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Écoutez, limites de la terre, écoutez avec horreur, avec tristesse, quel crime a été commis dans la ville de Bénévent. Ils ont arrêté Louis, le saint, le pieux Auguste. Les Bénéventins se sont assemblés en conseil; Adalfieri parlait, et ils ont dit au prince : Si nous le renvoyons en vie, sans doute nous périrons tous. Il a préparé de cruelles vengeances contre cette province : il nous enlève notre royaume, il nous estime comme rien; il nous a accablés de maux : il est bien juste qu'il périsse. Et ce saint, ce pieux monarque, ils l'ont fait sortir de son palais; Adalfieri l'a conduit au prétoire, et lui, il paraissait se réjouir de sa persécution comme un saint dans le mártyre. Sado et Saducto sont sortis en invoquant les droits de l'Empire; lui-même il disait au peuple : Vous venez à moi comme au-devant d'un voleur avec des épées et des bâtons; un temps était où je vous ai soulagés, mais à présent vous avez comploté contre moi, et je ne sais pourquoi vous voulez me tuer : je suis venu pour détruire la race des infidèles; je suis venu pour rendre un culte à l'Église et aux saints de Dieu; je suis venu pour venger le sang qui avait été répandu sur la terre. Le tentateur a osé mettre sur sa tête la couronne de l'Empire; il a dit au peuple : Nous sommes empereur, nous pouvons vous gouverner, et il s'est réjoui de son ouvrage; mais le démon le tourmente et l'a renversé par terre, et la foule est sortie pour être témoin du miracle. Le grand-maître Jésus-Christ a prononcé son jugement: la foule des païens a envahi la Calabre; elle est parvenue à Salerne pour posséder cette cité : mais nous jurons sur les saintes reliques de Dieu de défendre ce royaume et d'en conquérir un autre. »

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distingue pourtant les Cagots des lépreux, le port d'armes leur est défendu, et il est permis aux ladres.

De Bosquet, lieutenant-général au siége de Narbonne, dans ses notes sur les lettres d'Innocent III, croit reconnaître les Capots dans certains marchands juifs, désignés dans les capitulaires de Charles-le-Chauve par le nom de Capi (Capit. ann. 877, c. 31).

Dralet pense que ce furent des goîtreux qui formèrent ces races. Les premiers habitans, dit-il, durent être plus sujets aux goîtres, parce que le climat dut être alors plus froid et plus humide. En effet, on trouve peu de goîtreux sur le versant espagnol ; les nuits y sont moins froides, il y a moins de glaciers et de neiges, et le vent du sud y adoucit le climat. Selon M. Boussingault cette maladie vient de ce qu'on boit les eaux descendues des hautes montagnes, où elles sont soumises à une très faible pression atmosphérique et ne peuvent s'imprégner d'air. (De même on voit beaucoup de goîtres à Chantilly, parce qu'on y boit l'eau de conduits souterrains où la pression de l'air a peu d'action. Annal. de Chimie, février 1832),

Au reste, peut-être doit-on admettre à la fois les opinions diverses que nous avons rapportées; tous ces élémens entrèrent sans doute successivement dans ces races maudites, qui semblent les Parias de l'Occident.

FIN DU TOME PREMIER.

trouve le mot de Colliberts. L'auteur d'une histoire de l'île de Maillesais les représente comme une peuplade de pêcheurs qui s'était établie sur la Sèvre, et donne de leur nom une étymologie singulière.« In extremis quoque insulæ, suprà Separis alveum quoddam genus hominum, piscando quæritans victum, nonnulla tuguria confecerat, quod à majoribus Collibertorum vocabulum contraxerat. Collibertus à cultu imbrium descendere putatur. » Il ajoute que les Normands en détruisirent une grande quantité et qu'on chante encore cet événement : « Deleta cantatur maxima multitudo. ». Dans la Bretagne, c'étaient les Caqueux, Caevas, Cacous1, quins. On lit dans un ancien registre qu'ils ne pouvaient voyager dans le duché que vêtus de rouge (D. Lobineau, II, 1350. Marten. Anecdot., IV, 1142). Le parlement de Rennes fut obligé d'intervenir pour leur faire accorder la sépulture. Il leur était défendu de cultiver d'autres champs que leurs jardins. Mais cette disposition, qui réduisait ceux qui n'avaient pas de terre à mourir de faim, fut modifiée en 1477 par le duc François.

Ca

En Guyenne, c'étaient le Cahets; chez les Basques et les Béarnais, dans la Gascogne et le Bigorre, les Cagots, Agots, Agotas, Capots, Caffos, Crétins; dans l'Auvergne, les Marrons.

