Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'âge et le caractère. Il y a de très bonnes considérations sur les journaux, leur influence, ce que doit être le journaliste, avec quelles précautions on doit les lire, qui doit les lire. A propos du théâtre, revient la question de ses dangers, où l'on trouve naturellement Bossuet, Fénelon et Jean-Jacques Rousseau : M. Benard abonde dans leur sens. Il nous suffira, pour caractériser l'esprit général dans lequel est écrit cet ouvrage, de signaler un chapitre consacré à la lecture de l'Écriture sainte et à faire ressortir la beauté des livres saints. Nous ne devons pas omettre non plus un chapitre sur l'éducation des femmes. La manière d'écouter ne comprend qu'un chapitre. L'auteur montre que la manière d'écouter ne doit pas être la même, par exemple, pour un chrétien qui vient recevoir la parole de Dieu de la bouche d'un prédicateur, et pour un juré qui doit chercher à démêler la vérité dans la plaidoirie du défenseur, dans le réquisitoire du ministère public, dans les dépositions des témoins à charge et à décharge.

En résumé, on trouve dans cet ouvrage des appréciations généralement justes, des conseils émanant d'un esprit mûr et pratique, des considératious élevées où se montrent l'influence de la religion et un grand respect de l'âme humaine. La lecture en est facile, instructive et intéressante, et le serait plus encore s'il y avait plus de concision. Y. M. R.

Le Mariage et les mœurs en France, par LOUIS LEGRAND, docteur en droit, docteur ès lettres, député du Nord. Ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales et politiques. Paris, Hachette, 1879, in-8 de 357 p. Prix 6 fr.

:

Cet ouvrage renferme à la fois des exposés de faits et des discussions de doctrines. Des renseignements statistiques assez développés y sont donnés sur les différentes questions d'âge, d'état civil, de mortalité, de population, de criminalité qui se rapportent à la matière du mariage. En même temps, l'auteur expose et discute ces questions si graves de morale et de législation qui touchent à la vie d'une société nécessité d'une législation du mariage; supériorité du mariage sur les unions plus ou moins tolérées et reconnues qu'il est souvent de mode de prôner parmi nous; modes d'éducation qui préparent plus ou moins les deux sexes au mariage; mœurs et habitudes de société qui le leur rendent plus ou moins facile; dangers que présentent pour la paix des familles, aux uns les plaisirs de la vie mondaine, aux autres les nécessités du travail et les conditions des industries modernes; conditions légales et empêchements au mariage; accord à établir entre la législation civile et la législation religieuse; divorce et séparation de corps; législation des enfants naturels; peines contre la séduction, l'adultère ou la prostitution.

On ne peut avoir la prétention de traiter en moins de 400 pages toutes les questions que comprend un aussi vaste sujet; l'auteur, en plus d'un cas, consacre quelques pages à ce qui pourrait fournir matière à un volume, ou bien, comme pour la question, si menaçante, de la dépopulation, il montre le mal, sans indiquer les causes ni les remèdes. Bien que proposant parfois, comme pour la répression légale des faits de séduction, des vues de réformes, il est, en général, défenseur de notre code et ami de nos institutions actuelles. Nous croyons plutôt, en ce qui concerne les réformes morales, à l'influence d'une foi religieuse vivante et active, qu'à des considérations sensées de morale purement humaine. En résumé, cet ouvrage n'est pas, nous le pensons, un de ceux qui font avancer la science sociale; on n'y trouve ni des solutions neuves, ni des solutions indiscutables, mais un exposé judicieux des diverses matières que comprend son titre, fait par un esprit sage et modéré, qui bien qu'ennemi déclaré des couvents, parle des questions religieuses avec convenance, et des questions de législation avec compétence. R. L. S.

Le Problème de la France contemporaine, par M. F. LORRAIN. Paris, Plon, 1879, in-12 de x-360 p. - Prix: 3 fr. 50.

Voici un nouvel examen critique des résultats de la Révolution française et qui conclut encore, comme M. Montegut, M. Taine et M. Ribot, à l'avortement absolu des idées de 1789. Après avoir abaissé la France d'une façon continue depuis quatre-vingts ans, la démocratie approche de l'heure de sa liquidation définitive. Esprit vigoureux et indépendant, M. Lorrain eût été très capable de se livrer à cet examen sans aucun aide; mais il a préféré suivre pas à pas deux auteurs contemporains marquant à des titres divers, M. Blanc de Saint-Bonnet et M. Le Play. Il regarde, en effet, comme un premier fait digne d'appeler l'attention de tout esprit de bonne foi, l'identité des résultats auxquels ces deux penseurs éminents sont arrivés par des voies si différentes M. Blanc de Saint-Bonnet creusant profondément les idées par le procédé logique et analysant dogmatiquement notre état social; M. Le Play appliquant aux faits sociaux la méthode expérimentale, c'està-dire la comparaison des différents peuples existants. Ce sont moins deux hommes que deux méthodes et toutes deux s'accordent à condamner absolument toutes les fausses idées sur lesquelles repose la société française telle que l'a faite 1789, c'est-à-dire le dogme de la bonté native de l'homme, le mépris de la religion qui en est la conséquence, le préjugé de l'égalité qui stérilise la famille, désorganise l'atelier de travail, et rend la nation impuissante devant l'étranger.

