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<<< La Catalogne doit sa richesse à son commerce, <<< à son industrie, à ses manufactures: de là vient que, <«<< dans toutes les guerres, elle a fait et fera toujours <«< des sacrifices immenses pour ne pas devenir, même << momentanément, province française, parce que cette «< réunion entraînerait la ruine inévitable de ses fabri«ques, qui ne peuvent, sous aucun rapport, soute«nir la concurrence avec les nôtres. C'est néanmoins <<< la seule province que Napoléon ait voulu réunir à la << France, tant les difficultés avaient de charmes pour <«<lui. Il l'organisa en plusieurs départements, et dé

de papel (maréchal de papier), telle est la qualification donnée au général en chef par les habitants de Barcelone, dont les murs sont placardés de proclamations, d'arrêtés, etc.

Après la prise de Gironne, le maréchal Augereau avait dit qu'une grande sévérité était indispensable à la soumission de la Catalogne. Aussi tous les paysans pris les armes à la main étaient pendus sans miséricorde, eux, leurs pères, mères, femmes, fils et filles, à dé vastes potences dressées sur la grande route de Gironne à Figuières. La plupart de ces malheureux, en allant à la mort, refusaient les secours de la religion, et périssaient en maudissant, en exécrant leur féroce oppresseur. L'on a vu pendre à Barcelone, en 1811 (peu de mois après la prise de Tarragone par le général Suchet), deux malheureux, l'un tailleur, l'autre jardinier, pour avoir dit que Tarragone avait été repris par les Espagnols. Madame la duchesse de Bourbon demande au gouverneur de Barcelone la grâce des deux condamnés; elle lui est refusée avec tous les égards dus à une princesse adorée des Barcelonais. L'on a vu et entendu un intendant de Napoléon, se faisant appeler de *******, intrigant déhonté, concussionnaire des plus avides, ancien bas-officier, se réjouir hautement du supplice de ces deux infortunés, et se glorifier d'avoir décidé le général, gouverneur de Barcelone, à les faire exécuter!! Cet acte de sévérité révolte même les Français, et met le comble à l'exaspération des habitants.

Ce ******* peut aller de pair avec les Lecchi, les Henriod, etc., monstres exécrables dont les Catalans conserveront long-temps le souvenir!! Enfin Augereau fut remplacé dans son commandement, en mai 1810, par M. le duc de Tarente, qui adopta dès son arrivée un plan de conduite tout-à-fait différent.

«fendit à ses ministres de correspondre avec Joseph; «< mais il différa de publier le décret de réunion qu'il <«< avait rendu. » ( Mémoires du maréchal GouvionSaint-Cyr.)

Quand l'illustre maréchal traçait ces lignes, il ne connaissait sans doute pas dans toute son étendue le plan de ce grand destructeur des nations; aujourd'hui, l'on sait qu'il se proposait de réunir l'Espagne entière sous sa puissance directe; il l'avait déclaré confidentiellement, ne doutant pas d'y faire consentir l'empereur Alexandre, s'il le laissait s'emparer des provinces turques à la gauche du Danube, et si les troupes françaises évacuaient Berlin. Cette assertion a été donnée par le duc de Frioul.

18 FÉVRIER. — Le prince de Galles, régent d'Angleterre depuis une année, entre dans la plénitude du pouvoir royal.

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20. Dans sa lettre de ce jour à Wellington, qui lui a fait part (28 janvier, de Callegos ) de ses projets sur Ciudad-Rodrigo, Dumouriez expose ses observations à cet égard. «•••• Il craint que le blocus de Cadix ne << soit changé en un siége régulier; il regarde le pas« sage de l'île de Léon comme aisément praticable de << vive force, parce que le Rio-San-Pedro n'a pas assez <«<< de largeur, que ses lignes et batteries sont trop éten<«< dues, faibles et assez mal construites, et que ce coup << de main peut être tenté comme un simple passage de « fossé, pour lequel les Français peuvent amener du << Trocadéro toutes les prames, etc., propres au pas« sage............. » Dumouriez représente à Wellington la nécessité d'opérer des diversions, etc.

24.- Un traité est signé à Paris avec la Prusse. Frédéric-Guillaume III, dont les états séparent la domination française de l'empire russe, effrayé des symptômes d'une rupture entre ces deux grandes puissances, se réfugie dans l'alliance de celle qu'il croit la plus formidable. Berlin est environné de troupes françaises; le maréchal Oudinot est sur le point de s'en emparer, comme il s'empara d'Amsterdam (V. 1er juillet 1810). Le roi s'empresse de signer trois conventions. Les mesures prohibitives contre le commerce anglais sont renouvelées (V. 2 septembre 1807). Dans le cas de guerre avec la Russie, la Prusse fera marcher quatorze mille hommes d'infanterie, quatre mille chevaux et deux mille soldats d'artillerie avec soixante pièces. Les conventions des 8 septembre et 5 novembre 1808 seront exécutées, moyennant réduction des contributions dues par la Prusse, à la somme de soixante-deux millions.

