis un des plus prodigieux mangeurs du royaume; c'est en dévorant les flancs d'un vaste `aloyau que j'obtiens e feu, l'énergie, la délicatesse, la fécondité de l'esprit. Dans ma petite loge, où j'ai tout le loisir de rêver, j'ai souvent pensé qu'il devrait y avoir un édit qui ordonnât que les beaux esprits qui auraient

donné quelques marques de talent fussent logés, alimentés, vêtus et réjouis gratis dans toute l'étendue du royaume. »

Ce même de Longueville, dans ses « Nouvelles lettres,» no 2, cherche à conseiller aux auteurs de prendre chacun un bon métier, sans quitter pour cela la littérature. « S'il plaisait à M. Rousseau, de Genève, de tenir un hôtel garni, l'Europe viendrait successivement à Paris loger chez lui. Un poëte pourrait épouser une marchande de modes qui excellerait dans son art et qui tiendrait l'une des brillantes boutiques de la rue Saint-Honoré... » Mais on ne devinerait jamais la profession que M. de Longueville propose aux philosophes. Il a remarqué que les chandeliers «sont presque toujours les bras croisés dans leurs boutiques; et cette vie contemplative lui paraît précisément celle que doit mener un homme qui écrit sur la morale. Ainsi, un philosophe sans fortune pourrait se faire marchand de chandelles... Il pourrait même arriver quelquefois que ses chandelles éclaireraient encore plus que ses écrits. »

IV. UNE BIBLIOTHÈQUE DU VINGT-CINQUIÈME SIÈCLE.

Dans ce « rêve, s'il en fut jamais,» intitulé l'an 2440, l'imagination déréglée de l'auteur du

Tableau de Paris s'est promenée au milieu des collections de la Bibliothèque de la rue Richelieu, telles qu'elles seront dans six siècles. Tout en attachant peu d'importance à cette singulière fiction, nous avons jugé à propos d'en faire une analyse. Il s'y trouve quelques critiques justes, et c'est, en somme, un jeu d'esprit que les amis des livres reliront peut-être avec intérêt.

«Au lieu de ces quatre salles d'une longueur immense, et qui renfermaient des milliers de volumes, je ne découvris, dit Mercier, qu'un petit cabinet où étaient plusieurs livres qui ne me parurent rien moins que volumineux. Surpris d'un si grand changement, je n'osais demander si un incendie fatal n'avait pas dévoré cette riche collection. Oui, me répondit-on, c'est un incendie, mais ce sont nos mains qui l'ont allumé volontairement.» Mercier s'étonne d'un pareil acte de vandalisme; le bibliothécaire «véritable homme de lettres» lui tient ce discours : « Nous avons découvert qu'une bibliothèque nombreuse était le rendez-vous des plus grandes extravagances et des plus folles chimères. De votre temps, à la honte de la raison, on écrivait, puis on pensait. Nos auteurs suivent une marche tout opposée; nous avons inmolé tous ces auteurs qui ensevelissaient leurs pensées sous un amas prodigieux de mots ou de

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MISCELLANÉES.

passages. Que contenait cette multitude de volumes? Ils étaient pour la plupart des répétitions continuelles de la même chose. D'un consentement unanime, nous avons rassemblé dans une vaste plaine tous les livres que nous avons jugés ou frivoles, ou inutiles, ou dangereux; nous avons formé une pyramide qui ressemblait en hauteur et en grosseur à une tour énorme : c'était assurément une nouvelle tour de Babel. Les journaux couronnaient ce bizarre édifice, et il était flanqué de toutes parts de mandements d'évêques, de remontrances de parlements, de réquisitoires et d'oraisons funèbres. Il était composé de 5 ou 600,000 commentateurs, de 800,000 volumes de jurisprudence et de critique injurieuse, de 50,000 dictionnaires, de 100,000 poëmes, de 1,600,000 voyages et de 1,000,000,000 de romans. Nous avons mis le feu à cette masse épouvantable, comme un sacrifice offert à la vérité, au bon sens, au vrai goût. Ainsi nous avons renouvelé par un zèle éclairé ce qu'avait éxécuté jadis le zèle aveuglé des barbares. Cependant, comme nous ne sommes ni injustes, ni semblables aux Sarrasíns, qui chauffaient leurs bains avec des chefs-d'œuvre, nous avons fait un choix de bons esprits ont tiré la substance de mille volumes in-folio, qu'ils ont fait passer tout entière dans un petit in-douze. Nous avons fait de

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