A cette double démonstration M. Lorrain en ajoute une troisième, celle de l'histoire telle que l'a faite l'école critique moderne. On sait,

en effet, aujourd'hui ce qu'il faut penser des démocraties antiques de la Grèce et de Rome, et la théorie classique qui, au dix-huitième siècle et au commencement du nôtre, en faisait un type idéal n'a plus cours. Il en est de même de la préoccupation qui influençait encore les fondateurs de la grande école historique, Augustin Thierry et Guizot, quand ils cherchaient dans le moyen âge une justification au gouvernement constitutionnel. La véritable histoire nous dit aujourd'hui quel a été le secret de la force des sociétés anciennes, fondées sur la religion, la hiérarchie sociale et la coutume; elle explique la raison d'être des démocraties rurales du moyen âge, conservées jusqu'à nos jours dans les petits cantons suisses; elle nous montre, au contraire, l'échec constant de toutes les démocraties riches, depuis Athènes et Florence jusqu'à la république américaine.

Dans la longue analyse qu'il fait de l'œuvre de M. de Saint-Bonnet et de celle de M. Le Play, M. Lorrain se sépare sur plus d'un point de ces deux éminents penseurs. Il se sépare de M. de Saint-Bonnet réclamant la reconstitution de corporations ouvrières fermées, c'est-à-dire supprimant la liberté du travail et voulant restreindre le plus possible les échanges économiques entre les nations; mais il partage complètement les idées de l'auteur de la Légitimité quand il reproche à l'auteur de la Réforme sociale de croire, contrairement à ses belles observations sur le vice originel, que la réforme peut se faire toute seule. Il y faut l'œuvre d'un pouvoir fort: une monarchie héréditaire étroitement unie à la nation, mais n'étant pas entravée dans les liens du parlementarisme est, il le démontre avec une grande vigueur — la condition essentielle du relèvement de la France.

Cette restauration des principes est POSSIBLE. M. Lorrain le prouve par le spectacle même du changement d'idées qui s'opère dans les sommets de la société. Est-elle probable ? C'est une autre question, qu'il laisse à résoudre à la bonne volonté et au courage des gens de bien, mais en faisant la part de l'imprévu, c'est-à-dire de la Providence.

Cet ouvrage dénote de la part de son auteur une connaissance très profonde de l'état actuel de la société. Il est un symptôme d'autant plus significatif du travail opéré dans les esprits, que M. Lorrain quoique voulant mettre la religion à la base de l'édifice social, ne paraît nullement préoccupé de conformer sa pensée aux enseignements du Syllabus. En politique, il nous semble qu'à l'époque où il écrivait, ses sympathies le portaient du côté de l'Empire. Et cependant les conclusions de M. Lorrain ne peuvent être réalisées pratiquement que par le programme de M. le comte de Chambord. Il vient donc bien à son heure, au lendemain du jour où Dieu vient, par un de ces coups soudains, de montrer si clairement à tous les hommes de bonne foi et d'intelligence la seule voie de salut ouverte à notre pays. X.

française d'histoire et d'archéologie fondée à Rome il y a quelques années, nous donne, dans sa Notice sur divers manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, un aperçu des travaux qu'il a entrepris sous les auspices de cette École. Les manuscrits dont il a fait une description détaillée appartiennent au fonds de la reine Christine, si riche en documents sur l'histoire de France; l'auteur a surtout recherché les exemplaires des chroniques latines ou françaises du moyen âge; à ces chroniques se trouvent parfois jointes de curieuses pièces administratives, comme, par exemple, le débris d'un rôle de souscription pour la croisade de Philippe VI (croisade avortée) transcrit par M. Berger aux pages 3-5 de son travail. — L'étude sur Richard le Poitevin, moine de Cluny, chroniqueur et poète du douzième siècle, qui forme, avec la Notice dont nous venons de parler, le sixième fascicule de la Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, est la thèse présentée par M. Berger à l'École des chartes en 1879; mais il a étendu et complété ce travail par ses recherches dans les bibliothèques d'Italie, et il a, on peut le dire, épuisé le sujet. On peut proposer cette étude comme un excellent modèle aux jeunes gens qui se sentiraient une vocation pour la critique des sources de notre histoire. Une remarque pourtant se présente à l'esprit, c'est la disproportion entre le résultat qui ressort du travail de M. Berger pour l'accroissement effectif de nos connaissances historiques, et les efforts de critique minutieuse et pénétrante qu'il a dû faire pour obtenir ce résultat.

