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tement des successeurs au titre de fondateur, et après qu'elles auront été préalablement homologuées en la Cour. »>

Cette sentence fut transcrite tout au long sur les registres du Parlement.

Nous avons trouvé les éléments de ce récit dans un registre manuscrit conservé aux archives de l'Empire, et qui a pour titre : Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les Inspecteurs et Grand Maitre du Collège Mazarin. Chacun tirera de ce petit épisode les conséquences qui lui paraîtront les plus sages. Quant à nous, nous n'avons eu d'autre intention, en le publiant, que de fournir un document nouveau au futur auteur d'un travail qui paraîtra certainement un jour, et qui pourrait s'intituler: Histoire édifiante et curieuse du prét des livres dans les bibliothèques publiques.

Alfred FRANKLIN.

IV.

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QUELQUES MOYENS FACILES DE RESTAURER
LES VIEUX LIVRES.

Les livres deviennent rares! Cela s'est toujours dit, surtout dans les périodes de calme, pendant lesquelles l'élégante passion du bibliophile peut se développer en toute liberté. Les étalages en plein

air se dégarnissent alors de volumes intéressants, complets et bien conservés. Nous sommes maintenant dans une de ces époques où les quais sont surveillés et dépouillés avec acharnement. Il faut l'avouer pourtant, les rencontres précieuses n'ont jamais été très-communes, surtout pour les amateurs qui suivent la mode et s'attachent exclusivement aux ouvrages dont le caprice des ventes fait hausser le prix.

Si nous étions encore au temps des Génies, et qu'il prît fantaisie à l'un deux de venir en aide aux quartiers pauvres en semant leurs rues de vieux sequins par une brumeuse nuit de novembre, les habitants de ces quartiers sauraient-ils reconnaître le précieux métal sous la vétusté de l'empreinte? Prendraient-ils le soin d'en enlever la patine et la boue? Assurément oui. Ils ne dédaigneraient pas les pièces d'or des siècles passés, sous prétexte qu'elles ne sont plus de mode aujourd'hui. Que les bibliophiles de goût suivent donc leur exemple, qu'ils aident aux libéralités du hasard. Les belles rencontres de la chasse aux livres existent encore, il faut savoir les deviner.

De nombreux exemplaires des éditions recherchées au siècle dernier se moisissent à présent sur les quais. Les boîtes des libraires étalagistes regorgent d'admirables volumes italiens édités à Ve

nise, quand florissaient les Alde, les Sansovino, les Giolito, les Sessa et les Valgrisi; on y rencontre de beaux classiques de Lyon et de Paris signés par les Simon de Colines, les Gryphes, les Marnef, les Estienne et les Langelier. Des bizarreries philosophiques, de petits traités historiques, imprimés en Hollande et sur les bords du Rhin, appartenant à la charmante collection des Elzeviers, achèvent, à défaut d'amateurs, de racornir leurs robustes reliures au soleil et à la pluie. Un artiste de mes amis, désolé de voir se perdre ces jolis chefsd'œuvre de l'imprimerie avec les marques originales de leurs éditeurs, leurs lettres historiées et les vignettes délicates de leurs frontispices, se décidait souvent à en acheter, bien qu'il ne comprît ni le latin, ni l'italien.

Les voyages dans tous les coins du monde, les mémoires les plus piquants, les traités d'horticulture, les pamphlets, les poëtes des dix-septième et dix-huitième siècles, imprimés chez les de Luynes, chez les Cramoisi, les Pacard, les Nivelle et les Barbin, surabondent également à bas prix. Il semble que personne n'en veuille. Que faut-il cependant pour les remettre en vogue?

Si demain la fantaisie éclairée d'un homme d'esprit les signale, chacun consentira à payer, au centuple de leur valeur actuelle, les volumes qu'il

dédaigne à présent. Charles Nodier n'a-t-il pas mis en vogue le goût des éditions originales, auxquelles on ne pensait guère avant lui? Le roman des Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas n'a-t-il pas fait monter de 20 sous à 20 francs les Mémoires de d'Artagnan de Sandras de Courtilz? L'excellente collection Jannet, qui eût dû, à mon avis, obtenir une subvention nationale à son courageux éditeur, n'a-t-elle pas remis en valeur quantité de bons ouvrages à peu près oubliés?

Un jour viendra où de fort bons livres délaissés reparaîtront dans les riches bibliothèques, et où beaucoup de ceux qu'un goût passager avait fait rechercher reprendront leurs places sur les quais; avis aux bibliophiles qui suivent trop facilement la mode. Quant à ceux dont la délicatesse recule devant le mauvais état d'un livre, malgré la sonorité du nom de l'auteur ou de l'éditeur et le charme de son titre, cette petite notice, où je résume de mon mieux la chimie du bibliophile, a surtout pour but de les rassurer, en leur indiquant les moyens de ne pas laisser à terre le sequin taché de boue.

Je vais, si vous le permettez, procéder par des faits, afin d'être mieux cru et mieux compris.

Le premier livre que j'ai osé soumettre aux hasards d'une restauration, le Thrésor de santé ou mes

nage de la vie humaine (Lyon, Huguetan, 1607), était probablement tombé dans la friture. Ses feuilles, humides d'une huile encore récente, adhéraient entre elles; le feuilleter était tout un travail. Il m'avait fallu du courage pour le payer 50 centimes, bien qu'en bon état il ait une valeur réelle. J'avais pour voisin un jeune chimiste ayant l'honneur de travailler avec M. Thenard; il vint obligeamment à mon secours. Nous fimes tremper préalablement les feuillets décousus dans une dissolution de potasse caustique qui commença à s'emparer de la matière grasse. Cette opération avait aminci et rendu savonneux le papier, qui conservait une couleur rance très-désagréable. Un bain d'eau dé Javel mêlée d'un quart d'eau ordinaire le débarrassa entièrement de cette vilaine trace. Restait à enlever le chlore introduit par l'eau de Javel; une dissolution de sulfite de soude réussit à chasser cet actif destructeur.

Notez bien que ces diverses opérations s'étaient faites feuillet à feuillet, et que le bain d'eau de Javel avait dû être renouvelé, à cause de son affaiblissement rapide, après chaque lavage de trois cahiers. Cependant le papier était réduit à sa plus simple expression, la colle en avait disparu avec l'huile; le marteau du relieur eût mis le livre en pâte du premier coup. Pour lui rendre sa première

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