PRÉFACE ES auteurs d'annuaires ne paraissent pas s'accorder sur la véritable acception du mot annuaire. Les uns, parlant au nom d'une société, donnent à leur publication un titre général auquel le livre ne répond pas on l'ouvre, un calendrier fort long et sans intérêt occupe les premières pages; puis viennent de longs extraits de procès-verbaux ou tout autre liste aussi indifférente au commun des lecteurs; enfin l'on termine par une ou deux notices, souvent très-bien faites, mais très-longues et la plupart du temps complétement étrangères aux événements contemporains. Les autres annuaires, moins exclusifs, s'occupent un peu plus des choses du jour; les articles de fonds qu'ils insèrent s'y rapportent en général; mais quel petit nombre de nouvelles par rapport à la quantité de faits qui s'offrent de tous côtés au compilateur et au critique, quel que soit le cercle d'idées qu'il ait fixé à ses travaux! Ne serait-il pas bien à celuici, — je suppose, qui s'occupe de géographie, d'apprendre au lecteur avide de science que tels et tels voyages ont été entrepris, que tels encouragements ont été accordés, que telles découvertes ont été faites, que tels récits intéressants ont été publiés, que tels intrépides pionniers ont trouvé la mort au milieu des dangereuses explorations dans lesquelles ils s'étaient aventurés? Et si au lieu de remplir ce programme, le plus simple de tous, il se contente de tracer un rapide tableau des publications d'un libraire ami, suivi d'une esquisse de la vie de Strabon, ne pourra-t-on pas dire, avec raison, qu'il ment à son titre, qu'il n'est pas un annuaire. Aussi les difficultés qu'offre la rédaction de l'un et de l'autre sont-elles bien différentes pour celui-ci, le premier sujet venu, de neuf rhabillé, sera bientôt un article, bientôt un livre; pour celui-là, au contraire, le véritable annuaire, cent matériaux divers patiemment accumulés, critiqués et groupés ne formeront encore qu'une très-faible partie de la tâche. Son plus grand soin sera de rester dans sa spécialité, et d'envisager avant tout le caractère utilitaire de son œuvre et de sacrifier, au besoin, l'art de bien dire à l'art de dire beaucoup. L'Annuaire du Bibliophile, encore si imparfait, ne répond guère à l'exposition que nous venons de tracer. On verra cependant que nous nous sommes appliqués à suivre les règles générales auxquelles il nous semble que doit se conformer tout éditeur d'annuaires. Les nouvelles de l'année sont plus nombreuses; classées avec méthode, on peut les retrouver facilement; les articles, en général, se rapportent à des sujets d'un intérêt immédiat ; l'étranger, négligé les années dernières, occupe plus de place, particu lièrement dans la Bibliographie bibliographique, dont les éléments ont été recueillis pour toute l'Europe avec exactitude. Des encouragements de divers genres nous ont engagé à persévérer dans notre travail. D'une part, S. Exc. le ministre d'Etat, en souscrivant à un assez grand nombre d'exemplaires de l'Annuaire, s'est joint au public pour constater son utilité, et, d'autre part, M. le chef du bureau des archives départementales au ministère de l'intérieur a proclamé notre idée heureuse, en créant de son côté, pour l'administration, un second Annuaire de l'Archiviste. A tout seigneur tout honneur. Notre petit in-douze doit s'effacer devant l'in-octavo officiel. L'excellent livre de M. Champollion-Figeac s'adresse avec autorité à l'archiviste des préfectures, des mairies et des hospices de France; notre modeste volume butine un peu partout ses informations, et sans négliger les grandes archives, s'intéresse particulièrement aux archives de famille et à celles de l'étranger. Le champ n'est que trop vaste, et c'est afin d'y travailler avec plus d'ardeur encore que nous fordons, pour paraître dans quelques semaines, une publication auxiliaire de celle-ci : les Annales du Bibliophile, du Bibliothécaire et de l'Archiviste, auquel les souscripteurs de l'Annuaire ont bien voulu, sur la simple lecture des prospectus, faire un accueil empressé. Indiquons comme dernière amélioration de l'Annuaire un index sominaire des matières contenues dans les trois volumes maintenant en vente, en attendant la table trèscomplète que nous donnerons plus tard. Et n'achevons pas sans remercier nos collaborateurs : M. Le Roux de Lincy, secrétaire de la Société des Bibliophiles français, pour un précieux document qu'il nous a communiqué; M. H. Michelant, de la bibliothèque impériale, pour son article sur les bibliothèques de Florence; MM. A. de Montaiglon, de la bibliothèque Sainte-Geneviève; Alfred Franklin, de la bibliothèque Mazarine; Antony Meray, bibliophile distingué et littérateur élégant; A. Claudin, l'un de nos éditeurs, qui dans le dernier Annuaire nous avait déjà fourni quelques articles et de nombreux documents, et tous nos autres correspondants pour leurs divers articles et notes bienveillantes. L. L. |