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voire des choses utiles. Joubert a dit: « Le plaisir de la chasse est le plaisir d'atteindre ! » Encore faut-il savoir atteindre ! N'est pas bon chasseur qui veut.

30, 31 et 32.-M. Alexandre Berlié doit écrire pour se faire la main. On ne croirait pas que les trois nouvelles qu'il vient de publier sortent de la même plume. Estelle et Mathilde: bluette sans conséquence.La belle marchande a des prétentions historiques, et Henri IV, sans que l'on sache trop pourquoi, joue dans le récit un assez vilain rôle. Seule, Laurence mérite quelque attention. Réserves faites sur certaines tendances sociales de l'auteur, cette nouvelle a droit à une mention spéciale. Laurence est le fruit d'une faute: abandonnée par sa mère, une grande dame, elle est recueillie par de pauvres saltimbanques, le père Job, la mère Job et Bobèche. Ils élèvent l'abandonnée un peu à la diable, mais néanmoins d'une façon fort honnête. A quinze ans, Laurence danse sur la corde à la perfection. Un jeune homme s'éprend de la danseuse; il la demande en mariage. Cela nécessite des explications, des entrevues, des révélations dont le dernier mot est que Laurence se trouve être la fille naturelle de la mère de Gaston, le jeune homme qui veut en faire sa femme. Gaston, désabusé, s'engage dans un régiment de cavalerie. Le mari, jadis outragé, pardonne évangéliquement à sa femme coupable et adopte Laurence. Voilà! M. Alexandre Berlié n'a pas été distrait en lisant Alexandre Dumas fils. D'une tout autre moralité et d'une bien autre valeur sont les trois nouvelles publiées par M. Aimé Giron. Une des trois : la Maison qui pleure, est, à notre avis, un petit chef-d'œuvre. C'est un épisode révolutionnaire qui tient en quelques pages, et où revit, cependant, toute la formidable époque, avec sa vraie noblesse et sa noblesse dégradée, son peuple fidèle et son peuple égaré, ses crimes politiques et ses grandeurs militaires. L'épisode a pour cadre cette pittoresque, âpre et rude province du Velay, si bien décrite par George Sand dans le Marquis de Villemer. La seconde nouvelle, la Fiancée de Pierre, est empruntée aux luttes religieuses du seizième siècle; la troisième, la Patrie (un rêve sublime), a pour théâtre l'Alsace et la Lorraine reconquises par « la belle et doulce France. Dans ces trois récits, M. Aimé Giron, qui est un écrivain délicat et même un poète, s'attache principalement à parler au cœur et il a, cette fois, dû faire vibrer toutes les fibres du sentiment. C'est, au contraire, à l'esprit que s'adresse M. Jules de Gastyne, l'auteur de l'Écuyère masquée. L'écuyère masquée est le titre du volume; mais ce volume contient aussi la Tête sanglante, affreux cauchemar dans lequel une épouse adultère voit, chaque nuit, en rêve, la tête de son mari assassiné par le complice de ses désordres; Julia de Kadol, où sont cloués au pilori les sinistres pantins de la Commune de 1871; Un fait divers et Un Roméo moderne, vulgaires idylles qui se terminent

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par des drames. Moralement, tout n'est pas parfait; mais les intentions sont louables. La plus dramatique de ces nouvelles est celle qui sert de titre au livre : l'Écuyère masquée. Cette écuyère attire, chaque fois que son nom est sur l'affiche, une foule énorme au cirque américain. On la dit une femme supérieurement instruite, mais passionnée pour les exercices dont elle a fait sa profession. Un soir, à la suite d'un faux bond, elle tombe sur le rebord d'un gradin, et on la relève complètement défigurée. Quelques années se passent; l'ancienne écuyère disparaît. Puis l'amour de l'art la reprend; elle reparaît sous un autre nom, avec un masque sur la figure. Le public applaudit à outrance l'écuyère masquée. Par malheur, à une représentation extraordinaire où elle s'est surpassée elle-même, le masque qui lui cachait la figure tombe, et les spectateurs la reconnaissent dans sa terrifiante laideur. L'écuyère en mourut. En mourut-elle, vraiment ? Ce n'est pas bien sûr. On dit que, Madeleine repentie, elle vit toujours, qu'elle a renoncé à tous les cirques du monde et qu'elle écrit de spirituels articles pour le Triboulet, journal mondain, satirique et très-réactionnaire. S'il en est ainsi, nos compliments à la Madeleine repentie ou repentante! FIRMIN BOISSIN.