Le mémoire de M. Clédat: Du rôle historique de Bertrand de Born, qui forme le septième fascicule de la Bibliothèque précitée, est également un travail originairement écrit pour l'École des chartes, que l'auteur a ensuite revu et complété durant son séjour en Italie, et dont enfin il a fait sa thèse française pour le doctorat és lettres. Il s'est attaché, avec beaucoup d'érudition et de critique, à établir, par la comparaison méthodique des poésies du célèbre troubadour avec les chroniques contemporaines, les lignes essentielles de la vie de Bertrand de Born et à déterminer son influence sur les événements de son temps et de sa province.

Il a présenté, en outre, comme thèse latine, à la faculté des lettres de Paris, une étude sur un chroniqueur du treizième siècle, appartenant à l'ordre de Saint-François: frère Salimbène. La chronique de Salimbène,qui nous a été conservée par un manuscrit unique du Vatican, et dont une édition fort imparfaite a été donnée à Parme en 1877, est riche en précieux renseignements pour l'histoire d'Italie, et aussi pour l'histoire de France. M. Clédat en a étudié et fait ressortir avec lucidité et même avec agrément les caractères distinctifs. M. S.

oubliait sans doute que, pour bien comprendre un plaidoyer, par exemple, il ne suffit pas de posséder des connaissances littéraires, il faut y joindre un profond savoir juridique d'ailleurs, où trouver une plume assez souple, assez exercée pour se prêter à reproduire avec un égal bonheur la pompe un peu diffuse, un peu apprêtée d'Isocrate et la vigueur entraînante de l'auteur des Philippiques?

Démosthène a été traduit bien souvent dans notre langue, jamais, ce me semble, avec un entier succès. Les uns ignoraient trop complètement les institutions judiciaires d'Athènes pour ne pas commettre à l'occasion de singuliers contre-sens, les autres ont délayé, dans des phrases allongées, d'un tour tout académique, cette logique serrée qui, sans exclure le mouvement et la chaleur, n'a que du dédain pour tous les faux ornemeuts. M. Dareste, qui vient de compléter sa traduction des plaidoyers civils (1875) par celle des plaidoyers politiques, n'est tombé dans aucun de ces défauts: tout au plus pourrait-on lui reprocher de s'attacher trop fidèlement à la construction de l'original. Le grec se prête de lui-même à des inversions qui donnent, au contraire, à la phrase française quelque chose de brusque et de haché.'

Le premier volume s'ouvre par un excellent résumé du droit pénal et de la procédure judiciaire à Athènes, où la législation criminelle fut toujours bien inférieure à la législation civile. Tout semble calculé pour le triomphe des orateurs; pleine liberté est laissée à la ruse et à la passion. Aujourd'hui qu'on prend l'antiquité pour ce qu'elle est, et qu'on ne songe plus à adoucir les sanglantes invectives que se prodiguent au tribunal les deux adversaires en présence, certains passages de ces anciens plaidoyers soulèvent moins d'admiration que de dégoût. Chaque discours est précédé d'un argument qui précise l'objet du débat, et suivi de notes courtes et substantielles, destinées à jeter de la lumière sur les points obscurs d'histoire et de jurisprudence. La table analytique qui termine l'ouvrage sera d'un précieux secours pour les érudits.

C. HUIT.

Notice sur divers manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, Richard le Poitevin, moine de Cluny, historien et poète, par M. ELIE BERGER, membre de l'École française de Rome, lauréat de l'Institut de France. Paris, Thorin, 1879, in-8 de 140 p. Prix 5 fr. (Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, publiée sous les auspices du Ministère de l'instruction publique. Fasc. VI.)

Du rôle historique de Bertrand de Born (1175-1200), par LÉON CLEDAT, ancien élève de l'École des chartes et de l'École pratique des hautes études, ancien membre de l'École française de Rome. Paris, Thorin, 1879, in-8 de 122 p.— Prix : 4 fr. (Fasc. VII de la Bibliothèque.) De Fratre Salimbene et de ejus Chronicæ auctoritate, disseruit L. CLÉDAT. Paris, Thorin, 1878, in-8 de 116 p. - Prix : 4 fr. M. Élie Berger, l'un des membres les plus distingués de l'École

OCTOBRE 1879.

T. XXVI, 21.

« ZurückWeiter »