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cien gouvernement d'autre récompense que ce ruban subalterne qu'il distribuait aux artistes de toute profession, l'ordre de Saint-Michel, institué par Louis XI, de superstitieuse et sanglante mémoire, ordre dont Champfort disait que l'inconvénient était de le porter. (Champfort avait sans doute tort de s'exprimer ainsi, mais il voulait dire un mot épigrammatique. ) Les frères Montgolfier avaient consumé une grande partie de leur fortune dans leurs essais, et ne purent seulement obtenir les moyens de les continuer, seule chose qu'ils ambitionnaient. Cet abandon les suivit sous la république, et la victoire de Fleurus elle-même (V. 26 juillet 1794), si favorisée par l'usage inusité de l'aérostat, ne les retira pas de l'oubli.

1er-9 JUILLET. Dès le commencement de cette année, Napoléon avait fait une déclaration contre l'administration de la Hollande, accusée de faire des ports bataves les entrepôts du commerce anglais. Louis Bonaparte, administrateur de la Hollande sous le nom de roi (V. 5 juin 1806), désapprouvant les mesures violentes, et si défavorables au commerce maritime de ce pays, que prescrit l'empereur Napoléon, son frère, a longtemps essayé de s'y soustraire et de les éluder; mais à l'approche d'un corps français, Louis abdique en faveur de son fils. Le maréchal Oudinot s'empare d'Amsterdam. L'abdication est rejetée. Un décret impérial ordonne l'incorporation de la Hollande à l'empire français, attendu que, « la réunion de la Belgique à la << France ayant détruit l'indépendance de la Hollande, «<le système de la Hollande est devenu nécessairement <«< celui de la France, comme si elle était une de ses << provinces..... Le peuple y gémit sous le poids de << vingt-trois contributions et d'une dette énorme.......

TOME VII.

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« Votre majesté, en donnant à la Hollande un gou<<< vernement provisoire, n'a fait que prolonger sa dou<«<loureuse agonie... : ainsi votre majesté doit prononcer <«< cette réunion pour l'intérêt comme pour le salut de «< ce peuple.... La Hollande est comme une émanation «< du territoire de la France; elle est comme le com<< plément de l'empire. Pour posséder le Rhin tout <«< entier, votre majesté doit aller jusqu'au Zuyder«<zée.... » Tel est le langage que dicte à son ministre, ou plutôt à son commis des affaires étrangères, nommé Champagny, l'insatiable Napoléon, empressé d'achever la ruine d'un peuple estimable qu'il efface de la liste des nations! Jamais l'Europe ne vit de plus détestables usurpations aussi scandaleusement justifiées, aussi dérisoirement paliées, et par un homme aussi servile que ce commis des affaires étrangères. C'est ici la pitié d'un brigand qui achève sa victime pour la soustraire, ditil, à la douleur de ses blessures. Le sort du roi d'Étrurie (Voyez 27 octobre, 10 décembre 1807) a déjà prouvé que Napoléon écrase la tête sur laquelle il a fait tomber une couronne.

2.- Un décret impérial, daté d'Anvers, porte: « Au<«< cun navire ne pourra sortir de nos ports, à destination « de port étranger, s'il n'est muni d'une licence signée « de notre main. » Dès ce jour commencera un scandaleux trafic de la signature de Napoléon. Cet empereur et roi se mettra courtier de marchandises, et marchand de sucre et de café; ses courtisans, ses favoris, obtiendront, à force de soumissions et de bassesses, des licences qu'ils vendront jusqu'à la somme de trois cent mille francs; et c'est ainsi que Napoléon détruira luimême, en partie, les effets de son système continental.

8. L'île de Bourbon est prise par les Anglais.

10.

Ciudad-Rodrigo, place forte de la province de Léon, en Espagne, sur la frontière du Portugal, est prise après vingt-cinq jours de tranchée ouverte. La garnison, de six mille hommes, est prisonnière de guerre. On trouve dans la place grande quantité de bouches à feu, d'armes et de munitions de toute espèce. Le maréchal Ney a commandé le siége.