POÉSIE

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1. Jacqueline Bonhomme, tragédie moderne, par ED. GRENIER. Paris, Hachette, 1878, 1 vol. in-12 de 310 p. Prix: 3 fr. 50. 2. Jeanne d'Arc, poème dramatique, par PAUL BLIER. Paris, Plon, 1878, 1 vol. in-12 de 320 p. Prix: 3 fr. 50. 3. Etienne Marcel, prévôt des marchands, drame en cinq actes et huit tableaux, par ELIE CABROL. Paris, librairie des bibliophiles, 1878, 1 vol. in-12 de 319 p., orné de six dessins facsimile des miniatures des chroniques de Saint-Denis. Prix : 3 fr. 50. 4. La Comédie de l'amour, par E. FAVIN. Paris, Ollendorff, 1878, 1 vol. in-12 de 141 p. Prix 3 fr. 50. 5. Fleurs de la Bretagne, par EMILE GRIMAUD. Paris, Lemerre, 1878, 1 vol. in-12 de 244 p. Prix : 3 fr. 6. L'Oiseau blessé, par ADELE SOUCHIER. Paris, Bloud et Barral, 1878, 1 vol. in-12 de 143 p. Prix : 2 fr. 50.-7. Fables complètes du marquis de Ségur. Paris, Bray et Retaux, 1878, 1 vol in-12 de 250 p. Prix: 3 fr. 8. Le Fabuliste chretien, par VILLEFRANCHE. Nouvelle édition. Lyon, Briday, 1879, in-12 de 228 p. Prix : 3 fr. 9. Les Quatrains de l'enfance, suivis de Fables, par l'abbé HURAULT. Paris, Baltenweck, 1878, in-18 de 196 p. Prix : fr.

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10. Un essaim de sonnets, par E. LAMBERT. Paris, Lemerre, 1878, 1 vol. in-12 de 189 p. Prix 3 fr. 11. Une douzaine de sonnets, par A. WEIL. Paris, Jouaust, 1878, in-18 de 30 p. Prix: 2 fr. 12. Les Reflets, par L. DE PIEPAPE, capitaine d'état-major. p aris, Dentu, 1879, 1 vol. in-12 de 134 p. Prix: 2 fr. 13. Le Pontificat de Pie IX, par GUSTAVE LE BLANC. Paris, Plon, 1878, in-8 de 16 p. 14. Fleurs aimées, par ER. AMELINE. Paris, Jouaust, 1878, 1 vol. in-12 de 155 p. Prix: 1 fr. 15. Fleurs d'hiver, par E. GOUBERT. Rennes, Oberthur, in-8 de 68 p. 16. Les Contes tourangeaur, par un lettré poitevin. Paris, Ghio, 1878, 1 vol. in-12 de 218 p. Prix: 6 fr. 17. Roses et Cyprès, par Mme BERTHET. Paris, Jouaust, 1878, in-12 de 91 p. Prix: 2 fr. 18. Muse et Musette, par D. L. P. Paris, Jouaust, 1878, 1 vol. in-12 de 246 p. Prix: 3 fr. 50. 19. A travers l'Italie, par A. DE MAZADE. Paris, Boulanger, 1878, i vol. in-12 de 68 p. Prix: 2 fr.- 20. Brin dilles, prose et vers, par A. LEMARCHANT. Paris, Boulanger, 1878, in-12 de 201 p. Prix: 3 fr. 21. La Vie meilleure, la Beauté, les Tendresses, poésies idéalistes, par CH. DE PCMARIOLS, Paris, Lemerre, 1879, in-18 j. de 241 p. Prix: 3 fr. 22. Poèmes et Sonnets, par ACHILLE MILLIEN. Paris, Lemerre, 1879, in-12 de 170 p. Prix 3 fr.

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Il a déjà été parlé dans cette Revue de la Pitié suprême, de M. Victor Hugo. C'est incontestablement, malgré ses défauts, le volume

aucun

de poésie le plus remarquable qui, à notre connaissance, ait été publié depuis notre dernier compte reudu, et, certes, quelle que soit la valeur de leurs vers ou l'importance qu'ils peuvent y attacher des auteurs dont nous avons à nous occuper ne contestera cette appréciation.

