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foi à de telles expressions. Il se plaît à y croire, et ses derniers soupçons s'évanouissent. Il descend chez l'impératrice, lui fait part, dans l'effusion de son coeur, de ce que l'envoyé de leur père vient de lui annoncer; et, remontant aussitôt dans son cabinet, dicte la publication sui

vante :

« L'Autriche et la France sont inséparables, » pour le bonheur du continent. C'est l'alliance » de 1756 qui a rétabli la marine de France et » délivré l'Amérique. Le ministre anglais Wal» pole n'est plus à Vienne; on ne l'a pas écouté. » Aucune puissance du continent ne s'éloignera » de la France; toutes seront sourdes aux intri» gues de l'Angleterre : d'ailleurs, quarante mil» lions de Français ne craignent rien. »

Les lettres de M. Otto sont d'accord avec le langage du général Bubna. Quelque impopulaire que soit devenue à Vienne l'alliance avec la France, dit notre ambassadeur, le cabinet semble avoir assez de fermeté pour maintenir son système. « Déclarez-nous franchement ce que >> vous voulez faire, demande M. de Metternich, » et mettez-nous dans le cas d'agir avec vous » comme un bon allié; mais avec les autres, » comme une nation indépendante 1. »

' Voir ci-après les lettres de M. Otto.

Napoléon s'empresse de répondre à ces ouvertures, et c'est en dictant aussitôt les bases sur lesquelles il consent à traiter. Il les remet à M. de Bubna.

L'Autriche n'attendait pas sans inquiétude la réponse de Napoléon. Elle la trouve très-généreuse; elle désire qu'on la laisse faire, et prend sur elle toute la responsabilité. M. de Metternich est enchanté d'avoir les mains libres; il nourrit les plus grandes espérances pour un arrangement. La seule difficulté qu'il entrevoie, c'est que la Russie voudra obtenir une augmentation de frontières, et demandera probablement la ligne de la Vistule. Au surplus, M. de Metternich ne va pas perdre un moment pour sonder l'empereur Alexandre, et se hâte de lui envoyer un homme à Wilna 1.

Voilà donc une négociation entamée par l'intervention de l'Autriche; elle commence avec l'année 1813.

Napoléon en attendait avec confiance le résultat. Notre grande armée prenait ses quartiers d'hiver entre le Niémen et la Vistule. Tout semblait présager que la guerre s'arrêterait sur la

Lettre de M. Otto, du 11 janvier, rapportée ci-après aux pièces historiques.

frontière polonaise; mais un événement que la sagesse humaine ne pouvait ni prévoir ni prévenir se passait sur le Niémen, et détruisait de fond en comble toutes ces premières combinai

sons.

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CHAPITRE V.

TRAHISON DU GÉNÉRAL YORCK.

PASSENT LE NIÉMEN.

LES RUSSES

Dans la nuit du 9 au 10 janvier, on reçoit aux Tuileries les nouvelles suivantes :

Le général Yorck, qui, depuis Mittau, commandait l'arrière-garde prussienne du duc de Tarente, a profité de sa position pour conclure à Taurógen un arrangement amical avec le général russe de Diebitch, que jusqu'alors il avait combattu. C'est lui-même qui, le 31 décembre, a donné au duc de Tarente la nouvelle de sa défection : « Quel que soit, dit-il dans sa lettre, le » jugement que l'Europe portera de ma conduite, j'en suis peu inquiet. »

Peu d'heures après, le général prussien Massenbach, qui était auprès du duc de Tarente avec une brigade prussienne, est sorti du camp français pour aller rejoindre le général Yorck. Ainsi, le duc de Tarente a été abandonné, en présence de l'ennemi, par le corps auxiliaire qui

faisait sa principale force, et notre ligne du Niémen se trouve rompue aussitôt que formée.

Les suites de cet événement sont graves. A peine les débris de notre armée sont-ils arrivés dans leurs cantonnemens, qu'ils sont forcés de les quitter. Dans ce court intervalle de repos qui a succédé à tant de misères, l'armée semble n'avoir eu que le temps de faire des pertes nouvelles. Le changement survenu si vite dans la température et dans les alimens est fatal à ceux que la fatigue et la disette ont épuisés. Le prince de Neufchâtel est tombé malade; le général Lariboissière est mort; le général Éblé est mort : que d'autres encore, qui n'ont pas gelé sur les lits de neige des bivouacs, sont venus périr sous les édredons de la Prusse!

Le roi de Naples, commandant en chef de l'armée, a mis sa précipitation ordinaire dans la mesure qu'il a dû prendre. C'est le 31 décembre que le duc de Tarente a été abandonné des Prussiens; c'est le 1. janvier que le roi de Naples a quitté Koenigsberg, laissant à Pillau une garnison de douze cents hommes sous les ordres du général Castella, et posant à peine le pied à Elbing et à Marienbourg. Tous nos corps d'armée sont replongés dans le désordre d'une retraite à volonté qui n'a plus de terme. C'est à qui se jettera derrière la Vistule, tandis que les Russes

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