Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

d'un même pays qui sont tous solidaires entre eux. On ne sera pas surpris que l'auteur arrive souvent à des conclusions du genre de celle-ci : « Si la France avait passé le dernier demi-siècle à faire refleurir à tous les degrés de l'échelle sociale un christianisme complet, vigoureux, imprégnant le capital de désintéressement et pénétrant l'ouvrier d'amour pour sa profession, l'industrie nationale n'aurait pas à craindre aujourd'hui de devenir tributaire de l'étranger. La puissance productive serait moins sollicitée à chercher dans des exploitations lointaines, par un exercice plus rémunérateur, son développement normal (p. 127). » L'intérêt social, la situation, les frais de transport, le capital, la main-d'œuvre, la protection, les tarifs, l'agriculture, la navigation, les lois du travail, telles sont les divisions. du travail de M. Jouham. En dehors des faits curieux comme celui-ci : que le transport du charbon de Douai à Paris coûte plus cher que de Newcastle à Bordeaux, on y trouvera des considérations qui nous ont frappé sur les industries de luxe, sur l'emploi des machines en agriculture, sur les résultats à espérer de la diffusion de l'instruction, sur la division du travail, etc. Les critiques que nous aurions à faire, ayant plus d'intérêt pour l'auteur que pour le lecteur auquel nous nous adressons, nous leur laissons le plaisir de les faire eux-mêmes.

V. M.

Les Habitations ouvrières en tous pays. Situation et Avenir, par ÉMILE MULLER, ingénieur, professeur à l'École centrale des arts et manufactures, etc., etc., et ÉMILE CACHEUX, ingénieur des arts et manufactures, propriétaire d'habitations ouvrières. Paris, Dejey et Cie, 1879, in-4 de 400 p. avec atlas in-fol. de 70 p. - Prix : 60 fr.

Cet ouvrage est à la fois technique, économique et financier. L'état sanitaire est meilleur dans les habitations dont les dispositions sont bonnes l'auteur produit à l'appui de ce principe d'intéressants tableaux statistiques sur la mortalité : elle est proportionnellement plus forte dans les quartiers mal bâtis et à population agglomérée. Diverses causes concourrent à ce résultat; mais l'insalubrité des loge ments est une des principales. Il faut donc se préoccuper de procurer aux ouvriers des demeures saines et commodes. Suit alors un véritable traité d'architecture ouvrière, accompagné d'un fort bel atlas, contenant les types dessinés et cotés d'habitations ouvrières en France et dans divers États de l'Europe, avec légendes explicatives. De tels renseignements sont fort utiles, non seulement aux chefs d'industrie, mais encore aux architectes et ingénieurs de toute sorte.

Le type choisi, il reste encore: 1° à trouver des fonds pour la construction; 20 à permettre aux locataires ouvriers de devenir propriétaires en se libérant par le versement d'un certain nombre d'an

nuités. C'est le côté financier de la question. Ici les difficultés surgissent. Dans beaucoup de lieux, à Paris notamment, le prix de revient de telles habitations est trop élevé pour que le prix habituel des loyers d'ouvriers donne au capital engagé un intérêt suffisant. Il faut alors faire intervenir ou le concours de l'État, ou les sacrifices de la philanthropie. Avec ou sans ces auxiliaires, il s'est établi en France et dans divers États de l'Europe un certain nombre de cités ouvrières. En Angleterre, où le loyer est de 10/100 de la valeur de la construction, un grand nombre de sociétés de crédits, dites Building societies, reçoivent les dépôts de petites épargnes et prêtent avec profit des sommes considérables qui permettent aux locataires d'acheter, ou de bâtir au lieu de louer. La description de ces sociétés forme un des chapitres intéressants du livre.

MM. Muller et Cacheux passent ainsi en revue ce qui s'est fait partout. Ils citent in extenso des statuts de sociétés du crédit, des règlements, des actes de vente, et même des devis de construction. On a sous la main un véritable aide-mémoire du créateur de cités ouvrières. Les auteurs concluent à l'établissement dans Paris d'une société ayant pour but de fournir aux travailleurs des logements salubres, dont ils pourront se rendre propriétaires par des versements d'annuités entre les mains d'une société bien administrée et sans but de spéculation et de bénéfice : ils en proposent même les statuts. Cette conclusion est essentiellement moralisatrice. Dans l'état actuel des esprits, il est difficile de s'adresser directement avec efficacité aux sentiments de l'ouvrier on les atteint par les intérêts. L'ouvrier propriétaire doit être forcément économe pour payer ses annuités de cotisation ; il repousse d'ailleurs bien loin les rêveries socialistes si goutées des prolétaires; il peut devenir conservateur, dès qu'il a quelque chose à P. U.

conserver.