Dans ces derniers temps, plusieurs poètes ont donné à leurs œuvres la forme dramatique, et nous devons en parler ici plutôt que dans un article consacré au théâtre,parce qu'elles n'ont pas été faites en vue de la scène. A ce genre d'ouvrage appartient Jacqueline Bonhomme, de M. E. Grenier. Dans un beau sonnet qui le termine, le poète qualifie , lui-même son livre de drame confus. Il ne nous en voudra pas si, comme lui, nous trouvons qu'il y a, en effet, une certaine confusion, ou plutôt quelque chose d'un peu décousu, dans ce long poème dialogué qui part de 1789 pour arriver à 1800. Deux personnages, Jacqueline et Jacques, servent seuls à relier une quantité de scènes empruntées à l'histoire de la Révolution. L'auteur nous fait assister aux plus lugubres épisodes de cette phase de notre histoire, aux massacres de la Conciergerie, à la mort de Louis XVI, à celle de Marie-Antoinette; puis viennent les guerres de la Vendée, les guerres en Allemagne, la mort de Marceau, la campagne d'Égypte, la mort de Kléber, et enfin l'apparition de Bonaparte, à qui une prophétesse révèle un avenir :

Che follia

Era sperar...

comme dit Manzoni. Il y beaucoup de mouvement dans cette composition étrange, beaucoup de scènes bien faites, de vers hardiment frappés. M. Grenier a de la générosité dans les sentiments. Il pourrait dire avec un des personnages de Corneille :

Mes larmes aux vaincus et ma haine aux vainqueurs.

La mort de Bonchamps demandant grâce pour les prisonniers lui a fourni une des scènes de son long drame. Après avoir ainsi peint le héros vendéen tel que l'histoire le montre, il nous semble avoir créé un Charette de fantaisie, dans ce général se battant avec un de ses officiers pour les beaux yeux de Jacqueline, tombée en pouvoir des Vendéens. Jacqueline et Jacques ne sont pas seuls à circuler au milieu des événements, il y a aussi un Allemand, le baron de Méphisto, l'ancien ami du docteur Faust, qui s'intéresse fort à ce qui se passe en France, et qui, après la mort de Mme de Lamballe, éprouve, tout diable qu'il est, un mouvement de dégoût. Nous n'avons pu,en face de tant de situations, donner une analyse suivie de ce poème qui, malgré les défauts du plan, n'est certes pas une œuvre sans valeur, et qui nous donne l'espoir de voir un jour M. Grenier obtenir des succès sur la scène.

2.

Depuis le Mystère du siège d'Orléans, qui date de 1439, jusqu'à JUILLET, 1879. T. XXVI, 3.

l'opéra de M. Mermet, Jeanne d'Arc, à ma connaissance, à inspiré quarante et une œuvres de forme dramatique, je ne parle que de celles qui ont été écrites en français; l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne augmenteraient encore assez notablement ce chiffre déjà respectable. M. Paul Blier, l'auteur du volume que j'ai sous les yeux, est donc, sauf erreurs et omissions probables, le quarante-deuxième écrivain qui, chez nous, ait voulu ressusciter la bonne Lorraine dans une œuvre dialoguée. On peut reconnaître trois courants dans la manière dont ce beau sujet a été traité. Le premier, la série historique, comprend les pièces où l'auteur, sans préoccupations de règles despotiques, s'est le plus rapproché de l'historien. Le second est celui de la tragédie proprement dite, de la Jeanne d'Arc des trois unités, solennelle, pompeuse et fausse. Le troisième a sa source dans Shakespeare,source absorbée plus tard par Schiller. A celui-ci appartient la Jeanne d'Arc accessible aux mauvaises passions, guerrière innée, s'agitant dans des péripéties imaginaires. Un nombre considérable de pièces remontent à ce dernier type, dont, en outre, l'influence s'est répandue sur des œuvres à classer dans d'autres catégories. La Jeanne d'Arc de M. Blier appartient au premier courant, au bon, au courant historique; ce n'est pas, d'ailleurs, une œuvre destinée au théâtre; elle a, pour cela, de trop amples dimensions; ce sont des scènes où l'auteur s'est efforcé de faire revivre la Pucelle, en ne reproduisant pas tout ce que l'histoire nous offre sur elle, mais en n'y mettant guère que ce que l'histoire nous apprend. De toutes les Jeanne d'Arc, celle de M. Blier se rapproche le plus du récit des chroniques. Elle est bien écrite, en général, en vers nets et simples,sans emphase, et très-souvent les paroles de la Pucelle sont fort heureusement rendues, notamment dans les interrogatoires. Quant à la contexture même de la pièce, il me suffira, pour la faire connaître, de copier les titres que l'auteur a donnés à ses tableaux. ACTE PREMIER: Domremy, Vaucouleurs, Chinon. ACTE DEUXIÈME : Orléans, la Sortie, la Bataille, Après la victoire, Après la défaite.- ACTE TROISIÈME : Ami et ennemis, le Sacre. -ACTE QUATRIÈME Le Château de Beaurevoir, Entre complices, le Procès, la Délivrance. Inutile de dire que, ne voulant pas s'écarter de l'histoire, M. Blier a laissé de côté le personnage d'Agnès Sorel, qu'on ne peut mettre en présence de Jeanne que par un anachronisme trop de fois commis. En revanche, M. Blier a eu la bonne pensée de placer Alain Chartier au nombre de ses personnages. Le vieil écrivain qui a adressé à Amédée VIII une lettre si enthousiaste sur Jeanne d'Arc, était digne de ce souvenir du poète.