13 MARS. Un sénatus-consulte divise en trois bans la garde nationale, c'est-à-dire tous les sujets mâles de l'empire en état de porter les armes et qui ne sont pas militaires actifs. Le premier ban, formé des hommes de vingt å vingt-six ans, ne doit pas sortir du territoire français et sera exclusivement destiné à la garde des frontières, à la police intérieure, à la conservation des grands dépôts maritimes, arsenaux et places fortes. Cent cohortes du premier ban sont mises à la disposition du gouvernement. Chaque cohorte a neuf cent soixante-onze hommes.

« Voilà, dit le sénateur Lacepède, chargé du rap«< port, voilà ce que le héros croit devoir faire pour ren<< dre les frontières inviolables, pour tranquilliser les es<< prits les plus prompts à concevoir des alarmes, pour

<< garantir la sécurité publique de toutes les atteintes. « du faux zèle, de l'impéritie et d'une malveillance « perfide. Voici ce que fait le père de ses sujets pour « que ce grand bienfait exige le moins de sacrifices! << Les cohortes du premier ban se renouvelant par << sixième chaque année, les jeunes Français qui en <«< feront partie connaîtront l'époque précise à laquelle <«< ils doivent revenir sous le toit paternel; et, rendus << à leurs affections, à leurs travaux, à leurs habitu<< des, ils jouiront du prix de leur dévouement. Par«< venus à l'âge où l'ardeur est réunie à la force, ils «< trouveront dans leurs exercices militaires des jeux << salutaires et des délassements agréables, plutôt <«< que des devoirs sévères et des occupations péni<<< bles. >>

Il faudrait un mot à notre langue pour exprimer cette sorte de dérision froide à l'usage des serviles, des adulateurs du pouvoir, orateurs toujours empressés à justifier les mesures oppressives qu'amènent les passions ou les caprices des gouvernants. Les factions démagogiques, en corrompant l'esprit originel de notre révolution, ont fait éclore des essaims de sophistes politiques, dépravateurs de la morale et du jugement des Français, complices de tous les maux faits à l'humanité depuis plus de vingt années. Bonaparte, apercevant l'utilité dont lui seraient les rhéteurs subtils et diserts, en a pris à son service un certain nombre qui, étant encore à peu près inconnus ou confondus dans la foule, ne sauraient exciter la méfiance; il leur distribue de l'or, des charges, des titres, des cordons, et aussitôt ils mettent en œuvre les talents de second ordre qu'ils reçurent de la nature, pour enluminer tous les actes. que leur maître enjoint d'orner de mensongères cou

du

leurs. Indifférents au bien et au mal, à la vérité comme au mensonge, ils s'occupent sans relâche à fausser l'esprit de la nation pour l'assouplir et lui faire prendre les formes qu'indiquent les signaux envoyés trône, agissant comme les manoeuvres du télégraphe. Si, par des argumentations scolastiques sur les matières du dogme ou sur les objets du culte, de subtils dissertateurs énervèrent l'empire grec et préparèrent sa chute, nos métaphysiciens politiques comm encent déjà la décadence de l'empire français, exposent la stabilité de son fondateur, par leurs décisions doctrinales sur les droits du pouvoir et sur les devoirs des sujets, ainsi que par des flatteries sans mesure et sans terme qu'ils adressent à cette grande image, seul objet de leur adoration, parce qu'elle est la seule source de leur fortune, la fontaine unique des grâces et des honneurs; et, sans s'en douter, ils le font courir à sa ruine sur un chemin tout couvert d'arcs de triomphe. Mais, en même temps, comment se défendre, en voyant les sophismes et les illusions que les orateurs gagés du gouvernement présentent au peuple avec tant d'hypocrisie et d'adulation, comment se défendre d'une idée que la conduite suivie par Napoléon pendant dix années entières semble avoir pris à tâche de justifier? Napoléon a-t-il fait avec lui-même la gageure de pousser jusque dans son dernier retranchement la crédulité des Français? A-t-il voulu décider jusqu'à quel point l'on pouvait, à force de gloire militaire, mystifier une grande nation, en détruisant toutes ses libertés, en consommant toutes ses ressources, disposant de la vie de toute une génération? Il est certes permis de le croire lorsqu'on observe attentivement les discours et les actions du grand oppresseur des nations!

et en

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