La Terre et les mers, ou description physique du globe, par Louis FIGUIER. 6e édition. Paris, Hachette, 1880, gr. in-8 de 748 p., avec 230 vignettes et 28 cartes. Prix: 10 fr.

La géographie ne saurait être restreinte aujourd'hui à des énumérations fastidieuses de noms. On veut, par des explications claires à l'esprit et figurées aux yeux, acquérir des notions exactes sur notre terre, aussi bien pour les rapports qui l'unissent aux autres astres de l'univers, que pour les phénomènes dont sa surface est le théâtre. C'est à ce besoin que répondent, avec un succès constant, les ouvrages de M.Figuier. Malheureusement, les livres des vulgarisateurs s'éprennent trop souvent de théories hasardées, et dédaignent le réel avec sa grandeur sévère, pour rechercher ce merveilleux qui frappe les imaginations jeunes. Ils décrivent avec complaisance des conceptions

hypothétiques ou des faits exceptionnels, et leurs œuvres, mélange inextricable de vérité et de fantaisie, contribuent à égarer le jugement plus encore qu'à instruire l'intelligence. Ce reproche ne pourrait être adressé à la Terre et les mers. Si peut-être quelques figures semblent trahir trop de hardiesse dans le crayon de l'artiste, en revanche le texte est sobre, scientifique, riche en documents précis et en explications nettes. L'auteur montre d'abord le globe terrestre dans l'espace; il en mesure la forme et les dimensions; il en décrit les reliefs montagnes et hauts plateaux, vallées d'origines variées, plaines et déserts. Il étudie ensuite la chaleur, soit dans sa répartition à la surface, c'est-à-dire dans les climats, les neiges éternelles, les glaciers, soit dans ses réactions internes, comme les sources thermales, les volcans et les tremblements de terre. Enfin il termine par la description des eaux douces, fleuves, rivières et lacs, et des océans, avec leurs marées, leurs courants et les mystères de leurs régions polaires. Ajoutons que M. Figuier, obligé par d'autres travaux à suivre d'année en année le mouvement scientifique, n'a pas négligé de mentionner dans cette sixième édition les faits et les découvertes dont s'est enrichie récemment la science de la terre, témoin les détails relatifs à l'éruption de l'Etna en 1879. Souvent on a répété que l'histoire d'un peuple a pour introduction nécessaire la description de son territoire on peut dire que la connaissance de la géographie physique est maintenant la préface obligée de toute étude d'histoire générale. A. DELAIRE.

Céphalopodes, études générales; extraits du Systéme silurien de Bohême, par JOACHIM BARRANDE. Vol. II, texte v; ch xvi à xix. Paris et Prague, 1877, in-8 de XVI-253 p. et 4 pl.

Brachiopodes; études locales......., Vol. V. 1879, in-8 de xx-356 p. et 7 pl.

Bien que les études de l'illustre géologue soient surtout des monographies dont les hommes de science peuvent seuls utiliser les enseignements, nous tenons à signaler au moins les conclusions des deux derniers volumes consacrés aux céphalopodes et aux brachiopodes du système silurien de Bohême. L'absence des céphalopodes dans la faune primordiale et l'apparition soudaine de douze types dans la faune seconde, sont absolument inexplicables par les théories de l'évolution. Ces douze types, comme ceux qui les suivent dans la faune troisième, possèdent dès l'abord la plénitude de leurs caractères, ce qui est en contradiction avec l'idée de progrès successifs; et ils offrent les formes les plus contrastantes; de telle sorte que, pour les faire dériver d'un même ancêtre, il faudrait un nombre infini de générations et de transitions dont il ne reste aucune trace. Enfin le nombre des

genres, loin de s'accroître avec celui des espèces, comme le voudrait la théorie, diminue au contraire depuis la faune seconde jusqu'aux terrains tertiaires. Constatant également une remarquable fixité dans les caractères génériques, dans les distinctions spécifiques, et dans les éléments qui constituent la coquille, le savant auteur ajoute en terminant: «L'évolution des céphalopodes, comme celle des trilobites, nous semble être un produit de l'imagination, sans aucun fond dans la réalité. »

L'étude des variations observées chez les brachiopodes siluriens de Bohême, l'examen de la répartition verticale de leurs genres et de leurs espèces, enfin la comparaison de leurs formes spécifiques avec celles qui appartiennent aux autres bassins siluriens, conduisent aux mêmes conclusions. De nombreuses planches, accompagnées d'explications détaillées, figurent les espèces; elles fixent les types et permettent déjà des déterminations utiles, en attendant la publication d'un texte descriptif plus complet. A. DELAIRE.

