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culbuté deux bataillons russes, et leur avait enlevé deux drapeaux dont il faisait hommage à l'Empereur, espérant qu'ils lui mériteraient une autre aigle. Napoléon, après avoir paru un moment incertain, dit : «< Officiers et soldats, jurez-vous qu'aucun de vous ne s'est aperçu de la perte de son aigle, et que, si vous vous en étiez aperçus, vous vous seriez précipités pour la reprendre ou vous auriez péri sur le champ de bataille? car un soldat qui a perdu son drapeau a tout perdu. » A l'instant mille bras se levèrent en criant : « Nous le jurons et nous jurons aussi de défendre l'aigle que vous nous donnerez, avec la même intrépidité que nous avons mise à prendre les deux drapeaux que nous vous présentons. En ce cas, dit en souriant l'Empereur, je vous rendrai votre aigle.»

Il faisait évacuer l'arsenal dé Vienne; deux mille pièces de canon étaient en route pour la France. Il ordonna qu'il y aurait, au musée napoléon, une salle destinée à recevoir les choses curieuses qu'on avait recueillies 1. Il laissa intact et comme une marque de sa satisfaction l'arsenal de la bourgeoisie, propriété de la ville, où étaient conservés les nombreux trophées enlevés aux Ottomans. Il rendit à la

1 Il s'y trouvait l'armure complète de François Ier pour lui et son cheval, prise à la bataille de Pavie; les armures de Charles IX, d'Henri de Guise, de Charles de Mayenne, d'Anne de Montmorency prises à la bataille de Saint-Quentin, de François de Montmorency, de Henri de Montpensier, de Charles de Bourbon, de Charles de Biron.

Bavière les canons et les drapeaux qui lui avaient

été pris en 1740.

L'Empereur fit de nombreuses promotions dans l'armée 1 et dans la Légion-d'Honneur. 2

La paix avec l'Autriche fut signée à Presbourg, le 5 nivose (26 décembre). D'après le traité, la France continuait à posséder tous les pays situés au-delà des Alpes réunis ou incorporés à l'empire, ou régis par les lois et administrations françaises. L'em

1 Généraux de divisions: Demont, Piston, Sébastiani, Lemarrois, Rapp, Marchand, Rouyer, Becker, Dupas, Merle, Morand, Heudelet, Sahuc, Ordenner.

Généraux de brigade: Conroux, Dufour, Legendre, Raymond-Viviez, Bonnet-d'Houières, Ledru, Ritay, Schramm, Vedel, Wathier, Pagez, Montbrun, Colbert, Bessières, Durosnel, Latour-Maubourg, Franceschi, Guyot, Beaumont, Dorsenne, Poitevin, Kirchener, Casals, Vallongne. Beaucoup de colonels, majors, chefs de bataillon, d'escadrons, capitaines, etc.

2 Grands cordons. Les généraux Vandamme, Saint-Hilaire, Friant, Legrand.

Grands-officiers. Les généraux Belliard, Bisson, Caffarelli, Lery, Malher, Nansouty.

Commandans. Trois généraux de brigade. Dix adjudans-commandans, soixante-et-un colonels.

Officiers. Trois majors. Vingt-neuf chefs d'escadron et de bataillon. Trois capitaines, etc.

Plus tard, le 6 février, le général Gazan pour sa conduite distinguée au combat de Dièrnstein, le général Clarke pour ses services comme gouverneur d'Autriche, et le général Savary, furent nommés grands officiers.

Le grand cordon fut conféré aux généraux d'Hautpoult, Suchet, Cafarelli, Walter, Beaumont.