D'après l'ancien for de Béarn, il fallait la déposition de sept Cagots ou Crétins, pour valoir un témoignage (Marca, Béarn, p. 73 ). Ils avaient une porte et un bénitier à part, à l'église, et un arrêt du parlement de Bordeaux leur défendit, sous peine du fouet, de paraître en public autrement que chaussés et habillés de rouge (comme en Bretagne). En 1460, les états du Béarn demandèrent à Gaston qu'il leur fût défendu de marcher pieds nus dans les rues sous peine d'avoir les pieds percés d'un fer, et qu'ils portassent sur leurs habits leur ancienne marque d'un pied d'oie ou de canard. Le prince ne répondit pas à cette demande. En 1606, les états de Soule leur interdisent l'état de meuniers (Marca, p. 71.) Marca dérive le mot Cagots de caas goths, chiens goths. Ce se

Le chef suprême des Truands s'appelait dans leur langage coërse, et ses principaux officiers cagoux, ou archi-suppôts.

que

raient alors des Goths. Cependant le nom de Cagots ne se trouve dans la nouvelle coutume de Béarn, réformée en 1551, tandis que les anciens fors manuscrits donnent celui de Chrestiaas, ou chrétiens; dans l'usage on les appelle plus souvent Chrétiens que Cagots. Le lieu où ils habitent s'appelle le quartier des Chrétiens. Oihenart conjecture que les Cagots étaient autrefois appelés Chrétiens (crétins) par les Basques, lorsque ceux-ci étaient encore païens. On les appelait aussi pelluti et comati; cependant les Aquitains laissaient également croître leurs cheveux.

Ce qui pourrait encore les faire considérer comme les débris d'une race germanique, c'est que les familles agotes, chez les Basques, sont généralement blondes et belles. Selon M. Barraut, médecin, les Cagots de sa ville sont de beaux hommes blonds (Laboulinière, I, 89).

Marca pense que ce sont des descendans des Sarrasins, restés après la retraite des infidèles, surnominés peut-être Caas-Goths, par dérision, dans le sens de chasseurs des Goths. On les aurait appelés Chrétiens en qualité de nouveaux convertis. L'isolement où ils vivent semble rappeler la retraite des catéchumènes. Il est dit dans les actes du concile de Mayence, chap. V : « Les catéchumènes ne doivent point manger avec les baptisés ni les baiser; encore moins les gentils. » Et d'un autre côté, une lettre de Benoît XII, adressée en janvier 1340 à Pierre IV d'Aragon, prouve que les habitations des Sarrasins, comme celle des Cagots, étaient situées dans des lieux écartés. « Nous avons appris, dit le pape, par le rapport de plusieurs fidèles habitans de vos états, que les Sarrasins, qui y sont en grand nombre, avaient dans les villes et les autres lieux de leur demeure, des habitations séparées et enfermées de murailles, pour être éloignés du trop grand commerce avec les chrétiens et de leur familiarité dangereuse; mais à présent ces infidèles étendent leur quartier ou le quittent entièrement, et logent pêle-mêle avec les chrétiens, et quelquefois dans les mêmes maisons. Ils cuisent aux mêmes feux, se servent des mêmes bancs, et ont une communication scandaleuse et dangereuse. « (Voy. Laboulinière, I, 82.)

Le mot de Crétin, selon Fodéré (ap. Dralet, t. I), vient de Chrétien, bon Chrétien, Chrétien par excellence, titre qu'on donne à ces idiots, parce que, dit-on, ils sont incapables de commettre aucun péché. On leur donne encore le nom de Bienheureux, et après leur mort, on conserve avec soin leurs béquilles et leurs vê

temens.

Dans une requête qu'ils adressèrent en 1514 à Léon X, sur ce que les prêtres refusaient de les ouïr en confession, ils disent euxmêmes que leurs ancêtres étaient Albigeois. Cependant dès l'an 1000, les Cagots sont appelés Chrétiens dans le Cartulaire de l'abbaye de Luc et l'ancien for de Navarre. Mais ce qui vient à l'appui de leur témoignage c'est que, dans le Dauphiné et les Alpes, les descendans des Albigeois sont encore appelés Caignards, corruption de canards, parce qu'on les obligeait de porter sur leurs habits le pied de canard dont il est parlé dans l'histoire des Cagots de Béarn. Rabelais, pour la même raison, appelle Canards de Savoie les Vaudois Savoyards 1

Les descendans des Sarrasins, continue Marca, auraient été aussi nommés Gésitains, comme ladres, du nom du syrien Giézi, frappé de la lèpre pour son avarice. Les Juifs et les Agaréniens ou Sarrasins croyaient, selon les Écrivains du moyen-âge, échapper à la puanteur inhérente à leur race, en se soumettant au baptême chrétien, ou en buvant le sang des enfans chrétiens. - Le père Grégoire de Rostrenen (Dictionnaire Celt.) dit que caccod en celtique signifie lépreux. En espagnol : gafo, lépreux; gafi, lèpre. L'ancien for de Navarre, compilé vers 1074, du temps du roi Sanche Ramirez, parle des Gaffos et les traite comme ladres. Le for de Béarn

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Bullet croit trouver dans ce fait un rapport avec l'histoire de Berthe, la reine pédauque (pes aucæ, pied d'oie. Voy. mon II volume, pag.151). Un passage de Rabelais indique qu'on voyait une image de la reine Pédauque à Toulouse. Les contes d'Eutrapel nous apprennent qu'on jurait à Toulouse par la quenouille de la reine Pédauque. Celte locution rappelle le proverbe Du temps que la reine Berthe filait (Bullet, Mythologie française).

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