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parlent de la nécessité de céder... Napoléon est enfin forcé de s'expliquer. « Quoi! leur dit-il avec vivacité, vous >> voulez que je signe un pareil traité, et que je foule >> aux pieds mon serment *! Des revers inouis ont pu » m'arracher la promesse de renoncer aux conquêtes » que j'ai faites; mais que j'abandonne aussi celles qui » ont été faites avant moi; que je viole le dépôt qui m'a » été remis avec tant de confiance; que, pour prix de » tant d'efforts, de sang et de victoires, je laisse la >> France plus petite que je ne l'ai trouvée : jamais! Le >> pourrais-je sans trahison ou sans lâcheté ?.... Vous » êtes effrayés de la continuation de la guerre, et moi » je le suis de dangers plus certains que vous ne voyez » pas. Si nous renonçons à la limite du Rhin, ce n'est >> pas seulement la France qui recule; c'est l'Autriche » et la Prusse qui s'avancent !... La France a besoin de » la paix; mais celle qu'on veut lui imposer entraînera >> plus de malheurs que la guerre la plus acharnée ! Son» gez-y. Que serai-je pour les Français quand j'aurai » signé leur humiliation? Que pourrai-je répondre aux >> républicains du sénat, quand ils viendront me rede>> mander leurs barrières du Rhin!... Dieu me préserve >> de tels affronts !... Répondez à Caulaincourt, puisque >> vous le voulez ; mais dites-lui que je rejette ce traité. » Je préfère courir les chances les plus rigoureuses de >> la guerre! >>

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Après ce premier mouvement, Napoléon se jette sur un lit de camp; le duc de Bassano reste auprès de lui,

* Le serment que Napoléon avait prononcé à son couronnement était ainsi conçu: « Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la répu»blique... et de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et » de la gloire du peuple français. » ( Art. 53 du sénatus-consulte du 28 floréal an XII.)

il passe une partie de la nuit debout, à son chevet; et profitant d'un moment plus calme, il obtient enfin la permission d'écrire au duc de Vicence dans des termes. qui lui permettent de continuer la négociation.

Au surplus, Napoléon veut que les conditions de l'ennemi soient envoyées à Paris; que tous les membres du conseil privé se réunissent pour en prendre communication; que chacun donne son avis motivé, et qu'un procès-verbal recueille avec soin toutes les opinions.

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SECONDE EXPÉDITION CONTRE LE MARÉCHAL BLUCHER. -COMBAT DE CHAMPAUBERT.—BATAILLE DE MONTMIRAIL. COMBAT DE CHATEAU – THIERRY ET DE VAUCHAMPS.

(Du 9 au 15 février.)

La marche de Blücher à travers la Champagne avait jeté l'alarme dans la capitale. D'heure en heure les estafettes les plus inquiétantes arrivaient de Paris. Blücher était entré dans la Brie champenoise, il s'avançait à marches forcées; le duc de Tarente se retirait sur la Ferté-sous-Jouarre; les fuyards arrivaient à Meaux.

Cette audacieuse incursion de l'ennemi ranime Napoléon; il veut du moins faire payer cher aux Prussiens leur témérité, et il prend la résolution de tomber sur leurs flancs à l'improviste. Napoléon était encore étendu sur ses cartes, les parcourant le compas à la main, lorsque le duc de Bassano se présente avec les dépêches qu'il a passé le reste de la nuit à préparer pour Châtillon. « Ah! vous voilà, lui dit Napoléon. Il s'agit mainte>> nant de bien d'autres choses! Je suis en ce moment >> à battre Blücher de l'oeil; il s'avance par la route de >> Montmirail: je pars; je le battrai demain, je le » battrai après demain; si ce mouvement a le succès >> qu'il doit avoir, l'état des affaires va entièrement » changer, et nous verrons alors! »

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Aucune route de poste n'établit de communication entre la grande route de Troyes, où se trouve l'armée française, et celle de Châlons, que les troupes du maréchal Blücher parcourent avec tant d'assurance. Les vastes plaines de la Brie champenoise séparent ces deux avenues de la capitale; et de Nogent à Montmirail, par Sezanne, on ne compte pas moins de douze grandes lieues de traverse, que les gens du pays s'accordent à regarder comme très-difficiles en cette saison. Un tel obstacle n'est pas suffisant pour arrêter Napoléon. Il laisse à Nogent le général Bourmont, sous les ordres du duc de Bellune ; il laisse au pont de Bray-sur-Seine le duc de Reggio; il leur recommandé de retenir les Autrichiens le plus long-temps qu'ils pourront au passage de la Seine ; et aussitôt se dérobant, avec l'élite de l'armée, derrière le rideau que forme notre arrière-garde, il entreprend sa seconde expédition contre l'armée prussienne. Dès le 8. au soir, la garde impériale avait fait une marche vers Villenoxe; le 9, Napoléon part de Nogent, et va coucher, avec le gros de ses troupes, à Sezanne.

Ce soir même, nos coureurs rencontrent quelques cavaliers prussiens sur les bords de la rivière du PetitMorin, entre Sezanne et Champaubert.

Les nouvelles des habitans sont que le duc de Tarente est en retraite sur Meaux; que les Prussiens couvrent les routes depuis Châlons jusqu'à la Ferté et au-delà ; qu'ils marchent dans une sécurité parfaite.

Nous n'avons plus que quatre lieues à faire pour les surprendre! mais les coups de sabre qu'on vient de se donner aux avant-postes peuvent avoir averti l'ennemi; l'escarpement de la vallée du Petit-Morin, les marais de Saint-Gond, les bois et les défilés qui s'y trouvent, vont peut-être offrir de grands obstacles à une

armée embourbée, que l'artillerie ne peut rejoindre... La vivacité et la hardiesse de notre mouvement maîtrisent les hasards qui nous auraient été défavorables. Nous ne trouvons devant nous qu'un petit corps de troupes, qui se garde mal, et qui a pris nos sabreurs de la veille pour des maraudeurs égarés.

Cependant le duc de Raguse, qui commande l'avantgarde, a trouvé les chemins trop mauvais : il revient sur ses pas... Napoléon le force aussitôt à recommencer son mouvement; on requiert des chevaux de tous côtés, on double les attelages, et la volonté du maître s'exécute...

Le 10 au inatin, le duc de Raguse passé les défilés de Saint-Gond sous les yeux de Napoléon, et enlève à l'ennemi le village de Baye. Dans l'après-midi, l'armée parvient au village de Champaubert, débouche sur la grande route de Châlons, et y bat à plate couture les colonnes que le général Alsufief (le même qui défendait Brienne) a ralliées trop tard contre nous. La déroute est telle que les forces de l'ennemi se séparent : les uns fuient du côté de Montmirail, et sont poursuivis par la cavalerie du général Nansouty; les autres fuient sur Étoges et Châlons, et sont poursuivis par le duc de Raguse.

Maître de Champaubert, Napoléon s'y loge dans une chaumière qui est sur la route, au coin de la grande rue du village. C'est là qu'on lui amène les généraux ennemis qui viennent d'être pris : il les fait dîner avec lui.

Depuis l'ouverture de la campagne nous avions toujours été malheureux; avec quelle joie nous voyons enfin briller sur nos armes cette première lueur de succès! Napoléon sent renaître bien des espérances. L'armée prussienne, coupée encore une fois dans sa marche, n'oppose plus que deux tronçons dont il compte tirer

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