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éditions du Château de Labour, de Gringore; mais ce fait ne peut être considéré comme une preuve, quand on remarque que cette édition, publiée, en 1532, par Galliot Du Pré, fut faite sans la participation de l'auteur, car, s'il vivait encore à cette époque, il avait depuis longtemps quitté Paris pour la Lorraine.

Ce n'était donc qu'une présomption, et elle doit tomber devant un témoignage précis et contemporain qui donne les Faintises au moine Guillaume Alexis. Ce curieux passage, que je ne connaîtrais pas, s'il ne m'avait été indiqué par M. de Lurde, à qui l'on doit reporter tout l'honneur de cette juste restitution, se trouve dans le Grand et vray art de plaine réthorique de Pierre Fabry. Dans le chapitre de son second livre, où il traite de l'entrelacemeri des rimes (éd. de 1539, f. xvII, recto), il s'exprime ainsi :

« Le moyne Alexis en ses Faintises les croyse ainsi qu'il s'ensuyt :

Tel se demente de rithmer

Qui n'entend ne rime ne prose;
Tel se faict maistre aux ars clamer,
Qui n'entend ne texte ne glose;
Tel ne veult arer ne semer,
Qui veult bien recueillir les fruictz;
Tel cuyde gaigner à la mer

Dont luy et les siens sont destruictz.»

D'un côté, c'est bien le titre du livret qui nous occupe; de l'autre, la strophe, sauf une variante dans le dernier vers, s'y retrouve complétement. Le témoignage est donc précis; il a de plus cette authenticité d'être dans la bouche d'un homme dont les attributions d'auteurs sont exactes, et qui était contemporain et de Guillaume Alexis et de Gringore. En effet, les deux éditions de son livre, publiées à Paris par Jehan Longis et par Charles Langlier, sont de 1532 et de 1539. A cette dernière date, Gringore, dont le premier ouvrage avec date porte celle de 1500, n'était pas mort, puisque son dernier livre est de 1544; Guillaume Alexis, qui écrivit dès 1486, date de son voyage à Jérusalem, et même dès 1480, date de son Passetemps de tout homme et de toute femme, a vécu jusqu'en 1505, puisque l'ABC des Doubles, imprimé par Vérard à la suite de ce dernier ouvrage, a certainement été composé en 1505 (Goujet, X, 108). Ainsi, Fabry, qui a vécu du temps de Gringore, a vécu aussi du temps de Guillaume Alexis, puisque son livre, imprimé pour la première fois en 1532, ne le fut qu'après sa mort, ce qui résulte du titre même, qui ajoute à son nom cette mention : « En son vivant curé de Meray et natif de Rouen.»>

D'un autre côté, le poëme lui-même vient à l'appui de cette affirmation de Fabry, Il est écrit

dans un style plus simple que celui de Gringore, moins affecté de pédantisme et moins surchargé de mots savants. Il commence par ce vers :

Beau frère, si Dieu vous doint joye.

Et ce mot beau-frère, qui serait une injure dans la bouche de Gringore, est très-compréhensible dans celle du moine Guillaume, dont nous avons même le Passetemps du prieur de Bussy et de son frère le cordelier, parlant chacun en quatre lignes en rimes. La sixième strophe se termine par ce vers :

Plus les congnois et moins les prise,

Autant la femme comme l'homme,

qui fait penser à son Débat de l'homme et de la femme, qui a été réimprimé dans le premier volume des anciennes poésies des quinzième et seizième siècles de la collection Elzevirienne. Les vers :

Tel fait du sage et du gros bis,
Qui est un glorieux conart,

sentent, non-seulement le Normand, mais le Normand voisin de Rouen, comme l'était en effet Guillaume Alexis. L'affirmation de Fabry, qui a déjà en elle-même tous les caractères de la vérité, n'est pas contredite, elle est même appuyée par ce

qu'on peut tirer du poëme; il y a done toute raison de retirer sans hésitation et d'une façon définitive à Gringore les Faintises du monde.

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Ces autographes, examinés par M. Teulet, furent regardés comme authentiques et vendus comme tels. Cependant la critique les considéra différemment. M. Teulet s'éleva contre ce jugement et rédigea, dans un volume grand in-4o, ses opinions sur les autographes. Son livre, qui n'a pas été imprimé, croyons-nous, est intitulé comme ci-dessus; il se compose de trois parties: 1° d'une sorte de travail préliminaire ou préface; 2o de la copie des lettres; 3o de deux appendices; le premier est ainsi intitulé: « Spécimen du travail fait sur les divers autographes que j'ai eus à examiner. » Le deuxième : « Correspondance relative aux autographes. »

Nous extrayons de la première partie quelques passages: «Tout ce qu'on a dit pour attaquer toutes les pièces provenant du même cabinet n'a rien changé

à ma conviction. Une seule objection grave a été faite, grave parce qu'elle repose sur un sentiment d'honnêteté: on a dit que, faute de renseignements positifs sur l'origine de tant de documents curieux qui apparaissaient tout à coup, on était autorisé à les croire fabriqués, et même fabriqués tout récemment. Il est vrai que la personne qui possédait l'ensemble de ces documents et qui les a vendus, a eu le tort, le très-grand tort, non-seulement de ne pas dire bien nettement d'où provenaient toutes ces pièces, mais même de chercher à répandre sur leur origine de fausses indications. Pour éclaircir ce point, j'ai fait auprès de cette personne toutes les instances imaginables. Après m'avoir justifié, quant à elle, d'un titre qui paraît constater sa légitime propriété, elle m'a répondu qu'elle n'était nullement tenue de remonter plus haut, que toutes les collections particulières sont dans le même cas, et que la plupart des amateurs seraient bien embarrassés s'il leur fallait établir une sorte de généalogie des pièces conservées dans leurs collections. » Il dit plus loin: «L'océan de paroles dans lequel on a tout d'abord noyé cette discussion, la tournure odieuse qu'on a cherché à lui donner, m'ont inspiré un profond dégoût. » Dans une sorte de «< conclusion » qui suit la copie des lettres, M. Teulet dit encore: «Tels sont les autographes

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