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l'émigration, le marquis de Vidranges, le chevalier de Gouault et cinq ou six habitants de la ville, pressés de devancer une opinion encore endormie, se présentèrent à l'empereur de Russie et lui demandèrent la proclamation de la maison royale de leurs anciens maîtres sur le trône de France. L'empereur laissa entrevoir une inclination vague et muette pour le parti de ces souvenirs. Il ne voulut ni préjuger le sentiment de l'empereur d'Autriche son allié, ni engager une parole qu'il aurait à retirer plus tard, ni perdre par une espérance téméraire des hommes aventurés dans l'inconnu. Il répondit que les hasards de la guerre étaient incertains, et qu'il ne se consolerait pas de voir des hommes de bien sacrifiés à une tentative de détrônement de son ennemi. La députation royaliste se retira, secrètement encouragée peut-être par quelques officiers transfuges ou émigrés dans leur enfance attachés au quartier général de l'empereur de Russie. Tout se borna à un petit nombre de cocardes blanches et de décorations de l'ordre de Saint-Louis rattachées par quelques vieillards ou par leurs fils à leurs habits ou à leurs chapeaux. Le marquis de Vidranges partit à la suite de cette timide démonstration pour la FrancheComté, où le comte d'Artois s'était hasardé de paraître à la suite et sous la sauvegarde des Autrichiens. Les complices de son imprudence étaient restés à Troyes.

XXI.

Napoléon, à son entrée dans la ville, demanda qu'on lui livrât les traîtres qui, en répudiant son nom, avaient, disait-il, fait cause commune avec les ennemis de leur patrie. M. de Gouault, envoyé à un conseil de guerre avant que l'empereur se fût assis, jugé, condamné, fusillé, malgré les instances de M. de Mégrigny, gentilhomme du pays, écuyer de Napoléon, expia de son sang la témérité de son enthousiasme pour ses anciens maîtres. On l'avait conduit au supplice la poitrine couverte d'un écriteau où on lisait le mot de traître. Le bruit de cette vengeance sur un homme isolé et sans complices, le lendemain de ces victoires qui rendaient César généreux, excita en France moins de terreur que de murmures. Que pouvait la vie ou la mort d'un vieux royaliste coupable de fanatisme ou d'illusions dans une querelle de l'Europe à son dominateur qui se jugeait non sur un champ de supplice, mais sur dix champs de bataille? Napoléon aurait intéressé par l'indulgence, il attrista et indigna par la rigueur. Ce n'était pas la patrie qu'il couvrait par sang répandu d'un homme, c'était sa dynastie. On trouva cet égoïsme cruel; on se souvint du duc d'Enghien.

le

LIVRE TROISIÈME.

Demande de suspension d'armes par les alliés.

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· Conférences de Lu

· Blücher réunit tous ses

signy. Prise de Soissons par les alliés. corps d'armée. Il marche sur Troyes vers Schwartzenberg. Rencontre de Napoléon et de Blücher. - Combat de Méry-sur-Seine. - Blücher abandonne la vallée de la Seine et s'élance sur Paris par la vallée de la Marne. Mortier et Marmont se replient sur Paris. Soissons repris par Mortier. Napoléon quitte Schwartzenberg

et court sur Blücher.
Blücher passe la Marne poursuivi par Napoléon.

Il l'atteint à la Ferté-sous-Jouarre.

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Blücher, cerné par l'empereur, Mortier et Marmont, s'échappe par Soissons, abandonne l'Aisne et se retire sur Laon. Napoléon franchit l'Aisne à Béry-au-Bac, et rencontre à Craonne les corps russes et prussiens qui viennent couvrir Blücher. Bataille de Craonne. — Bataille de Laon. - Halte de Napoléon à Reims. · Schwartzenberg marche sur Paris et s'avance jusqu'à Provins. - Tactique de l'empereur. II retourne à Troyes pour agir sur les derrières de l'ennemi. Panique des alliés. Schwartzenberg recule jusqu'à Troyes et Dijon. Bataille d'Arcis-sur-Aube. Nouveau plan de campagne de l'em- Décret de levée en masse. pereur.Lassitude de la France.

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Marche de Napoléon vers Saint-Dizier.

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Concentration des armées alliées à Châlons. - Leurs hésitations. Elles marchent sur Paris. Situation de Paris et de la France. Fuite de Marie-Louise.

I.

L'ennemi s'écartait partout à marches forcées de Troyes, devenu le quartier général de Napoléon. On ne savait jusqu'où l'entraînerait la panique dont

il était saisi à l'approche et au nom de l'empereur. Napoléon, après quelque repos, cherchait, sans vouloir le poursuivre à outrance, à le frapper sur ses dernières colonnes égarées, et à l'intimider assez pour que la terreur tînt sa place pendant qu'il retournerait une troisième fois sur l'armée de Blücher.

Ayant fait halte pour la nuit, le 17, à Nangis, dans la chaumière d'un charron, il reçut en parlementaire le prince de Lichtenstein, envoyé par le généralissime le prince de Schwartzenberg, pour demander une suspension d'armes, dans l'intention, disait le prince de Lichtenstein, de donner du temps à de sérieuses négociations de paix. Napoléon, affectant plus de confiance dans le résultat de ses victoires qu'il n'en avait peut-être au fond de sa pensée, se plaignit des encouragements donnés aux partisans des Bourbons contre lui. « Est-ce donc >> une guerre au trône, dit-il, au lieu d'une guerre >> au conquérant qu'on prétend me faire? Le comte >> d'Artois est à Vesoul au milieu de vos troupes, et » on le tolère ! Le duc d'Angoulême est au quartier >> général de lord Wellington, et on lui laisse adres» ser de là des proclamations au midi de l'Empire et » à mes propres soldats! Dois-je croire mon beaupère l'empereur François assez aveugle ou assez » dénaturé pour conspirer le détrônement de sa » propre fille et le déshéritement de son petit-fils?»

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