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3. Etienne Marcel, ce séditieux, cet ami de Charles le Mauvais, est à la mode depuis quelque temps, et il en devait être ainsi. On a fait de lui le héros d'un opéra, représenté avec succès à Lyon; au

Salon, il figure dans un grand tableau; on parle de lui élever une statue, et M. Élie Cabrol a pris ses trames et sa mort pour sujet d'un drame en vers. Nous n'avons pas ici à discuter contre M. Perrens ou contre M. H. Martin, la valeur de ce sinistre personnage, et nous ne devons pas oublier qu'il est beaucoup permis aux poètes. M. Élie Cabrol a accepté les idées des deux historiens que nous venons de nommer, et, dans une donnée tout à fait favorable au prévôt des marchands, a mis en action un des chapitres de l'histoire du vieux Paris. M. Élie Cabrol a écrit sa pièce en bons vers, qui ont le tort; suivant nous, de peindre les personnages souvent tout autres qu'ils ne furent, à commencer par Charles le Mauvais, pour lequel l'auteur a d'évidentes sympathies, et par Marcel, sur lequel les préoccupations 'de notre propre époque semblent jeter bien des reflets. Le poète a, du reste, suivi la marche des événements, et son œuvre finit par la mort de Marcel et la rentrée du Dauphin dans Paris. Ce volume, orné du fac-simile de six miniatures des Chroniques de Saint-Denis, est publié avec une élégance digne de la librairie des bibliophiles, qui l'a édité. 4. La Comédie de l'Amour n'est pas, comme ce titre pourrait le faire supposer, une œuvre dramatique. C'est une série de morceaux roulant sur les souvenirs plus ou moins érotiques de l'auteur. L'amour célébré par M. Favin n'est pas du tout celui qui, suivant les expressions de Foscolo, nu en Grèce et nu à Rome, fut par Pétraque habillé de si chastes voiles. M. Favin écrit les vers avec aisance, souvent avec grâce; ses rimes sont bonnes, en général; mais il rompt trop souvent le césure. Nous avons aussi aperçu quelque part (p. 45) un hiatus désagréable, et, dans la même stance, une rime mauvaise. Le volume se termine fâcheusement par une profanation des premiers mots de l'Ave Maria.

5.- Voltaire disait : Faites vos vers à Paris. Nous nous permettrons de très-souvent préférer ceux qu'on fait en province. A naître ainsi loin. d'un courant d'idées commun, ils doivent un caractère plus original. Est-ce que c'est en se promenant sur le boulevard que M. Émile Grimaud aurait pensé à écrire la plupart des pièces qui composent les Fleurs de Bretagne?-Dans ce nouveau volume-digne de ceux qui l'ont précédé que de bonnes et belles pensées, heureusement exprimées! Le poète a, depuis longtemps,montré la flexibilité de son talent; il passe avec une remarquable facilité d'inspirations tout intimes à la forme véhémente des iambes ou au style élevé de l'ode. - Un jour, des Bretons allèrent visiter un illustre exilé; ils portaient le costume de leur province. Étonné à la vue de ce vêtement, un Allemand demanda à l'un d'eux de quel pays étaient lui et ses compagnons. — «En France, répondit le fidèle pèlerin, nous sommes Bretons; mais, ici, nous sommes Français. » Il me semble que cette belle réponse serait

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