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LETTRE DE M. LE DUC DE VICENCE A M. LE PRINCE DE METTERNICH.

Lunéville, le 6 janvier 1814.

PRINCE,

La lettre que votre excellence m'a fait l'honneur de m'écrire le 10 du mois dernier m'est parvenue.

L'empereur ne veut rien préjuger sur les motifs qui ont fait que son adhésion pleine et entière aux bases que votre excellence a proposées d'un commun accord avec les ministres de Russie et d'Angleterre, et de l'aveu de la Prusse, aient eu besoin d'être communiquées aux alliés avant l'ouverture du congrès. Il est difficile de penser que lord Aberdeen ait eu des pouvoirs pour proposer des bases, sans en avoir pour négocier. S. M. ne fait point aux alliés l'injure de croire qu'ils aient été incertains et qu'ils délibèrent encore; ils savent trop bien que toute offre conditionnelle devient un engagement absolu pour celui qui l'a faite, dès que la condition qu'il y a mise est remplie. Dans tous les cas, nous devions nous attendre à avoir, le 6 janvier, la réponse que votre excellence nous annonçait le 10 décembre. Sa correspondance et les déclarations réitérées des puissances alliées ne nous laissent point prévoir de difficultés, et les rapports de M. de Talleyrand, à son retour de Suisse, confirment que leurs intentions sont toujours les mêmes.

D'où peuvent donc provenir les retards? S. M. n'ayant rien plus à cœur que le prompt rétablissement de la paix générale, a pensé qu'elle ne pouvait donner une plus forte preuve de la sincérité de ses sentimens à cet égard, qu'en envoyant auprès des souverains alliés son ministre des relations extérieures, muni des pleins-pouvoirs. Je m'empresse donc, prince, de vous prévenir que j'attendrai à nos avantpostes les passe-ports nécessaires pour traverser ceux des armées alliées, et me rendre auprès de votre excellence. Agréez, etc.

Signé, CAULAINCOURT, duc de Vicence.

RÉPONSE DU PRINCE DE METTERNICH A M. LE

DUC DE VICENCE.

Fribourg, en Brisgau, le 8 janvier 1814.

MONSIEUR LE DUC,

J'ai reçu aujourd'hui la lettre que votre excellence m'à fait l'honneur de m'adresser de Lunéville le 6 de ce mois. Le retard qu'éprouve la communication que le gouvernement français attendait ensuite de mon office du 10 décembre, résulte de la marche que devaient tenir entre elles les puissances alliées. Les explications confidentielles avec M. le baron de Saint-Aignan ayant conduit à des ouvertures officielles de la part de la France, LL. MM. II. et RR. ont jugé que la réponse de votre excellence, du 2 décembre, était de nature à devoir être portée à la connaissance de leurs alliés. Les suppositions que votre excellence admet, que ce soit lord Aberdeen qui ait proposé des bases, et qu'il ait été muni des pleins-pouvoirs à cet effet, ne sont nullement fondées.

La Cour de Londres vient de faire partir pour le continent le secrétaire d'état ayant le département des affaires étrangères. S. M. I. de toutes les Russies se trouvant momentanément éloignée d'ici, et lord Castlereagh étant attendu d'un moment à l'autre ; l'empereur, mon auguste maître, et S. M. le roi de Prusse me chargent de prévenir votre excellence qu'elle recevra le plus tôt possible une réponse à sa proposition de se rendre au quartier-général des souverains alliés.

Je prie votre excellence, etc.

Signé, le prince DE METTERNICH.

Hier, 18 janvier, c'est-à-dire, dix jours après la réponse de M. le prince de Metternich, M. le duc de Vicence était encore aux avant-postes.

MANUSCRIT

DE

MIL HUIT CENT QUATORZE.

SECONDE PARTIE.

JOURNAL DE LA CAMPAGNE.

(Du 24 janvier 1814 au 31 mars suivant.)

Acer et indomitus, quò spès, quòque ira vocasset
Ferre manum, et nunquam temerando parcere ferro,
Successus urgere suos, instare favori

Numinis....

LUCAIN, Pharsale.

DE

MIL HUIT CENT QUATORZE.

00000000000000

SECONDE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER:

ARRIVÉE DE NAPOLÉON A CHALONS-SUR-MARNE.

(Fin de janvier 1814.)

LE comte Bertrand monte dans la voiture de Napoléon et prend place à côté de lui; il réunit, en l'absence du duc de Vicence, les fonctions de grand écuyer à celles du grand maréchal, et tous les services de voyage sont sous ses ordres *.

* Les aides-de-camp qui accompagnent Napoléon sont les généraux Drouot, Flahaut, Corbineau, Dejean.

Le général Drouot fait les fonctions de major-général de la garde. Aux aides-de-camp il faut ajouter les officiers d'ordonnance Gourgaud, Mortemart, Montmorency, Caraman, Pretet, Laplace, Lariboissière, Lamezan et Desaix.

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