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Le mot de Crétin, selon Fodéré (ap. Dralet, t. I), vient de Chrétien, bon Chrétien, Chrétien par excellence, titre qu'on donne à ces idiots, parce que, dit-on, ils sont incapables de commettre aucun péché. On leur donne encore le nom de Bienheureux, et après leur mort, on conserve avec soin leurs béquilles et leurs vê

temens.

Dans une requête qu'ils adressèrent en 1514 à Léon X, sur ce que les prêtres refusaient de les ouïr en confession, ils disent euxmêmes que leurs ancêtres étaient Albigeois. Cependant dès l'an 1000, les Cagots sont appelés Chrétiens dans le Cartulaire de l'abbaye de Luc et l'ancien for de Navarre. Mais ce qui vient à l'appui de leur témoignage c'est que, dans le Dauphiné et les Alpes, les descendans des Albigeois sont encore appelés Caignards, corruption de canards, parce qu'on les obligeait de porter sur leurs habits le pied de canard dont il est parlé dans l'histoire des Cagots de Béarn. Rabelais, pour la même raison, appelle Canards de Savoie les Vaudois Savoyards1

Les descendans des Sarrasins, continue Marca, auraient été aussi nommés Gésitains, comme ladres, du nom du syrien Giézi, frappé de la lèpre pour son avarice. Les Juifs et les Agaréniens ou Sarrasins croyaient, selon les Écrivains du moyen-âge, échapper à la puanteur inhérente à leur race, en se soumettant au baptême chrétien, ou en buvant le sang des enfans chrétiens. Le père Grégoire de Rostrenen (Dictionnaire Celt.) dit que caccod en celtique signifie lépreux. En espagnol : gafo, lépreux; gafi, lèpre. L'ancien for de Navarre, compilé vers 1074, du temps du roi Sanche Ramirez, parle des Gaffos et les traite comme ladres. Le for de Béarn

Bullet croit trouver dans ce fait un rapport avec l'histoire de Berthe, la reine pédauque (pes aucæ, pied d'oie. Voy. mon II volume, pag.151). Un passage de Rabelais indique qu'on voyait une image de la reine Pédauà Toulouse. Les contes d'Eutrapel nous apprennent qu'on jurait à Toulouse par la quenouille de la reine Pédauque. Cette locution rappelle le proverbe Du temps que la reine Berthe filait ( Bullet, Mythologie française).

que

distingue pourtant les Cagots des lépreux, le port d'armes leur est défendu, et il est permis aux ladres.

De Bosquet, lieutenant-général au siége de Narbonne, dans ses notes sur les lettres d'Innocent III, croit reconnaître les Capots dans certains marchands juifs, désignés dans les capitulaires de Charles-le-Chauve par le nom de Capi (Capit. ann. 877, c. 31).

Dralet pense que ce furent des goîtreux qui formèrent ces races. Les premiers habitans, dit-il, durent être plus sujets aux goîtres, parce que le climat dut être alors plus froid et plus humide. En effet, on trouve peu de goîtreux sur le versant espagnol ; les nuits y sont moins froides, il y a moins de glaciers et de neiges, et le vent du sud y adoucit le climat. Selon M. Boussingault cette maladie vient de ce qu'on boit les eaux descendues des hautes montagnes, où elles sont soumises à une très faible pression atmosphérique et ne peuvent s'imprégner d'air. (De même on voit beaucoup de goîtres à Chantilly, parce qu'on y boit l'eau de conduits souterrains où la pression de l'air a peu d'action. Annal. de Chimie, février 1852),

Au reste, peut-être doit-on admettre à la fois les opinions diverses que nous avons rapportées; tous ces élémens entrèrent sans doute successivement dans ces races maudites, qui semblent les Parias de l'Occident.

FIN DU TOME PREMIER.

traversèrent en 437 pour aller combattre les Wisigoths, et la mirent à feu et à sang (Sidon. Panegyr. Aviti, p. 805. Paulin., 1. VI, vers. 116.) L'avénement d'un empereur auvergnat, en 455, lui laissa quelques années de relâche. Avitus fit la paix avec les Wisigoths; Théodoric II se déclara l'ami et le soldat de Rome (Ibid., p. 810..... Romæ sum, te duce, amicus, Principe te, miles). — Mais, à la mort de Majorien (461), il rompit le traité et prit Narbonne; dès-lors, l'Auvergne vit arriver et monter rapidement le flot de la conquête barbare, et bientôt (474) la cité des Arvernes (Clermont), l'antique Gergovie, surnagea seule, isolée sur sa haute montagne (Γεργουΐαν, ἐφ' ὑψηλοῦ ὄρους κειμένην. Strabon, 1. IV. Quæ posita in altissimo monte omnes aditus difficiles habebat (Cœesar, 1. VI, c. 36. Dio Cass., 1. XL ).