Cours d'analyse infinitésimale, par P¤. GILBERT, professeur à la Faculté des sciences de l'Université catholique de Louvain. Partie élémentaire, 2o éd. Paris, Gauthier-Villars; Louvain, Ch. Peeters, 1878, in-8 de Ix-475 p.

Dans le tome XXII du Polybiblion (p. 223), nous avons rendu compte, avec de justes éloges, du Cours de mécanique analytique de M. Gilbert. C'est d'un frère aîné de cet excellent ouvrage qu'une 2e édition nous amène à parler aujourd'hui. Ce que nous avons dit du puîné, et le succès de la 1re édition, nous dispenseront d'entrer dans de longs développements.

Comme le cours de mécanique, ce cours d'analyse est destiné spécialement à l'instruction de jeunes ingénieurs; comme lui, il porte le sous-titre de « partie élémentaire, » pour annoncer un autre volume destiné aux étudiants qui veulent s'élancer plus haut dans les régions de la science pure; comme lui encore, il est divisé en chapitres assez courts, suivis d'exercices nombreux et bien choisis. On y retrouvera, est-il besoin de le dire? les qualités qui sont celles de l'auteur: élégance, simplicité, clarté, unies à la rigueur de la méthode, à la sûreté dans les principes et à cet esprit philosophique sans prétention et sans nuages, que développe l'éducation catholique. Après une introduction consacrée à quelques théories fondamentales sur les grandeurs, les imaginaires, les séries, les limites, les infiniment petits, vient la 1re partie calcul différentiel. Elle est divisée en trois livres Méthodes de différentiation, applications analytiques, applications géométriques.

:

La 2 partie, calcul intégral, est divisée en deux livres : intégration des différentielles, intégration des équations différentielles.

On voit que M. Gilbert a su faire tenir en un seul volume les deux parties du calcul infinitésimal; et cependant il traite très complètement toutes les matières qu'il aborde. Mais il a réservé pour le second volume les questions de pure théorie, qui ne sont pas indispensables pour la lecture des ouvrages de mécanique et d'applications techniques. Au point de vue de l'auditoire spécial auquel il s'adresse, on ne peut que l'en louer. Il donne ainsi à ses élèves, en un seul volume, un vademecum qui suffit à tous leurs besoins.

Mais, à un autre point de vue, qui ne manque pas d'intérêt pratique, celui des candidats à la licence, au moins suivant les programmes français, on regrette de n'y rien trouver sur les fonctions de variables imaginaires, sur la théorie des intégrales définies, sur les fonctions. elliptiques, sur les équations aux dérivées partielles. Evidemment, M. Gilbert ne pouvait tout mettre en un volume, et notre but ici n'est pas de lui adresser un reproche, mais bien de l'inciter, autant qu'il est en nous, à ne pas nous faire attendre trop longtemps le second volume; par là, l'éminent professeur étendra d'une manière notable le cercle des lecteurs auxquels son ouvrage donnera complète satisfac tion.

L'édition actuelle se termine par une note curieuse sur une question importante de théorie qui a beaucoup occupé les géomètres depuis quelques années; l'auteur y montre qu'une fonction continue, contrairement à ce qu'on avait regardé longtemps comme presque évident, peut n'avoir aucune dérivée déterminée. E. VICAIRE.

Le Costume au moyen âge, par M. G. DEMAY. Paris, D. Dumoulin, 1880, in-8 jésus de 496 p. Prix 20 fr.

[ocr errors]

Si l'on n'a guère jusqu'à ce jour mis à contribution les sceaux lorsque l'on s'occupait de l'histoire du costume, c'est que, le plus souvent, on n'était pas en mesure de distinguer clairement les figures exprimées sur la cire et que d'ailleurs on n'était que fort imparfaitement renseigné sur ces précieux monuments. M. G. Demay, qui joint à un talent de dessinateur fort réel une connaissance approfondie des coutumes du moyen âge, a, tant par goût que par profession, étudié, le crayon à la main, tous les sceaux qui lui sont tombés sous les yeux, aux Archives nationales, dans notre grande Bibliothèque, ou dans les collections publiques ou particulières qu'il lui a été donné de visiter. De cet examen appronfondi, de cette recherche incessante, il a voulu faire profiter les érudits et les curieux que l'histoire du costume intéresse. Après avoir publié çà et là quelques essais, il a résumé, dans le

« ZurückWeiter »