Dix-huit cent vingt-deux décorations furent accordées (mars), dont quarante-deux à l'armée bavaroise.

pereur d'Autriche reconnaissait les dispositions faites par l'Empereur des Français relativement aux principautés de Lucques et de Piombino. Il renonçait à la partie des États Vénitiens à lui cédés par les traités de Campo-Formio et de Lunéville, laquelle serait réunie au royaume d'Italie. Il reconnaissait l'Empereur des Français comme roi d'Italie, et s'obligeait, lorsque le cas de la séparation des deux couronnes se présenterait, à reconnaître le successeur que l'Empereur des Français se serait donné, comme roi d'Italie. Le traité était déclaré commun aux électeurs de Bavière, de Wurtemberg et de Bade, et à la république Batave. Les électeurs de Bavière et de Wurtemberg prenant le titre de roi, sans néanmoins cesser d'appartenir à la confédération germanique, l'empereur d'Autriche les reconnaissait en cette qualité. Il cédait à la Bavière le margraviat de Burgaw, la principauté d'Eichstaedt, la partie du territoire de Passau, appartenant à l'électeur de Salzbourg, le Tyrol, Brixen, Trente, le Voralberg, Lindau, etc.; au Wurtemberg et à Bade différens territoires dont leurs états furent aggrandis. Les pays de Salzbourg et de Bergtholsgaden étaient réunis à l'empire d'Autriche. La principauté de Wurtzbourg fut érigée en électorat, au profit de l'archiduc Ferdinand. La dignité de grand-maître de l'ordre Teutonique, et ses droits et revenus étaient déclarés héréditaires dans la personne et la descendance mâle de celui des princes de la maison impériale qui serait désigné par l'empereur d'Autriche.

La ville d'Augsbourg était donnée à la Bavière. L'Empereur Napoléon garantissait l'intégrité de l'empire d'Autriche dans l'état où il était en conséquence du traité. L'indépendance de la république Helvétique, régie par l'acte de médiation, et celle de la république Batave étaient reconnues.

Ainsi se termina la guerre suscitée par la coalition, dont le but primitif avait été de refouler la France dans ses anciennes limites. L'Autriche en payait tous les frais; il lui en coûtait cher pour avoir épousé les intérêts de l'Angleterre. La France n'acquérait aucun nouveau territoire. Tous les sacrifices imposés à l'Autriche profitaient au royaume d'Italie, et aux électeurs de Bavière, de Wurtemberg et de Bade.

Par un article secret, l'empereur d'Autriche s'obligeait à payer quarante millions de francs pour rachat des contributions non encore perçues, dont avaient été frappés les états héréditaires. Il était rentré environ la même somme.

Napoléon adressa la proclamation suivante à l'ar

mée :

<< Soldats!

« La paix entre moi et l'empereur d'Autriche est signée. Vous avez dans cette arrière-saison fait deux campagnes; vous avez rempli tout ce que j'attendais de vous. Je vais partir pour me rendre dans ma capitale. J'ai accordé de l'avancement et des récompenses à ceux qui se sont le plus distingués : je vous

EMPIRE. II.

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tiendrai tout ce que je vous ai promis. Vous avez vu votre Empereur partager avec vous vos périls et vos fatigues; je veux aussi que vous veniez le voir entouré de la grandeur et de la splendeur qui appartiennent au souverain du premier peuple de l'univers, je donnerai une grande fête aux premiers jours de mai à Paris; vous y serez tous, et après, nous irons où nous appelleront le bonheur de notre patrie, et les intérêts de notre gloire.

<< Soldats, pendant ces trois mois qui vous seront nécessaires pour retourner en France, soyez le modèle de toutes les armées : ce ne sont plus des preuves de courage et d'intrépidité que vous êtes appelés à donner, mais d'une sévère discipline. Que mes alliés n'aient pas à se plaindre de votre passage, et en arrivant sur ce territoire sacré, comportez-vous comme des enfans au milieu de leur famille; mon peuple se comportera avec vous comme il le doit envers ses héros et ses défenseurs.

Soldats, l'idée que je vous verrai tous avant six mois, rangés autour de mon palais, sourit à mon cœur, et j'éprouve d'avance les plus tendres émotions: nous célébrerons la mémoire de ceux qui, dans ces deux campagnes, sont morts au champ d'honneur, et le monde nous verra tous prêts à imiter leur exemple, et à faire encore plus que nous n'avons fait, s'il le faut, contre ceux qui voudraient attaquer notre honneur, ou qui se laisseraient séduire par l'or corrupteur des éternels ennemis du

continent. >>

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