Persévérant dans le dessein de chasser les Anglais de la péninsule hispanique (V. 10-18 mai 1809), Napoléon entreprend une troisième fois de se rendre maître du Portugal. Il donne le commandement de soixante mille hommes, qu'il destine à cette conquête, au maréchal Masséna, qui, par sa haute renommée, ses grands talents et la ténacité de son caractère, lui paraît le général le plus en état de l'effectuer. Mais l'empereur, atteint déjà de cet esprit de méfiance qui lui faisait morceler le commandement supérieur en Espagne, et qui doit lui être personnellement si funeste dans sa campagne de 1814, y deviendra une cause de ses revers. L'empereur met des contre-poids à l'autorité supérieure de Masséna. Quatre corps d'armée marchent sous le maréchal Ney, les généraux Reynier, Junot, et le généralissime lui-même. Il est difficile de se persuader que Ney, maréchal, que Junot, chef de la première expédition (V. 30 novembre 1807), seront satisfaits d'occuper un second, un troisième rang dans cet ensemble; qu'ils feront tout ce qui dépendra d'eux pour faire réussir et briller celui dont ils recevront les ordres. Masséna devait trouver quatre-vingt mille hommes sur les frontières du Portugal (Napoléon lui en avait donné l'assurance), il n'en trouva que trente-cinq mille; les troupes man

quaient de vivres, et le trésor de l'armée était épuisé. Les trois généraux placés sous ses ordres agissaient à peu près de leur chef : Junot prétextait qu'ayant été ambassadeur et général en chef en Portugal, il ne devait pas y remplir des fonctions secondaires; le maréchal Ney disait que Napoléon seul avait le droit de le commander, que les maréchaux, quelque titre qu'ils eussent, n'étaient que ses égaux, et qu'il n'obéirait qu'à l'empereur, avec lequel il communiquait directement. Le général Reynier agissait, de son côté, avec la même indépendance. S'il fallait ajouter foi aux bruits généralement répandus par les personnes les mieux instruites, Napoléon aurait laissé entendre aux trois généraux placés sous les ordres de Masséna qu'ils pouvaient désobéir au généralissime quand le bien du service paraîtrait le demander. La jalousie et la désobéissance des généraux, le faible nombre de ses troupes, et le dénûment auquel elles se trouvaient en proie, ne découragèrent pas Masséna. Il soutint sa réputation militaire; il ajouta même à sa gloire dans la campagne d'Espagne. Le général Eblé, commandant en chef l'artillerie de l'armée, disait, et avec vérité : « De toutes les campagnes de Masséna, la cam<< pagne d'Espagne est celle où ce maréchal a brillé <«<le plus éminemment; il a déployé dans cette guerre « les talents du plus grand capitaine. Son génie lui a «fourni des ressources lorsque tout lui manquait à <<< la fois; il a surmonté, à force de science militaire, « des obstacles presque insurmontables; lui seul pou«< vait faire ce qui a été fait; et, quoique l'issue de la << campagne n'ait pas été heureuse, Masséna s'est im<< mortalisé en Espagne plus encore qu'à Gênes et à «< Zurich. » Nous rapportons le jugement du général Eblé dans les propres termes dont il s'est servi devant

nous, et ce général était bon juge dans une semblable

cause.

Napoléon fut donc lui-même une des grandes causes des revers essuyés dans la guerre d'Espagne. Une faute des plus graves, ce semble, c'est de retirer de nombreux et formidables bataillons de l'Espagne, où leur présence est nécessaire, aujourd'hui que les Espagnols, découragés par tant de revers, maudissent les Anglais, qui les poussèrent à la guerre et qui les abandonnent à l'approche des Français; lorsque déjà l'intérêt amène des partisans à Joseph, ou que la crainte émousse l'ardeur des plus fidèles sujets de Ferdinand. Ne seraitce pas plutôt le moment d'employer toutes les forces répandues sur ce vaste royaume à détruire les débris des corps réguliers? En réprimant les abus de la violence, et au moyen d'une discipline moins relâchée, on aurait peut-être les moyens d'achever la conquête, on diminuerait cette grande consommation de soldats français; tandis que l'éloignement des soixante mille hommes de Masséna ranime, dans les provinces espagnoles, l'espérance de secouer le joug. La population, s'électrisant, revient à ses premiers sentiments de haine et de vengeance!

5 AOUT. - Napoléon fait déclarer aux Etats-Unis d'Amérique que ses décrets de Berlin et de Milan ( V. 11 novembre, 17 décembre 1807) cesseront d'avoir force au 1er novembre suivant, si le gouvernement britannique révoque ses arrêts du blocus continental et de l'assujettissement des neutres à ses règlements (V. 11 novembre, 18 décembre 1807), ou lorsque les EtatsUnis se décideront à faire respecter leur indépendance. Un acte du congrès révoquera bientôt l'acte du 1er mai en faveur de la France.

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