Sidon. Apollin. 1. III, epist. 4 (ann. 474): « Oppidum nostrum, quasi quemdam sui limitis oppositi obicem, circumfùsarum nobis gentium arma terrificant. Sic æmulorum sibi in medio positi lacrymabilis præda populorum, suspecti Burgundionibus, proximi Gothis, nec impugnantûm irâ nec propugnantûm caremus invidiâ.>>

L. VII, ad Mamert. : « Rumor est Gothos in Romanum solum castra movisse. Huic semper irruptioni nos miseri Arverni janua sumus. Namque odiis inimicorum hinc peculiaria fomenta subministramus, quia, quòd necdùm terminos suos ab Oceano in Rhodanum Ligeris alveo limitaverunt, solam sub ope Christi moram de nostro tantùm obice patiuntur. Circumjectarum verò spatium tractumque regionum jampridem regni minacis importuna devoravit impressio. >>

Ainsi livrée à elle-même, abandonnée des faibles successeurs de Majorien, l'Auvergne se défendit héroïquement, sous le patronage d'une puissante aristocratie. C'était la maison d'Avitus avec ses deux alliées, les familles des Apollinaires et des Ferreols; toutes trois cherchèrent à sauver leur pays, en unissant étroitement sa cause à celle de l'empire.

Aussi les Apollinaires occupaient-ils dès long-temps les plus hautes magistratures de la Gaule (1. I. epist. 3) : « Pater, socer, avus, proavus præfecturis urbanis prætorianisque, magisteriis pa

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latinis militaribusque micuerunt. » Sidonius lui-même épousa, ainsi que Tonantius Ferréol, une fille de l'empereur Avitus, et fut préfet de Rome sous Anthemius (Scr. fr. I, 783 ).

Tous ils employèrent leur puissance à soulager leur pays accablé par les impôts et la tyrannie des gouverneurs.- En 469, Tonantius Ferréol fit condamner le préfet Arvandus, qui entretenait des intelligences avec les Goths. - Sidon. I. I. ep. VII: Legati provinciæ Galliæ Tonantius Ferreolus prætorius, Afranii Syagrii consulis è filia nepos. Thaumastus quoque et Petronius, verborumque scientiâ præditi, et inter principalia patriæ nostræ decora ponendi, prævium Arvendum publico nomine accusaturi cum gestis decretalibus insequntur. Qui inter cætera quæ sibi provinciales agenda mandaverant, interceptuas litteras deferebant..... Hæc ad regem Gothorum charta videbatur emitti, pacem cum græco imperatore (Anthemio) dissuadens, Britannos super Ligerim sitos oppugnari oportere demonstrans, cum Burgundionibus jure gentium Gallias dividi debere confirmans. >> Ferréol avait lui-même administré la Gaule et diminué les impôts. Sid. 1. VII, ep. XII : «..... Prætermisit stylus noster Gallias tibi administratas tunc quùm maximè incolumes erant... propterque prudentiam tantam providentiamque, currum tuum provinciales cum plausum maximo accentu spontaneis subiisse cervicibus; quia sic habenas Galliarum moderabere, ut possessor exhaustus tributario jugo relevaretur. » Avitus, dans sa jeunesse, avait été député par l'Auvergne à Honorius, pour obtenir une réduction d'impôts (Panegyr. Aviti, vers 207). Sidonius dénonça et fit punir (471) Seronatus, qui opprimait l'Auvergne et la trahissait comme Arvandus. L. II, ep. I : Ipse Catilina sæculi nostri... implet quotidiè sylvas fugientibus, villas hospitibus, altaria reis, carceres clericis exultans Gothis, insultansque Romanis, illudens præfectis, colludensque numerariis : leges Theodosianas calcans, Theodoricianasque proponens veteresque culpas, nova tributa perquirit. — Proindè moras tuas citus explica, et quicquid illud est quod te retentat, incide. ».....

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Ces derniers mots s'adressent au fils d'Avitus, au puissant Ecdicius...« Te expectat palpitantium civium extrema libertas.

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