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tionne, vous savez ce qu'on doit répondre en pareille circonstance. >> '

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L'envoyé prussien, Haugwitz, dont Bernadotte, suivant l'ordre qu'il en avait reçu, avait fort poliment retardé la marche, arriva au quartier général de l'Empereur. Du reste, cet envoyé ne se pressait pas; car il y avait plus d'un mois que son maître avait signé son adhésion à la coalition. Suivant un document prussien, il offrit la médiation de son roi. L'Empereur manifesta la disposition de l'accepter aux deux conditions suivantes : 1° Que pendant la négociation, les troupes anglaises, russes et suédoises ne pourraient entreprendre des opérations hostiles contre la Hollande. 2o Qu'il serait accordé une plus grande étendue de terrain à la forteresse de Hameln, pour favoriser l'approvisionnement de la garnison'. Suivant Napoléon, au contraire, assuré que s'il triomphait des Austro-Russes, il ferait ce qu'il voudrait des Prussiens; calculant que, s'il était battu, la jalousie les empêcherait de se réunir aux vainqueurs, il ne voulut pas entendre Haugwitz, et le renvoya aussi à Talleyrand. Ce tempérament convenait autant au caractère connu du négociateur prussien qu'à la politique de sa cour.

Au moment où tout allait être soumis aux chances incertaines d'une grande bataille, vendant pour ainsi dire le terrain occupé par l'ennemi, l'Empereur

1 Mémoires du duc de Rovigo, t. 11, p. 181.

2 Note de Hardenberg à L. Harrowby, 22 décembre.

imposa une contribution de 100 millions de francs sur l'Autriche, la Moravie et les autres provinces conquises par l'armée française pour lui être donnée en gratification. Il lui accorda au même titre le prix de tous les magasins qui seraient vendus comme inutiles aux besoins. Il ordonna que sur les premiers fonds, trois mois de solde seraient payés en gratification à tout général, officier et soldat qui avait été ou qui serait blessé dans cette guerre.

Le 7, à neuf heures du matin, l'avant-garde ennemie attaqua les avant-postes français à Wischau, ils se retirèrent laissant trois officiers et une centaine de chevaux. Toute l'armée alliée prit position derrière cette ville.

Napoléon avait été tout le jour à cheval sur le terrain où s'était passée cette affaire d'avant-garde; il était dans la maison de poste de Posoritz, à six cents toises de ses dernières vedettes, lorsque Savary vint lui rendre compte de sa mission. Alexandre lui avait dit en recevant la lettre de Napoléon : « Je suis sensible à la démarche de votre maître; c'est à regret que je suis armé contre lui, et je saisirai avec beaucoup de plaisir l'occasion de le lui témoigner. Depuis long-temps il est l'objet de mon admiration. » Alexandre passa dans une autre pièce pour prendre connaissance de la lettre de Napoléon et y répondre. Après une demi-heure, tenant sa réponse à la main, il vint retrouver Savary. Alexandre

1 Décret du 7 frimaire.

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engagea une assez longue conversation. Il n'était point disposé à être l'ennemi de l'Empereur et de la France; il l'avait prouvé n'étant que grand-duc. S'il avait changé de sentimens, c'était parce que la France avait adopté des principes qui donnaient de l'inquiétude aux principales puissances de l'Europe. Déjà si forte par elle-même, la nation française n'avait pas besoin de s'agrandir continuellement. Elle avait réuni Gênes, et tenait sous ses lois l'Italie. Il fallait donc en revenir à des idées raisonnables et renoncer à une domination inquiétante pour les autres puissances. Les propositions désastreuses faites à l'empereur d'Autriche ne prouvaient pas ne prouvaient pas un desir sincère de rétablir la paix, elles n'étaient pas acceptables. L'Empereur, répondit Savary, avait été provoqué, attaqué dans un moment où il n'était occupé que de son expédition d'Angleterre. On l'avait donc forcé à reprendre les armes. La nouvelle constitution donnée à l'Italie ne changeait rien au fond des choses. Elle était une conquête achetée par le sang sang français, reconnue par les traités, qu'on n'abandonnerait jamais. La réunion de Gênes, forcée par la situation désastreuse où elle s'était trouvée,'était plus onéreuse qu'utile. Si c'étaient là les motifs de la guerre, il fallait désespérer de la paix. Si les conditions que l'Em-. pereur avait proposées à l'Autriche lui étaient onéreuses, elle ne devait s'en prendre qu'à elle-même; il ne pouvait pas faire la guerre à ses dépens, il devait profiter de ses avantages. Deux fois on avait traité avec elle, deux fois elle avait rompu les trai

tés, qui garantirait qu'elle ne le ferait pas une troisième fois?

A la fin de cette conversation, Alexandre remettant à Savary une lettre qu'il avait toujours tenue l'adresse en dessous, lui dit : « Voici ma réponse. L'adresse ne porte pas le caractère que Napoléon a pris. Je n'attache point d'importance à ces bagatelles; mais c'est une règle d'étiquette, et je la changerai avec bien du plaisir aussitôt qu'il m'en aura fourni l'occasion. >>

L'adresse portait ces mots : « Au chef du gouvernement français. »

« Comme général en chef de l'armée d'Italie, répliqua Savary, il commandait déjà à plus d'un roi; content et heureux du suffrage des Français, ce n'est que pour eux qu'il trouve de la satisfaction à être reconnu. Je lui rendrai compte des dernières paroles de votre majesté.

>>

Lorsque le moment fut venu de reconduire Savary aux avant-postes français, Nowosilzow se présenta pour l'accompagner, chargé par Alexandre de connaître les intentions de Napoléon et de s'aboucher avec Haugwitz. Savary fit observer qu'il y avait des formes préalables à remplir pour une mission de cette nature; que si.on l'obligeait à emmener Nowosilzow, il le laisserait aux avant-postes où il resterait jusqu'à ce que Napoléon eût donné ses ordres. L'envoyé russe, en faisant à Napoléon le rapport de sa mission, ne crut pas devoir dépasser Wischau. Savary ajouta qu'il s'était trouvé au milieu de

toute la jeunesse russe de la plus grande qualité, qu'elle ne respirait que bataille; qu'il la regardait comme inévitable, à moins qu'il ne trouvât le moyen de concilier les affaires conformément au desir de l'empereur de Russie.

Napoléon réfléchit quelque temps, rapprocha de ce rapport ce que Mack lui avait dit à Elchingen, et dit à Savary: «< Prenez un trompette, et faites en sorte de retourner chez l'empereur de Russie, vous lui direz que je lui propose une entrevue demain, à l'heure qui lui conviendra, entre les deux armées, que bien entendu, il y aura, pendant ce temps-là une suspension d'armes de vingt-quatre heures. »> Savary retourna aux avant-postes russes deux heures après qu'il en était sorti.

et

Persuadé que la présomption, l'imprudence et l'inconsidération, l'emporteraient dans les conseils des alliés, Napoléon forma le plan d'attendre l'ennemi, et d'épier ses fautes pour en profiter. Il donna sur-le-champ l'ordre de retraite à son armée, la nuit comme si elle eût essuyé une défaite. Il prit une bonne position à trois lieues en arrière, fit travailler avec beaucoup d'appareil à la fortifier, et à y établir des batteries. Dans l'armée russe, on crut que les Français avaient peur, et ne cherchaient qu'à s'échapper.

Savary remplit sa mission auprès d'Alexandre, qui lui répondit : « J'accepterais avec plaisir cette occasion de voir Napoléon, si j'étais persuadé que ses intentions fussent telles que vous les annoncez. D'ailleurs, le temps est trop court pour se voir au

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