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Au milieu des événemens qui se pressent, des nouveaux soins que chaque jour amène, des inquiétudes qui fermentent, l'empereur a mis au rang de ses affaires urgentes l'accommodement des différens avec le pape; car c'est un levain de discorde dangereux à l'approche d'un moment de crise, et qui pourrait porter son influence défavorable jusque dans l'Espagne, et même au fond de l'Italie.

La querelle est toute politique. L'empire, sorti de Rome sous Constantin, y était rentré sous Napoléon, et l'autorité temporelle des papes, qui ne devait son origine qu'à l'absence des empereurs, avait disparu à leur retour. Cependant la chancellerie apostolique voulait qu'on rendît Rome, et cette restitution, elle la poursuivait à l'aide des querelles religieuses. Son cabinet n'a pas d'autres armes.

Par suite de ces hostilités d'un genre tout particulier dans l'histoire, le pape, transporté d'abord de Rome à Savone, était depuis le mois de juin 1812 au château de Fontainebleau.

Que le voyageur ne cherche pas dans l'enceinte de ce palais la tour humide et sombre qui renfermait le vénérable prisonnier : on ne pourrait lui montrer que les grands appartemens que le saint père occupait à droite de l'escalier du Cheval-Blanc. Si l'on rencontre dans les cours ou dans les corridors quelques vieux serviteurs de la maison, qu'on les interroge; on trouvera sans doute en eux les restes de ces nombreux geôliers qui faisaient le service des antichambres, des écuries, des jardins et des cuisines de l'illustre captif1.

Dans ce séjour, le pape avait près de sa personne les cardinaux de Bayanne, Fabrice Ruffo, Roverède, Dugnani, Doria, l'archevêque d'Édesse, son aumônier, et le docteur Porta, son chirurgien. Il se trouvait encore à Fontainebleau plusieurs prélats de l'empire et du royaume d'I

La maison du pape se composait d'un service complet tiré des différens services de la maison de l'empereur; il était traité en souverain, comme les têtes couronnées qui voyagent en France, et comme il l'avait été lui-même à son premier voyage pour le sacre.

talie que l'empereur avait chargés du rôle de conciliateurs. C'étaient M. de Baral, archevêque de Tours; le cardinal Maury, nommé à l'archevêché de Paris; M. Duvoisin, évêque de Nantes; M. Hirn, évêque de Trèves; M. Bourlier, évêque d'Évreux; l'évêque de Plaisance, et les évêques de Feltre et de Faënza.

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C'est au milieu de cette cour que le pape attendait que ses contestations politiques avec Napoléon se terminassent; et déjà les difficultés semblaient s'aplanir.

Entre la résidence de Rome que réclamait le saint père et qu'il ne pouvait obtenir, et celle de Paris dont le palais épiscopal avait été prépáré à grands frais pour le recevoir, mais pour laquelle il avait une répugnance extrême, on proposait Avignon, et de part et d'autre on semblait se rapprocher.....

Outre cette question principale, il en était une autre non moins importante pour la tranquillité et la stabilité de l'église gallicane.

Depuis trop long-temps plusieurs siéges auxquels l'empereur avait pourvu restaient vacans par suite des retards que la chancellerie apostolique apportait à l'expédition des bulles. Ce ne sont pas seulement d'anciens évêchés qu'on laisse sans pasteurs, ce sont même des églises nouvelles qu'on repousse. Le croira-t-on? il s'agit de

l'établissement d'un évêché à Hambourg, à Amsterdam, à Dusseldorf: c'est l'empereur qui le propose, et c'est la cour pontificale qui laisse échapper une telle conquête!

le

Dans le désir de mettre un terme à ces discussions, l'empereur demandait que pape fût renfermé dans un délai fixé pour l'expédition des bulles, comme il l'était lui-même pour mination des évêques par le concordat de 1801.

la no

Napoléon avait proposé que ce délai fût de trois mois. Les évêques de l'empire et du royaume d'Italie, consultés, l'avaient porté à six, et cette dernière proposition, soumise respectueusement au saint père, ne paraissait pas avoir été reçue avec défaveur.

Les affaires étant parvenues à ce degré de maturité, il y avait donc des espérances fondées de réconciliation. L'empereur prend le parti de se transporter à l'improviste à Fontainebleau pour brusquer la fin de cette négociation qui dure depuis trois ans. Il est surtout déterminé à cette démarche par les sentimens de vénération et d'amitié que personnellement il porte au saint père 1.

Les discussions qui ont régné entre Napoléon et le pape sont d'autant plus déplorables qu'il n'a jamais existé entre eux aucun éloignement ou inimitié personnels. De

Le 19 janvier, une partie de chasse est com. mandée pour Grosbois. Napoléon s'y rend; mais, après la chasse, il fait tourner bride sur Melun, et de Melun gagne Fontainebleau. Son arrivée inopinée surprend le pape et prévient l'effet des mauvais conseils qu'on n'aurait pas manqué de lui donner. Le saint père le reçoit avec affection et même avec plaisir. Le lendemain il lui rend sa visite. L'entrevue dure plus de deux heures; elle a lieu dans le cabinet des petits appartemens. On se dit d'abord tout ce qu'on a sur le cœur; mais rien d'amer ne vient aggraver le passé, et les propositions les plus conciliantes vont au-devant de l'avenir. Tout ce que Napoléon sait mettre de séduisant dans une conversation, il le met dans celle-ci. De son côté, le saint père l'écoute toujours avec bienveillance, ou lui ré

part et d'autre on se rendait justice, de part et d'autre on prisait les qualités réciproques. Ainsi, le pape a toujours parlé avec la plus grande considération des talens supérieurs de Napoléon, des services qu'il avait rendus à la France.... à la religion,... de son affection pour lui; car il en avait une véritable.... De son côté, Napoléon portait personnellement à Pie VII de vrais sentimens de considération et d'affection. « Je lui ai des obligations; il m'a » sacré : c'est un agneau, un ange de douceur. » Voilà ce que je l'ai cent fois entendu dire de sa bouche. (M. l'abbé de Pradt, t. 11 des Concordats, p. 226.)

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